Pierre Drieu la Rochelle - Romans, récits, nouvelles

drieu175Ils seront nombreux à se récrier qu’entre Dostoïevski et Dumas vienne s’intercaler un écrivain entaché par son collaborationnisme actif durant la Seconde Guerre mondiale, ayant de surcroît professé un antisémitisme virulent dans des textes publics ou privés. Drieu devait-il figurer dans la Pléiade ? La question vaut certes d’être posée, mais à condition que l’on s’interroge sur sa valeur en tant qu’écrivain et pas uniquement sur le bien-fondé des engagements de l’homme. Car sinon, purgeons définitivement les rayonnages de nos bibliothèques de tous les tordus, déviants et autres enragés reliés pleine peau qui y cohabitent déjà, de Sade à Céline, en passant par Montherlant, Bataille, Genet et une kyrielle de libertins…

Quoi qu’il en soit, le scandale est là, et le succès de la publication sera en partie fonction du tapage qu’elle suscitera, selon la bonne vieille logique éditoriale. « En partie » seulement, car à s’imprégner de l’introduction signée du spécialiste Jean-François Louette (peu suspect de complaisance envers les droites, nationale, buissonnière ou rabique), on se convainc aisément que le « cas Drieu » en vaut le détour, et que s’il n’est sans doute pas la meilleure référence dont puisse se targuer l’honnête homme, son approche de la création romanesque présente des audaces et des qualités qui le rangent parmi les plumes incontournables de l’entre-deux-guerres.

Frédéric Saenen
Juin 2012


Pierre Drieu la Rochelle, Romans, récits, nouvelles, Édition sous la direction de Jean-François Louette,  Gallimard, La Pléiade, 1840 pp., 72,50 €.

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