Ernest de Bavière, un prince de Liège dans l'Europe moderne

Cette exposition sera aussi l'occasion de remettre en contexte des pièces bien connues de notre patrimoine, telle la belle coupe Oranus (photo) qui illustrera l'humanisme et le goût de l'Antique à la fin du 16e siècle dans la cité mosane. Des pièces peu connues du grand public seront aussi visibles. C'est le cas de la guirlande du roy des arbalétriers de Visé évocatrice des anciennes milices urbaines du pays de Liège. La pièce d'orfèvrerie ciselée entre 1578 et 1634, est encore utilisée de nos jours par la compagnie visétoise, lors de cérémonies solennelles.

1Taque de fonte (84)

L'exposition fait enfin la part belle aux sciences et aux techniques. Pour les évoquer, la bibliothèque de notre université prête des ouvrages emblématiques de la nouvelle astronomie, encouragée par Ernest : un rarissime exemplaire du De revolutionibus orbium coelestium de Copernic, accompagnera le  Sidereus nuncius de Galilée.  Adepte convaincu de Paracelse, Ernest finança, en 1589, la publication de l'œuvre complète du médecin suisse. On pourra voir cette édition qui lui est d'ailleurs dédiée. Les techniques, celles en particulier qui ont trait à la métallurgie et à l'exhaure des mines, sont également représentées. Prêtés par le Musée des Beaux Arts de Bruxelles, on pourra admirer les travaux de la mine de Lucas van Gassel, de même que de précieux dessins de Remigio Cantagallina, réalisés dans le pays de Franchimont, en 1612.

L'exposition est aussi l'occasion de s'intéresser à l'art du tournant du 17e siècle. Cette époque charnière était particulièrement méconnue des historiens de l'art. Des peintres, des graveurs, des sculpteurs liégeois, ont ainsi été tirés de l'oubli. On se réjouira dès lors que cette manifestation soit aussi devenue le prétexte à la mise en lumière d'un patrimoine régional riche, même si son état de conservation se révèle parfois précaire. À cet égard, la Fondation David-Constant a d'ailleurs permis la restauration par l'Institut royal du patrimoine artistique d'une somptueuse Assomption de Pierre Furnius (1545-1610), l'un des derniers élèves de Lambert Lombard, en vue de sa  présentation au Curtius.  

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Assomption de Pierre Furnius
avant la restauration qui sera juste achevée pour l'inauguration

Dans ce recensement, on ne négligera pas la maison de Jean Curtius lui-même, construite pour le marchand d'armes liégeois contemporain d'Ernest de Bavière.  Peut être Ernest, qui traitait avec Curtius, y a-t-il en son temps été reçu ? Cette demeure patricienne qui a conservé une partie de son décor intérieur d'origine (notamment plusieurs cheminées monumentales) accueillera l'exposition. Elle en sera aussi l'une des pièces maîtresses.

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Chaque fois que c'était possible, le patrimoine local a été valorisé. La majorité des pièces présentées proviennent ainsi de Belgique, et nombre d'entre elles appartiennent à des collections liégeoises : musées et bibliothèques de l'université et de la ville de Liège,  Archives de l'État, Grand Séminaire de Liège, fabriques d'églises, service régional des Fouilles. Mais, tant par ses origines familiales que par sa formation à Rome ou son rôle sur l'échiquier international (le nonce apostolique le qualifiait de moderator Germaniae), Ernest de Bavière est aussi une personnalité d'envergure européenne. Des pièces particulièrement significatives pour l'histoire de son règne sont conservées au delà de nos frontières. Le visiteur pourra en voir quelques-unes dans l'exposition. Le château de Brühl, près de Cologne, prête ainsi le beau portrait en pied de l'évêque. Celui de sa compagne, Gertrude de Plettenberg, proviendra de la résidence allemande du prince, à Arnsberg. De très précieux ouvrages scientifiques seront prêtés par la Bibliothèque nationale de France, tels La Dioptrique (Dioprice seu demonstratio eorum quae visui etc.) de Kepler (1611) ou le traité de l'astrolabe de Gérard Stempel et Adrian Zeelst (Utriusque astrolabii tam particularis quam universalis fabrica et usus), publié à Liège en 1602. Des manuscrits alchimiques, dédiés à Ernest ou annotés par lui, proviendront quant à eux de la bibliothèque universitaire de Salzbourg et de la Bibliothèque nationale de France. Mais on ne pourra tout citer ici.

Placée sous la direction scientifique de Robert Halleux, l'exposition est le fruit du travail d'une équipe d'historiens et d'historiens d'art issus de l'université de Liège, mais aussi d'autres institutions scientifiques belges. Sa réalisation concrète résulte cependant d'une collaboration sans faille avec le personnel du Grand Curtius et des services culturels de la Ville de Liège. Il est à espérer qu'une telle association puisse se renouveler dans l'avenir.

Geneviève Xhayet
Novembre 2011

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Geneviève Xhayet dirige le Centre d'Histoire des Sciences et des Techniques, avec Robert Halleux.Ses principales recherches portent sur les rapports des sciences et de la médecine avec la société.

 

 



Exposition Ernest de Bavière. Un prince de Liège (1554-1612) dans l'Europe moderne

Grand Curtius, en Féronstrée 136 - 4000 Liège

du 18 novembre 2011 au 20 mai 2012
du lundi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le mardi.

www.grandcurtiusliege.be

 

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