La Vierge à l'enfant à la grappe de raisin

On connaît quatre autres tableaux dont on peut affirmer qu'ils sont, comme cette Vierge à l'enfant à la grappe de raisin, des copies avec variantes d'un prototype issu de l'atelier de Quentin Metsys. La comparaison de l'œuvre de Liège avec ces tableaux, l'analyse de la facture et des pigments, tout semble indiquer qu'elle daterait du début du XVI^e siècle.

Toutefois, contre toute attente, une première analyse dendrochronologique du support en bois laisse planer un doute sur l'authenticité de l'œuvre, puisqu'il situe l'abattage de l'arbre dont provient ce panneau en 1611.

Au XVII^e siècle, les Anversois ont effectivement produit un grand nombre de copies d'œuvres anciennes et on sait qu'ils étaient fascinés par Quentin Metsys. Cependant, ces copies se trahissent souvent par des techniques particulières que ne possédaient pas les artistes du XV^e siècle. Or, dans l'analyse du tableau de Liège, rien ne permet d'étayer cette hypothèse. Serait-ce une  copie du XIX^e siècle sur un panneau ancien ? C'est possible également. A moins qu'il ne s'agisse d'une réalisation du restaurateur de génie et célèbre faussaire Joseph Van der Veken  (1872-1964),  dont on sait qu'il a sévi à Liège et qu'il était en rapport avec Léon Dewez, auteur d'un petit catalogue des tableaux de la collection Wittert, à laquelle la Vierge à l'enfant à la grappe de raisin appartient...

Dans des cas semblables, plus nombreux qu'on ne pourrait le croire, les méthodes de laboratoire n'apportent pas de solution définitive. Comme Dominique Allart tient à y insister, le travail d'expertise qui se veut scientifiquement rigoureux doit parfois s'accommoder de conclusions prudentes.

Claudine Purnelle est responsable du service Culture au Rectorat - Département des Relations extérieures et de la Communication et co-rédactrice en chef de Culture.