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La complexité linguistique de l'Europe occidentale au Moyen Âge

23 janvier 2012
La complexité linguistique de l'Europe occidentale au Moyen Âge

Tour-de-Babel

Multilinguisme, polyglossie, différenciation sociolectale, transvasements textuels

Au Moyen Âge, la situation linguistique de l'Europe occidentale se définit par des rapports complexes entre le latin (comme langue écrite et comme langue qui se maintient pendant quelques siècles, sous une forme évoluée, comme langue parlée) et les langues vernaculaires en voie d'émergence et d'élaboration. Les rapports qui se tissent entre les parlers en Europe occidentale mettent en jeu une vaste gamme de paramètres linguistiques et culturels et requièrent une réflexion approfondie sur l'utilisation de concepts tels que « multilinguisme » ou « diglossie ».

 

Construction de la tour de Babel

 

La situation linguistique actuelle de l'Europe occidentale a été façonnée, dans ses grands traits, au Moyen Âge1. Or, la reconstruction du « visage linguistique » de l'Europe occidentale médiévale – un exercice qui relève de la sociolinguistique (ou ethnolinguistique) historique, voire d'une « écologie des langues  » à orientation diachronique – est un travail d'une grande complexité, factuelle et conceptuelle. L'historien des « situations linguistiques du passé » (en Europe occidentale) est peu, et mal, servi par les « faits » : de certains peuples (ou « tribus ») qui ont vécu sur le sol de l'Europe occidentale entre la fin de l'Antiquité et la période carolingienne, on n'a guère de textes (même très brefs), et nos sources se limitent à des matériaux onomastiques (souvent difficiles à interpréter et à expliquer) et à des renseignements qu'on peut glaner chez des historiens, chroniqueurs ou « encyclopédistes » médiévaux qui, eux, ont écrit leurs textes en latin.

 

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Mais quel latin ? Il ne s'agit pas, ou plus, du latin classique « pur » – qui fut d'ailleurs une langue écrite par une petite élite –, mais soit d'une tentative peu réussie d'imiter celui-ci, soit, à défaut d'une affinité culturelle avec la langue classique, d'une mise par écrit d'un latin parlé, très diversifié, sur le territoire de ce qui était devenu, après 476, « l'Empire romain occidental ».

Delacroix

Ce territoire – celui de l'Europe occidentale – a été, à partir de la fin du 4e siècle, la scène d'une suite d'invasions et de migrations de peuples germaniques : Vandales, Wisigoths, Burgondes, Alamans, Ostrogoths, Angles et Saxons, Francs et Lombards. Ces invasions germaniques ont amené soit la disparition, ou le retrait, du latin dans certaines régions qui avaient été latinisées (= la Romania submersa, qui a fait place à des langues germaniques), soit des changements profonds du latin parlé dans les territoires qui sont restés romanisés (= Romania continua). Dans ces territoires romanisés, le latin (appelé « vulgaire », « tardif », parfois « mérovingien » ou encore « chrétien ») a perdu progressivement sa physionomie « latine » et a évolué vers du « proto-roman2 » diversifié selon les régions, où il fut exposé à des influences substratales et superstratales différentes selon les lieux. La documentation presque exclusivement latine que nous a léguée l'Europe occidentale médiévale, jusqu'à la période carolingienne, est non homogène dans sa (relative) « latinité » : elle masque une multiplicité de groupes linguistiques parlant – parfois en conjonction avec, ou dans un rapport de subordination à des parlers germaniques, celtiques ou, dans certains confins, des parlers d'origine ibérique, et peut-être rhétique – des variétés linguistiques remontant au latin qui s'était implanté, par l'administration, par l'école et par le commerce, dans les provinces occidentales de l'Imperium Romanum. Isidore de Séville [env. 560-636], dans le livre IX de ses Etymologiae3, nous donne une certaine idée de la bigarrure ethnique et linguistique de l'Empire romain occidental.

Eugène Delacroix, Attila et ses hordes



1 Pour une orientation générale, très accessible, voir Ph. Wolff, Les origines linguistiques de l'Europe occidentaleWestern Languages AD 100 - 1500 (London, 1988)]. On trouvera de plus amples informations dans E. Banfi (éd.), La formazione dell'Europa linguistica : le lingue d'Europa tra la fine del I e del II millenio (Firenze, 1993).
2 On ne peut entrer ici dans une discussion terminologique sur le contenu de désignations comme « latin vulgaire / latin tardif », « proto-roman / roman commun », ni dans une discussion, bien plus complexe encore, sur la question « Quand a-t-on cessé de parler le latin (en Gaule / en Espagne / etc.) ? ». Les latinistes et romanistes adoptent des positions parfois très divergentes sur la survivance du latin (parlé), sur la chronologie de l'apparition des langues romanes, voire sur la pertinence de la distinction entre « latin vulgaire » et « proto-roman ».
3 « De linguis, gentibus, regnis, militia, civibus, affinitatibus ». Notons que saint Isidore traite d'abord des langues et ensuite des peuples (gentes) : selon lui, « les peuples ont pris leur origine à partir des langues », et non l'inverse.

Cette situation complexe de l'Europe occidentale entre le 4e et le 9e siècle pose un problème de conceptualisation : à quel type de réalité linguistique a-t-on à faire ? D'un côté, si l'on excepte la production littéraire en vieil-irlandais (langue celtique utilisée dans une partie des îles Britanniques, territoire qui n'avait été latinisé que partiellement et de façon peu approfondie), l'Europe occidentale apparaît, jusqu'au 9e siècle, comme une Europe « latine » ou « latinoïde » : c'est bien là le témoignage des textes. Mais, de l'autre côté, on peut admettre une certaine survivance, sur le continent, d'anciennes langues celtiques, ibères ou rhétiques – l'exemple du basque, qui s'est maintenu à travers le temps, renforce la plausibilité d'une telle hypothèse –, et on doit surtout relever (a) la différenciation géographique et chronologique du latin attesté textuellement dans la période du haut Moyen Âge ; (b) l'utilisation de ce latin à des fins presque exclusivement juridiques ou religieuses, et, conjointement (c) la restriction sociale de cet usage à un groupe réduit de lettrés.

L'Europe occidentale du haut Moyen Âge se caractérise ainsi par son « mono-textualisme » latin (si l'on excepte la littérature en vieil-irlandais), qui manifeste une variation dans l'espace et dans le temps et qui dissimule, en la « surplombant », une (grande) variété linguistique à l'oral (l'exemple le plus représentatif de la survie d'une ancienne littérature orale en Europe occidentale est celui de la littérature bardique). Le latin écrit du haut Moyen Âge était donc une langue « de toiture » (Dachsprache), dont la fonction diamésique4 était scripturaire, dont l'usage diastratal était très restrictif et dont l'effet « documentaire » a été celui de refouler le multilinguisme (au sens de : ‘présence de plusieurs variétés ne ressortissant pas au même « système » linguistique') sur le territoire de l'ancien Empire romain occidental.

Clovis

Dans le territoire romanisé, où une forme évoluée de latin s'est maintenue, il faut admettre, pour les premiers siècles du Moyen Âge, une relative unité linguistique (s'accommodant d'un certain polymorphisme, au plan phonétique, au plan grammatical et au plan lexical) : la propagation du christianisme – facteur culturel de très grande importance pour l'évolution linguistique de l'Europe occidentale5 – ne semble pas s'être heurtée, jusqu'à l'époque carolingienne, à des obstacles communicatifs insurmontables6. On peut donc définir la latinité du haut Moyen Âge comme un « diasystème » flexible, rendant possible la communication « verticale » entre l'élite lettrée et les masses de population ne recourant qu'au seul registre oral.

Baptême de Clovis

Dans les deux siècles qui s'étendent entre les années 700 et 900, cette situation changera, de façon profonde, mais selon une ligne évolutive continue. C'est l'époque à laquelle le latin passe aux premiers stades des langues romanes, qui iront se différenciant dans les siècles suivants. C'est aussi l'époque à laquelle les langues germaniques occidentales se profilent comme entités linguistiques à part. Mais, avant tout, c'est l'époque à laquelle la communication « verticale » en latin (tardif) entre lettrés et illettrés se rompt : d'abord en Gaule, ensuite dans le monde ibérique et plus tard en Italie. Cette rupture communicative aura des conséquences directes pour la prédication, qui a dû « se vernaculariser ». C'est ce que confirme la recommandation du Concile de Tours de 813, selon laquelle les sermons doivent être transposés in rusticam Romanam linguam aut theotiscam (« dans la langue romane ou tudesque [germanique] populaire »).

serment strasbourg

Le texte emblématique qui scelle la naissance de « l'Europe des vernaculaires » et, surtout, le partage linguistique fondamental entre le roman et le germanique est celui que nous a transmis un petit-fils de Charlemagne, abbé de Saint-Riquier et guerrier : Nithard. Dans son « Histoire des fils de Louis le Pieux », texte rédigé en latin, Nithard a inséré un fragment en langue vulgaire : les « Serments de Strasbourg », prononcés le 14 février 842 par Charles le Chauve et Louis le Germanique lors de leur alliance contre leur frère Lothaire.

Serments de Strasbourg

Le premier recourt au germanique (il s'agit d'une forme ancienne de vieux-haut-allemand) pour s'adresser aux soldats germaniques de Louis, le second recourt au roman (une forme de « proto-français ») pour s'adresser aux soldats de Charles. Le texte des Serments a fait l'objet de nombreuses études philologiques et historico-comparatives portant sur la forme et le contenu, mais pour notre propos il importe de mettre en relief la valeur politico-linguistique du texte, qui instaure la légitimité de deux espaces vernaculaires, l'un vis-à-vis de l'autre7 et les deux face au latin. Première « attextation8 » du roman (en l'occurrence une forme transdialectale de gallo-roman septentrional), le serment prêté par Louis le Germanique9, tout en utilisant des formules repérables dans des textes juridiques latins (mérovingiens), sanctionne le clivage linguistique entre la Neustrie et l'Austrasie.

charlemagne

Si l'architecture linguistique de l'Europe moderne se met ainsi en place à l'époque carolingienne, le latin connaît un nouvel élan : la « renaissance carolingienne », qui s'érige sur le constat d'un écart très net entre le latin classique et les formes évoluées du latin vulgaire, réinstaura une pratique, en premier lieu écrite, du latin, donnant lieu au « latin médiéval ». Le latin médiéval – langue apprise, et non langue maternelle – connaîtra une longue évolution, non continue, à travers les siècles, du 9e au 14e/15e siècle. Il sera majoritairement, et parfois même exclusivement, utilisé comme langue des écrits officiels, comme langue de l'enseignement universitaire, comme « langue savante ».

Lettrine du manuscrit de Éginhard, Vita Caroli magni imperatoris
représentant Charlemagne (vers 1050)



4 Par "diamésique" on entend ce qui relève du paramètre sociolinguistique de la voie (medium) de communication ; l'opposition entre l'écrit et l'oral est une opposition diamésique fondamentale.
5 Le terme de « latin chrétien », qui est parfois utilisé comme synonyme de « latin vulgaire / latin tardif », désigne en fait une forme évoluée de latin, utilisée d'abord par les groupes sociaux convertis au christianisme et plus tard, à l'écrit, par les Pères de l'Église (d'où l'emploi du terme « latin ecclésiastique » pour ce latin chrétien utilisé par une élite sociale) ; ce « latin chrétien/ecclésiastique » se particularise, du point de vue lexico-stylistique, par l'utilisation de néologismes et d'emprunts (au grec et à l'hébreu). L'ouvrage de référence est toujours celui de Ch. Mohrmann, Études sur le latin des chrétiens (4 vols, Roma, 1961-1977).
6 Les Gloses de Reichenau (texte rédigé au 8e siècle dans le Nord de la France), où des mots latins de la Vulgate devenus incompréhensibles pour les lecteurs de la Bible latine sont glosés par des formes romanes (ou d'un caractère mixte : latino-roman), témoignent de l'évolution du latin parlé vers les premiers stades de langues romanes.
7 Cette opposition est textuellement attestée aussi par les Gloses de Cassel (= Kassel), petit glossaire rédigé, à la fin du 8e ou au début du 9e siècle en Bavière ; dans ce glossaire, conçu à des fins pratiques, des formes ou expressions romanes (ou plutôt latino-romanes, vu leur caractère hybride) sont glosées par des formes germaniques (vieux-bavaroises).
8 Nous empruntons ce néologisme à B. Cerquiglini, La naissance du français (Paris, 1991), un ouvrage qui propose et expose une interprétation « glottopolitique » des Serments de Strasbourg.
9 Début du texte : Pro deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament d'ist di in avant in quant deus savir et podir me dunat si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa.

 

 

norrois

 echecs

À gauche : Manuscrit  islandais ca. 1300
consultable ici 

Ci-dessus  : Chrétien et musulman jouant aux échecs,
Libros de juegos d'Alphonse X (1251-1283)

Le bas Moyen âge se caractérise ainsi par une sorte de « diglossie à paliers », en combinaison avec une répartition diamésique et diastratale différenciée, entre le « latin médiéval » et les « langues vernaculaires » de l'Europe occidentale. Ces dernières se différencient et se profilent « textuellement » du 10e au 13e siècle, à l'intérieur des groupes linguistiques qui étaient déjà en place : langues celtiques (à côté du vieil-irlandais, attesté dès le 7e/8e siècle, apparaissent le cornique et le gallois – l'apparition textuelle du breton est nettement plus tardive), langues romanes (le français devance l'occitan, qui toutefois atteint son apogée littéraire avant la langue d'oïl ; suivent alors le francoprovençal, le sarde, l'espagnol, l'italien, le galicien-portugais, le rhéto-roman, le catalan), langues germaniques (vieil-islandais, anglo-saxon, vieux-haut-allemand, vieux-frison et vieux-néerlandais).

Il faut mentionner deux langues qui s'introduisent en Europe occidentale entre le 8e et le 10e siècle : (a) l'arabe, introduit dès le 8e siècle dans la péninsule Ibérique, où le contact intense avec des variétés ibéro-romanes donnera lieu à une langue mixte, le mozarabe10, vrai témoignage d'un bilinguisme très répandu, et (b) le norrois11, introduits par les Vikings dans les îles Britanniques et en Normandie, aux 9e-10e siècles, et en Sicile, au 11e siècle, où il évincera le superstrat arabe, qui s'y était introduit au 9e siècle.


ChansonRoland

Dans leurs premiers siècles d'existence (ou, plutôt : d'attestation textuelle), ces langues « vernaculaires en émergence » maintiennent des liens étroits avec le latin : la plupart des plus « anciens monuments » sont des calques, des imitations, adaptations ou traductions de textes (ou de formules) en latin ; ou il s'agit de gloses12. Et dans les premiers siècles, le latin prédomine – ou s'utilise en alternance avec le vernaculaire – dans la rédaction de documents juridiques. Dans le domaine gallo-roman, une véritable « littérature » n'apparaît qu'au 11e siècle (Chanson de Roland, pour le domaine d'oïl ; Boecis, pour l'occitan). D'autres langues romanes (espagnol ; italien ; catalan) suivront au 12e ou au 13e siècle.

Chanson de Roland, Manuscrit d'Oxford

Cette époque – celle du bas Moyen Âge, celle de « la création de villes en Europe» – se caractérise, du point de vue linguistique et culturel, par les traits suivants :

  • une première poussée de standardisation, visible au plan de l'écrit dans la constitution de scriptae13, face à une fragmentation dialectale (ainsi, par exemple, l'espace gallo-roman septentrional comporte de très nombreux patois, qu'on peut classer en groupes dialectaux : picard, wallon, normand, champenois, lorrain... ; dans le Midi, où la langue des troubadours témoigne de l'existence précoce d'une koinè littéraire qui sera exportée en Catalogne, en Aragon et dans le nord de l'Italie, se dessine la division entre gascon, languedocien, provençal, auvergnat et limousin) ;
  •  l'existence de nombreux contacts linguistiques et culturels, émanant d'abord du domaine occitan (12e-13e siècles), ensuite du domaine d'oïl (13e-14e siècles), par le rayonnement de la littérature troubadouresque d'abord, ensuite de la littérature « française » ;
  •  l'apparition, souvent en l'absence même d'une unité « nationale », d'une conscience politico-linguistique, qui vise à codifier et à « illustrer » la langue vernaculaire du pays. Il faut mentionner ici le pamphlet rédigé en 1303-1304 par Alighieri Dante dans le but d'instaurer une langue vernaculaire prestigieuse, capable de rivaliser avec le latin et devant être utilisée comme langue officielle et littéraire. On notera en même temps que le texte de Dante, De vulgari eloquentia, fut rédigé en ... latin (médiéval)14.

 

Dans l'Europe occidentale du bas Moyen Âge, le multilinguisme – abondamment attesté dans les chansons de geste –  de certaines régions et de certaines sociétés, se reflète, au plan microscopique, dans le plurilinguisme d'auteurs littéraires, qui écrivent dans une langue autre que leur langue littéraire (comme Brunetto Latini15) ou qui réussissent des exploits littéraires « polyphoniques » où plusieurs langues se côtoient (l'exemple le plus connu étant le Descort plurilingue du troubadour Raimbaut de Vaqueiras16).

 

 

 

Pierre Swiggers
Janvier 2012

 

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Pierre Swiggers enseigne la linguistique générale et la linguistique romane à l'ULg. Ses recherches portent, entre autres, sur l'histoire de la linguistique occidentale, sur des problèmes de linguistique historique et descriptive, sur des questions de linguistique générale et sur l'histoire et la comparaison des langues romanes

 

 

 


 

10 Le mozarabe fut utilisé aussi comme langue littéraire dans la poésie lyrique hispano-arabe, où est attesté un code-switching complexe, entre ancien espagnol, mozarabe et arabe classique.
11 L'influence de la langue des Vikings dans les territoires romanisés se limite essentiellement à des traces toponymiques et lexicales ; il n'est pas sûr qu'on puisse attribuer certains faits phonétiques au superstrat normand.
12 C'est par exemple le cas pour l'espagnol (plus anciens textes : gloses provenant des monastères S. Millán de Cogolla et S. Domingo de Silos, 10e siècle) et pour le romanche (fragment d'Einsiedeln, texte d'un sermon latin pseudo-augustinien avec traduction interlinéaire, 11e/12e siècle).
13 Par scripta, on désigne des pratiques normalisées et homogénéisantes, qui s'appuient sur un mélange de « traits dialectaux » (éventuellement transposés sous une forme hybride), dans l'établissement de textes écrits.
14 Le texte de Dante est intéressant à plus d'un égard : il contient un panorama linguistique de l'Europe et fournit une classification (rudimentaire) des langues romanes (d'après le mot servant pour exprimer l'affirmation : oïl / oc / si) ; de plus, le texte contient d'intéressantes remarques sur la situation dialectale et sociolinguistique de l'Italie et sur la diversification linguistique à l'intérieur d'une même ville. Pour une édition moderne, avec traduction italienne et commentaire, du texte de Dante, voir C. Marazzini & C. Del Popolo, Dante : De vulgari eloquentia (Milano, 1990).
15 Celui-ci rédigea en français, entre 1260 et 1270, dans deux rédactions successives, son Livres dou Tresor.
16 Le Descort de ce troubadour provençal (fl. vers 1200) comporte des strophes en occitan (provençal), en italien (génois), en ancien français, en gascon et en galicien-portugais. Voir J.-M. D'Heur, Troubadours d'oc et troubadours galiciens-portugais. Recherches sur quelques échanges dans la littérature de l'Europe au Moyen Âge (Paris, 1973), p. 151-194.


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