Julien Gracq - Un beau ténébreux

ténébreux175Une belle plage, sur les côtes de Bretagne. Un agréable lieu de villégiature, «  l’hôtel des vagues », où résident paisiblement de tranquilles estivants. Un bel été en perspective. Et un homme, Gérard, narrateur à travers son journal intime. Qu’est ce qui va bien pouvoir bouleverser le calme (apparent) qui règne sur ces vacances ? Un beau Ténébreux est le second roman de Julien Gracq, écrit en 1945. Comme souvent chez l’auteur, il s’agit d’une histoire de fascination. Celle que va exercer Allan, « le beau ténébreux », entrainera le petit groupe d’amis dans une étrange expérience, pleine de mysticité.

Dès son apparition, tout l’hôtel est comme plongé dans une tension morbide ; il ne se passe rien, le climat est insupportable, et tout le monde le sent, quelque chose va arriver, va venir briser la routine et le calme placide, comme l’orage éclate finalement, après une trop longue période de suffocante canicule. Allan, esprit supérieur au corps d’athlète, imposant partout sa présence, son charisme, jamais pris au dépourvu, toujours serein, insouciant du danger et de la vie, va vite devenir le « meneur » incontesté des estivants, qui voient en lui une inexprimable tentation, une épreuve à surmonter. Mais jusqu’où les mènera-t-il ? Outre le suspense insoutenable, Un beau ténébreux est aussi le livre de « la poétique de référence », spécialité de Julien Gracq ; un constant jeu de renvois et d’allusions littéraires font de ce roman une véritable mosaïque, permettant aux protagonistes de teinter leur discours de nombreux doubles sens, accentuant le coté mystérieux de l’intrigue. Malgré son appartenance à la grande littérature française, on en entend peu parler, et on le lit encore moins ; il mériterait pourtant d’être redécouvert.

Jean-Baptiste Fanouillère
Juin 2012

Un beau ténébreux, Julien Gracq (Éd. José Corti, 1989)

«  Précédent  l    Suivant »

Retour à la liste des romans

Retour aux Lectures pour l'été 2012