Poches - Romans français / théâtre
mains

Michel Quint, Avec des mains cruelles

Ce roman de l’infatigable auteur d’Effroyables jardins s’ouvre sur une tragédie : de retour dans son ancien lycée, un célèbre photographe de guerre est abattu par un forcené. Dans sa maison qu’ils viennent de racheter, un tenancier de bar lillois et une femme hantée par Auschwitz où ont été déportés ses grands-parents découvrent, dans un dressing, des vêtements féminins, de l’enfance à l’âge adulte. À qui appartenaient-ils ? Partis à la recherche de cette mystérieuse absente, les héros découvrent des archives et photos qui vont les amener à revisiter le 20e siècle, de la bande à Bonnot aux nazillons profanateurs de tombes en passant par les SS wallons de Léon Degrelle et la chute du Mur de Berlin. (Folio, 318 pages)

couronnement

Véronique Bizot, Mon couronnement

Ce bref roman décrit le désarroi d’un chercheur octogénaire soudainement récompensé pour une découverte ancienne dont il n’a plus le souvenir. Alors qu’il s’apprête « à quitter sans façon ce monde », protégé de l’extérieur par celle qui s’occupe de son ménage, de ses repas et de sa santé, il voit avec déplaisir son appartement envahi par des journalistes et vieilles connaissances venues le congratuler. Est même organisée en son honneur une réception à laquelle il ne veut pas assister, allant jusqu’à « envisager de mourir avant la date prévue ». Il en vient à replonger dans son passé tout en s’interrogeant sur lui-même, sur ce que cela signifie qu’être vieux, avec un regard sans concession mais non sans humour. Un texte impeccable, merveille d’intelligence et de finesse psychologique. (Babel, 112 pages)

trottoir

Philippe Delerm, Le trottoir au soleil

Depuis La première gorgée de bière, best-seller paru en 1997, Philippe Delerm est devenu maître dans la captation des moments fugaces de la vie dont il extrait la part universelle, renvoyant ainsi le lecteur à sa propre expérience intime. Ce nouveau recueil en propose une soixantaine : un remblai de sable surplombant la plage, une séance de cinéma en plein air, le fait de s’affaler dans un fauteuil ou la vision d’un paysan juché sur son tracteur un dimanche. Alternant le « je » et le « on », l’auteur éclaire d’un jour nouveau ce qui, trop souvent, échappe à notre vigilance. Signalons que ces textes sont lus par André Dussolier dans un CD audio publié chez Gallimard. (Folio, 160  pages)

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Véronique Olmi, Cet été-là

Pour le week-end du 14 juillet, un couple a invité dans sa demeure normande un couple de vieux amis, une actrice en mal d’engagements ainsi qu’une célibataire et son nouveau compagnon. Il y a là aussi leurs fils et fille accompagnés chacun d’un copain ou d’une copine. Pendant trois jours, ils vont discuter (beaucoup), se chamailler (un peu), jouer à des jeux divers, prendre le soleil, voire se baigner. Mais sous cet aspect lisse, ça gronde. Outre que l’entente au sein même des couples laisse à désirer, survient, dans les pas de l’adolescente, un jeune homme de vingt ans qui va les troubler tous, faisant rejaillir chez certains des histoires anciennes et douloureuses. (Le Livre de Poche, 284 pages)

photo

Marie Nimier, Photo-photo

Une femme qui porte le même nom que l’auteure se rend un jour au studio de Karl Lagerfeld pour y être photographiée en compagnie de huit autres écrivains de la rentrée littéraire. C’est de cette scène véridique qu’est né ce roman et ses figures principales, toutes fictives. L’une est une dame d’un certain âge, inconditionnelle du célèbre photographe, qui écrit à la narratrice après avoir vu la photo dans la presse car elle est subjuguée par ses chaussures au point de vouloir les mêmes. L’autre personnage féminin est, d’après Karl Lagerfeld, le sosie de l’écrivaine qui, pour s’en assurer, se rend chez elle à Baden-Baden. D’autres silhouettes hantent encore cet étrange roman à l’écriture travaillée sans être compassée et dont la lecture procure un plaisir diffus. (Folio, 240 pages)

heuressilencieuses

Gaëlle Josse, Les heures silencieuses

Sur la couverture figure une partie d’Intérieur avec femme à l’épinette, un tableau réalisé par le peintre hollandais Emmanuel De Witte vers 1667.La femme qu’on aperçoit de dos jouant du clavecin est l’épouse de l’administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes à Delft, et la narratrice de ce court premier roman. Initiée au négoce par son père armateur, Magdalena Van Beyeren a dû renoncer à toute activité une fois mariée pour se consacrer à son mari et à son ménage. Dans un style retenu qui laisse percer une profonde sensibilité, elle évoque son enfance, notamment lorsqu’elle accompagnait son père à Rotterdam, ou ses enfants, dont certains morts en bas âge. Elle fait ainsi le portrait de sa condition et son pays en ces temps florissants. (J’ai lu, 89 pages).

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Didier Daeninckx, Galadio

Venu du polar, l’auteur prolifique de Meurtres pour mémoire ou de Mort au premier tour ne cesse, de livre en livre, d’interroger à la fois notre présent, avec ses dérives idéologiques, et notre passé dont il fouille les zones d’ombre. Ulrich, fils d’un soldat soudanais de l’armée française d’occupation en vertu du Traite de Versailles et d’une jeune Allemande, est confronté, dans l’Allemagne des années 1930, aux lois raciales dont les métis sont aussi les cibles. Devenu figurant pour des films de propagande, il part à la recherche de son père. Du même auteur paraît dans la même collection de poche Rue des Degrés, un recueil dont l’une des nouvelles se déroule sur fond de l’insurrection malgache de 1947 réprimée dans le sang. (Folio, 154 pages)

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Balzac, Le Faiseur

On a un peu oublié, peut-être, que Balzac fut aussi un auteur de théâtre. Écrite en 1840 mais publiée plus tard et jouée posthume, Le Faiseur est sa pièce la plus célèbre. Lorsqu’en 1959, neuf ans après sa mort, elle est reprise au Théâtre du Vaudeville, Théophile Gautier met sur le même pied l’auteur dramatique et le romancier. Pour rassurer ses créanciers, un homme d’affaire s’invente un associé – Godeau – parti faire fortune aux Indes. Ce spéculateur habile qui joue sur ce que l’on appellerait aujourd’hui des « emprunts pourris », faisant miroiter à qui veut l’entendre « les profits les plus inespérés », n’a rien perdu de son actualité comme le souligne Philippe Berthier dans sa préface. (GF Flammarion, 188 pages)

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