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Les Planètes

14 August 2009
Les Planètes

Le 26 septembre prochain, Réjouisciences-ULg collabore avec l'Orchestre Philharmonique de Liège dans le cadre de l'année de l'astronomie. Yaël Nazé présentera le point de vue de l'astrophysique, au cours d'un dialogue avec le chef d'orchestre François-Xavier Roth. Petit voyage à la découverte des Planètes, de celles du compositeur Holst, ou des nôtres. 
 
Pour fêter de manière originale l'Année Internationale de l'Astronomie, les Liégeois ont eu une idée un peu folle : marier musique et astronomie ! Il faut dire que les deux furent longtemps liés : dans l'Antiquité, les anciens pensaient ainsi que les astres produisaient des sons, la « musique des sphères », en se déplaçant dans l'espace. De ce concept actualisé est né un concert-événement, qui aura lieu le samedi 26 septembre 2009 à l'Orchestre Philharmonique de Liège, dirigé par François-Xavier Roth.

Le morceau joué lors de ce concert, c'est Planets de Gustav Holst. Composée entre 1914 et 1917, l'œuvre explore sept des huit planètes connues alors : Mars, Vénus, Mercure, Jupiter, Saturne, Uranus, et Neptune. L'ordre des pièces peut intriguer les astronomes : Holst commence en fait par les planètes les plus proches de la Terre, à la musique emblématique, puis revient près du Soleil, pour finalement s'en éloigner...

En un siècle, l'Univers a profondément changé : d'un Système solaire au centre de la Galaxie, unique en son genre, nous sommes passés à un Univers extrêmement changeant (expansion globale, explosions locales très violentes) avec un Système solaire situé en périphérie d'une galaxie parmi des milliards d'autres !

mars
Mars n'est pas le Seigneur de la Guerre pour rien : la planète brille d'un éclat rougeâtre, qui a fait penser au sang, d'où l'association avec le dieu guerrier dans plusieurs civilisations (Grèce, Mésopotamie) et la superbe musique guerrière de Holst. On sait aujourd'hui que cette couleur provient tout simplement... de la rouille qui recouvre la surface planétaire. Néanmoins, la planète rouge intrigue toujours autant aujourd'hui, et diverses études tentent de déterminer si la vie a pu un jour être possible à la surface martienne.

Dans l'œuvre de Holst, Vénus « apporte la paix », et la musique associée est donc angélique, calme et tranquille. Certains ont pu le croire avant les missions spatiales. En effet, Vénus est recouverte d'un épais voile de nuages qui nous cache la surface, et enflamme l'imagination. La réalité, dévoilée par les robots explorateurs, est toute autre : chaleur étouffante (environ 480°C), pression atmosphérique énorme à la surface (équivalente à celle subie à un kilomètre de profondeur dans les océans), pluies d'acide sulfurique, volcans en quantité incroyable (plus d'un demi-million avec un diamètre d'au moins 1 km) !

mercury color-browse
Mercure, planète la plus proche du Soleil, se déplace très rapidement : quoi de plus naturel que de l'associer au messager des dieux, rapide coursier ? C'est ce que reflète la musique de Holst. Mercure est en fait une planète assez petite, possédant une atmosphère très ténue, et assez mal connue (la mission Messenger devrait nous en apprendre plus).

Lorsque le Soleil, la Lune ou Vénus ne sont pas là, c'est Jupiter qui domine le ciel nocturne. Rien de bien étonnant, puisqu'il s'agit de la plus grosse planète du Système solaire (son diamètre vaut dix fois celui de la Terre), ce qui explique la musique grandiose choisie par Holst ! Tout comme les trois suivantes, cette planète est en fait composée presqu'uniquement de gaz : on ne peut donc s'y poser... Autre particularité : autour de Jupiter, on retrouve plus de 70 lunes, dont les noms rendent hommage aux nombreuses maîtresses du grand séducteur céleste !

Saturne est souvent vu comme un vieillard - d'où une musique lente. Il est vrai que parmi les planètes visibles à l'œil nu, c'est la plus lointaine, donc la plus lente. Mais Saturne est surtout connu en astronomie pour un ornement particulier : les anneaux. Il s'agit en fait de petits rochers couverts de glace ! écoutez bien la musique, la harpe et les cloches semblent y faire allusion !

neptune
Uranus a été découverte... par un musicien ! William Herschel, Allemand émigré en Angleterre, était dès 1766 l'organiste de la Chapelle Octogonale de Bath, un homme connu et reconnu pour ses talents de professeur, de concertiste et de compositeur. Il était aussi un astronome amateur exceptionnel, qui forgeait ses propres télescopes.
Avec l'un d'eux, il découvrit la septième planète, qu'il nommera « Georgium Sidus » en l'honneur du roi Georges III. Celui-ci le remerciera en lui allouant un salaire qui, bien que moitié moindre que ses émoluments de musicien, lui fera définitivement abandonner la musique ! La planète fut par la suite rebaptisée mais ses lunes portent toujours des noms bien anglais... tirés des pièces de Shakespeare !

La lointaine Neptune clôt en beauté le cycle de Holst, par une musique céleste qui nous fait tendre vers l'infini. La conclusion a pourtant été prolongée en 2000, avec la pièce « Pluton, le rénovateur », composé par Colin Matthews. Pluton fut en effet la neuvième planète de 1930 à 2006. S'étant rendu compte qu'une multitude d'objets orbitaient au-delà de Neptune, Pluton fut finalement déclassé... mais cet objet garde un lien avec Neptune : dans la musique, il prolonge le morceau précédent ; dans le Système solaire, il est en « résonance » avec cette planète (il fait deux tours alors que Neptune en fait trois).

Précisons enfin qu'un service de l'ULg est spécialisé dans l'étude scientifique de ces planètes et de leur atmosphère : le LPAP (Laboratoire de Physique Atmosphérique et Planétaire). Ses chercheurs collaborent à diverses missions spatiales, dont les actuels Mars Express et Vénus Express, ainsi que la future mission JUNO.
 
Yaël Nazé
Août 2009
 
crayon
Yaël Nazé est Chargée de recherches FNRS au département AGO de l'ULg.  Elle est également l'auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique.
 
 
 

 
 
Photos © NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Carnegie Institution of Washington


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