Aborder la musique contemporaine

La musique contemporaine  n'est pas toujours facile à aborder. Il faut du temps pour retrouver ses repères. Il faut en écouter, encore et encore, pour comprendre ce nouveau langage. Comme le soulignait le Recteur Bernard Rentier, l'art demande quelquefois un effort. La culture est une rencontre, qu'on peut quelquefois appréhender, on peut être confronté à quelque chose d'ardu ou de difficile. Témoignages de Marie-Isabelle Collart et Pierre Bartholomée

Marie-Isabelle Collart

Marie-Isabelle Collart dirige depuis 2005 le Centre de Recherche et de Formation Musicales de Wallonie (CRFMW ), centre crée à l'initiative de Henri Pousseur et Pierre Bartholomée en 1970. Lieu d'expérimentations, d'échanges et de réalisations contemporaines, il accueille des projets mixtes de musiciens de la Communauté Wallonie-Bruxelles, œuvre au développement d'échanges avec des artistes créateurs ou ensembles des autres Communautés du pays et de l'étranger, et participe à de nombreuses activités pédagogiques.

Dans l'interview qui suit, Marie-Isabelle Collart explique que les compositeurs, comme tous les artistes, expriment dans leur œuvre la société dans laquelle ils vivent. Or les artistes ont une sensibilité exacerbée. Plus que d'autres, ils ressentent la violence de notre époque. Il est important d'écouter ce que les compositeurs ont à dire sur notre monde. Ecouter la musique d'aujourd'hui, c'est entendre leur vision du monde.

La musique étant absente de l'enseignement, l'aborder est difficile. Il y a un réel effort à faire. Mais il en vaut la peine !

Pierre Bartholomée

Membre fondateur du CRFMW avec Henri Pousseur, Pierre Bartholomée est aussi le créateur de l'Ensemble Musique Nouvelle ( au singulier, à l'époque) qu'il a dirigé à ses débuts. Pianiste remarquable, compositeur, chef d'orchestre, il fut l'ami de Pousseur pendant 50 ans. Ensemble, ils ont été pionniers de nouveaux langages musicaux en Belgique.

Notre monde, dit-il, est inscrit dans le mouvement. C'est un monde multipolaire, où l'individualisme s'est beaucoup développé. Dans la musique d'aujourd'hui s'exprime quelque chose de notre monde fait de bruit, de désordre, de violence. Le chaos est au centre de l'art contemporain. Et les musiciens ne peuvent pas le dire de manière ordonnée.

Nous ne devons pas demander à la musique contemporaine une consolation, une aide pour passer un cap difficile. L'écoute n'est pas hédoniste ou paresseuse. Elle demande au public une disponibiité pour entrer dans un langage dont il n'a généralement pas les clés, car elle est sortie de ses cadres précédents. Elle a cessé d'être basée sur la tonalité qui créait des conditions d'écoute où on retrouvait des points de repères. Le langage est devenu multipolaire.

Le public qui tente cette aventure d'essayer d'entrer dans ce nouveau langage et d'y trouver ses propres repères ne le regrette pas.

Pour nous expliquer comment aborder la musique contemporaine, Pierre Bartholomée commence par parler de son ami Henri Pousseur et de ce que lui en disait.