Musique en Wallonie : 40 ans de disques issus de la recherche

On célèbre en 2011 le 40e anniversaire de la firme de disques Musique en Wallonie. Installée au sein de l'Université de Liège, cette firme dédiée au patrimoine musical wallon est en plein essor.  Elle compte déjà 151 productions fondées sur des recherches scientifiques, 130 000 exemplaires vendus dans le monde entier et téléchargeables sur internet.

En 1970, une grande réforme de l'État belge voit le jour, avec la création des Communautés et Régions, qui souhaitent affirmer leur identité et mettre en valeur leur patrimoine.  C'est dans ce contexte politique qu'est créé, en 1971, le Festival de Wallonie et parallèlement, le label  « Musique en Wallonie »,  qui a pour objectif de valoriser, par le disque, les compositeurs wallons et bruxellois, ainsi que les compositeurs étrangers ayant vécu en Wallonie depuis le moyen-âge et jusqu'en 1950.  

Chaumont- orgue Gossec - sympho Gretry - Midas Ciconia

Quelques-uns des premiers disques (33 tours) : Lambert Chaumont, Livre d'orgue (1971), François-Joseph Gossec, Trois symphonies (1971), André-Modeste Grétry, Le jugement de Midas (1978), Johannes Ciconia, Œuvres (1980)

 

Six siècles de musique en Wallonie et à Bruxelles

Tout le monde connaît – fût-ce par noms de rues interposés – César Franck, André-Modeste Grétry ou Roland de Lassus. Compositeurs créatifs, novateurs et parfois très prolixes, ils occupent une place de choix dans toutes les histoires de la musique occidentale. Ils ont leurs origines en commun. Tous trois viennent en effet de cet espace constitué aujourd'hui par la communauté Wallonie-Bruxelles. Mais ils ne sont pas seuls. À leurs côtés, des centaines de compositeurs, d'interprètes ou de facteurs d'instruments ont fait de nos régions un lieu particulièrement riche en matière musicale. Durant deux périodes en particulier – la Renaissance et la fin du 19e siècle –, la grande Histoire de la Musique s'est même écrite chez nous. Gilles Binchois, Johannes Ockeghem, Pierre de la Rue, Roland de Lassus et bien d'autres sont parmi les plus illustres représentants d'une musique franco-flamande dont les principes d'écriture allaient être adoptés dans toute l'Europe. Trois siècles plus tard, l'insolente réussite économique de la Belgique est en partie à l'origine d'une école belge de violon représentée par Henri Vieuxtemps, Eugène Ysaÿe ou Arthur Grumiaux tandis que, de la guerre franco-prussienne de 1870 à la première Guerre Mondiale, notre pays devient le lieu d'épanouissement des esthétiques françaises et allemandes.

Ces périodes d'une extrême richesse, de même que d'autres moments ou se distinguent des figures du calibre de Grétry et de Franck déjà cités, mais aussi celle d'Henry Du Mont ou de François-Joseph Gossec, constituent la raison d'être de Musique en Wallonie : la défense et l'illustration par le disque de ce patrimoine. Elle s'y attelle depuis quarante ans maintenant et il lui faudra des décennies encore pour poursuivre l'inventaire de ces inestimables richesses.

Pierredelarue

 


Une approche scientifique

D'abord dirigée par des amateurs éclairés, la maison d'édition liégeoise n'a pas tardé à s'attacher les compétences des chercheurs universitaires. Désormais, son conseil d'administration ne comporte plus que des musicologues des trois grandes universités francophones du pays, qui garantissent à la firme une approche scientifique de la production de disques. En amont de l'enregistrement, il y a effectivement un important travail scientifique réalisé dans les universités. Grâce aux chercheurs, des compositeurs disparus sont réhabilités, des œuvres oubliées, de grande valeur, sont exhumées, quelquefois au prix de recherches longues et minutieuses, sans considérations commerciales.   

 

Ci-contre : Pierre de la Rue, Missa de Septem doloribus,
2e section du Hosanna
Bibliothèque Royale de Belgique, ms 6428 fol. 57v.
 
 

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