Philippe Sireuil : Images du texte

Le Nozze di Figaro

Si l'homme de théâtre est actif depuis 1983 à l'opéra, ses incursions restent le plus souvent épisodiques, que ce soit en Belgique, au Vlaamse Opera, ou à l'étranger (Amsterdam, Lyon ou Zurich). Sa collaboration est par contre plus constante avec La Monnaie et l'Opéra Royal de Wallonie. Selon Jean-Marie Piemme, le passage de Sireuil à l'opéra peut s'expliquer notamment par les conditions qui lui sont offertes dans la création d'images fortes – les moyens propres au théâtre étant souvent insuffisants pour qu'il puisse concrétiser ses idées. De l'aveu de Sireuil lui-même, l'opéra lui offre la possibilité de travailler sur d'autres formes et d'éviter ce qu'il redoute tant  : la réitération.

S'il adapte sa position de metteur en scène dès lors qu'il travaille pour l'opéra, les grands traits de son esthétique et de son travail se retrouvent dans ses productions : respect du texte, direction d'acteur, travail sur la mise en lumière du texte et du plateau, et la création d'images. Sireuil collabore par ailleurs avec la même équipe artistique à l'opéra et au théâtre.

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Le Nozze di Figaro © Jacky Croisier

Œuvre déjà mise en scène par Sireuil à l'ORW en 1996 et en 2001, la nouvelle mouture des Nozze di Figaro est avant tout une reprise. Opéra-bouffe en quatre actes, fruit de la collaboration entré Mozart et Lorenzo Da Ponte13, d'après la comédie de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, cette œuvre, créée en 1786 à Vienne, nous met au centre d'une intrigue amoureuse. Le Comte Almaviva est marié, ce qui ne l'empêche pas de faire la cour à Suzanna, sa servante, elle-même fiancée à Figaro. L'histoire se termine sur une fin heureuse, par des noces qui marqueront les mémoires. L'intrigue ne se résume pourtant pas à cette dimension amoureuse. Comédie satirique, elle fait preuve d'un intérêt particulier pour la condition féminine. La tension entre le Comte et Figaro renvoie également à l'opposition entre un monde féodal et un nouvel ordre offrant des possibilités d'avancées sociales. La portée politique de l'œuvre n'est pas à sous-estimer : celle-ci a été censurée par les autorités allemandes durant l'Occupation.

Si cette production est une reprise, de nouveaux rôles et une équipe sensiblement différente (Christian Zacharis à la direction musicale notamment) nous promettent un spectacle frais. Anne-Catherine Gillet, déjà présente dans les productions de 1996 et de 2001, qui endosse le rôle de Suzanna, souligne l'effort de recherche incessant propre au metteur en scène belge. Il y a fort à parier, d'après ce que l'on sait des habitudes de travail du metteur en scène et les déclarations de la cantatrice, que nous n'aurons pas affaire à une simple reprise mais plutôt, pour reprendre les mots de Sireuil, à « un spectacle qui ne sera, pour paraphraser Verlaine, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre14 ».

Kevin Jacquet
Octobre 2011

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Kevin Jacquet est diplômé en Arts du Spectacle de l'Université de Liège. Il débute une thèse de doctorat concernant le théâtre.


 

Le nozze di Figaro sera présenté à l'Opéra Royal de Wallonie du 21 octobre au 1er novembre au Palais Opéra de Liège.

Infos et réservations : 04/ 221 47 22    www.operaliege.be


 

13 Collaboration qui se poursuivra pour Don Giovanni et Cosi Fan Tutte, oeuvres également mises en scène par Philippe Sireuil à l'ORW.
14 SIREUIL Philippe, Communiqué de presse de l'ORW.

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