Dans la maison qu'habitait Jacques Izoard, rue Chevaufosse, où tant de réunions de poètes se sont tenues, où tant d'amis sont passés si souvent, se trouve encore sa très importante bibliothèque d'ouvrages et de revues. La fondation «Maison Jacques Izoard», créée à l'initiative de Jean-Paul Brilmaker, se donne pour objectif la conservation du lieu et de son précieux contenu, mais aussi la poursuite de l'action du poète dans le domaine de la promotion de la poésie et de l'écriture.
Que le poème accueille le paysage d’aujourd’hui, d’où qu’il soit, dans sa diversité, dans son chatoiement, dans sa pauvreté, dans sa simplicité, là où des hommes vivent, là où les hommes sont absents ou sont rares. Et lui restitue son intégrité native. Le poète est celui qui ouvre les yeux.
C’est par ces mots que se termine le petit texte, en prose, Petites merveilles, poings levés, lu par Jacques Izoard, en septembre 1979 au Festival européen de poésie, à Louvain.
L’idée de poursuivre cette œuvre d’externalisation de l’art littéraire, d’en faire une plante essaimant au jardin plutôt qu’une belle fleur coupée séchant derrière un double vitrage, naquit bien avant ce jour de juillet 2008 où nous piétinions, déconfits, le seuil de sa maison.
L’œuvre littéraire, et particulièrement poétique, ne sort pas, tout armée, de la cervelle de Zeus. Elle naît dans les bars, les manifestations, là où les gens parlent, s’embrassent ou se frappent. L’artiste dépend de l’émotion des autres, qu’il extrait d’eux, l’essuie et la fait crier, comme le ferait une sage-femme.
Grâce à Maria Beuken, sa compagne singulière dans l’immeuble de Chevaufosse, nous pouvons revivre ces performances-barbecue où Jacques exultait, comme Bacchus sur sa terrasse, heureux de voir et d’entendre ces jeunes gens porteurs des mots qui ouvrent ou font pleurer.
La maison de Jacques, son jardin, ses livres et son œuvre sont donc désormais affectés, par une Fondation, au double but suivant :
- protéger et promouvoir l'œuvre de Jacques Izoard
- défendre les lettres liégeoises et particulièrement la poésie.
Photos de la maison de Jacques Izoard © Aloys Beguin