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La Médiacité, un complexe commercial multifonctionnel au Longdoz

15 September 2009
La Médiacité, un complexe commercial multifonctionnel au Longdoz

Un nouveau complexe commercial s'ouvre au Longdoz, sur la rive droite de la Meuse. Quels seront ses spécificités, en fonction du projet tel qu'il a évolué depuis sa première mouture, il y a près de 15 ans ? Entretien avec Bernadette Mérenne, professeur de géographie économique à l'ULg.

Le 21 octobre 2009 sera inaugurée la Médiacité dans le quartier du Longdoz. Ce projet commercial, architectural et économique mis sur pied par le promoteur aménageur Wilhelm & Co a fait ses premiers pas sur papier en 1995 . ... Mais la pollution du site sur lequel la Médiacité devait être construite a de beaucoup retardé l'avancement du projet. Quoiqu'il en soit, Liège possédera bientôt avec la Mediacité un complexe multifonctionnel, comprenant un centre commercial, une patinoire, des salles de cinéma, un bowling mais aussi les studios et bureaux de la RTBF ainsi que le Pôle Image, un regroupement de plus de 17 entreprises liées aux médias et à l'image.

 

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Entretien avec Bernadette Mérenne ,  professeur au Service d'étude en géographie économique fondamentale et appliquée (SEGEFA), qui a pleinement pris part à l'élaboration de ce projet, et qui est notamment à l'origine de l'idée de la future patinoire du centre.

 

 

Photo © Jean-Louis Wertz

 

 

Vous suivez le projet depuis le début. Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour que la Médiacité voie enfin le jour ?

Bernadette Mérenne : Tout d'abord, il faut savoir que ce projet est une décision d'un promoteur privé, Wilhelm & Co. Ils ont acheté le terrain du Longdoz et ont proposé un projet de méga-complexe spécialisé dans les loisirs qui a rapidement conquis la Ville. En effet, lorsque l'on observe la rive droite de la Cité ardente, on s'aperçoit que c'est la mieux peuplée des deux, mais la moins bien équipée. Le quartier du Longdoz, ancien quartier industriel pendant longtemps, avait besoin d'un nouveau souffle. Un projet comme celui-là permettait donc à la fois de rééquilibrer les deux rives et de redynamiser cette partie de la ville. D'ailleurs, les habitants ont tout de suite été favorables au projet (dans le cas où il était convenu de régler rapidement les problèmes de mobilité). Malheureusement, la réalisation du projet a été fortement retardée à cause de l'état de pollution dans lequel se trouvait le sous-sol. Wilhelm &Co a donc dû, sur fonds propres, lancer un profond travail de dépollution des sols et de réhabilitation du site, qui n'étaient pas prévus dans le projet initial. 

Vous êtes, paraît-il, à l'origine d'un des atouts majeurs de la Médiacité : comment vous est venue l'idée de la patinoire ?

Bernadette Mérenne : Au départ, le projet de Wilhelm & Co était un projet un peu différent qui mettait surtout en avant les nouvelles technologies. Au fur et à mesure des années et donc des remaniements du projet, nous nous sommes dirigés vers un complexe multifonctionnel qui serait spécialisé dans les loisirs. Il devait y avoir un axe audiovisuel (cinémas, Pôle Image, RTBF) et un axe sportif pour lequel il fallait trouver des idées intéressantes. Nous sommes donc allés visiter de nombreux centres en Espagne pour voir comment ils envisageaient les choses. À notre retour, j'ai proposé plusieurs idées dont celle d'une piscine dans l'esprit de celle de Walibi ou autre, mais malheureusement, Wilhelm & Co ne voulait pas en entendre parler. J'ai ensuite pensé à la patinoire de Coronmeuse et me suis dit qu'une patinoire olympique serait un atout d'un complexe comme celui-là. Nous avons proposé le projet à la Ville, qui l'a accepté directement.

Quelle serait la nouveauté d'un complexe multifonctionnel comme la Médiacité ?

Bernadette Mérenne : L'idée est de combiner des centres de divertissements culturel, sportif, et des commerces afin de permettre aux visiteurs de passer une journée entière dans le centre. Toutes les activités partageront les mêmes parkings, des restaurants et des cafés, qui seront donc ouverts la journée comme le soir. Le but est, par exemple, d'encourager les clients à venir passer l'après-midi à la patinoire ou au bowling avec les enfants pendant que madame fait du shopping puis d'aller manger un bout dans un des restaurants du complexe et de clôturer la journée par un film.

 

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Le centre commercial de la Médiacité ne va-t-il pas porter préjudice au complexe commercial tout proche qu'est Belle Île ?

Bernadette Mérenne : Je dois bien l'avouer, j'aurais voulu un centre commercial plus petit que celui qui va ouvrir. Malheureusement, il ne faut pas se voiler la face, les commerces, et principalement les commerces de vêtements, sont les bailleurs de fonds d'un projet comme celui-là. Les commerces d'articles de sport, de loisirs ou d'électroménager paient moins bien. Alors, oui, si un centre commercial ouvre à proximité d'un autre centre commercial, il va forcément entraîner des répercutions sur les activités de son concurrent. Et c'est peut-être ce qui constitue le point négatif de la Médiacité sur la ville.

Le problème s'est également posé pour les cinémas. Le projet initial prévoyait à tout prix des salles de cinéma. De gros complexes avaient alors directement été intéressés et l'on pensait même que l'endroit était plus approprié à la création d'un complexe cinéma que Rocourt, que ce soit d'un point de vue de la mobilité ou d'impact sur la ville. Malheureusement, les choses ont tellement traîné que le Kinépolis a signé pour Rocourt. Depuis lors, les choses ont évolué, UGC était intéressé par son installation dans les salles de la Médiacité mais malheureusement, la masse totale des gens qui fréquentent les cinémas n'était pas suffisante pour alimenter le complexe Kinépolis de Rocourt, les cinémas des Grignoux et un troisième partenaire qui se serait installé à la Médiacité. UGC s'est donc retiré du projet et c'est le Kinepolis qui s'installera dans les nouvelles salles. Le groupe pourra ainsi diviser son offre et la répartir sur les deux implantations.

Wilhelm & Co déclare avoir été soucieux de l'impact écologique que devait avoir la Médiacité. Qu'ont-ils entrepris pour réduire la consommation d'énergie ?

Bernadette Mérenne : On peut dire que la Médiacité est un centre « nouvelle génération ». Il sera d'ailleurs le premier centre à recevoir la certification « Breeam » en Belgique, la norme de référence internationale qui tient notamment compte de l'empreinte environnementale du bâtiment pendant toute sa durée de vie. De plus, Wilhelm & Co a tout de suite compris que la qualité architecturale contribuait au succès du projet. Ainsi, grâce à l'audace architecturale du bâtiment dessiné par Ron Arad, on peut directement saisir l'innovation du projet tout entier.

 

Propos recueillis par Vincianne D'Anna
Septembre 2009

 Bernadette Mérenne est professeur au Département de géographie de l'ULg (SEGEFA).

crayon

Vincianne D'Anna est journaliste indépendante.

 



 

C'est l'architecte Ron Arad qui a conçu les plans de la Médiacité, architecte mondialement reconnu auquel le Centre Pompidou a consacré une rétrospective d'octobre 2008 à janvier 2009, rétrospective reprise en mai 2009 par le MOMA ).
 


 

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