« C'est toujours la même histoire : celle d'un homme qui se cherche dans un monde qui le perd. »
L'auteur
Né en 1965 à Liège, Serge Delaive se passionne dès l'adolescence pour Philip K. Dick, Hugo Pratt et pour Rimbaud. Il commence à écrire des poèmes à l'âge de vingt ans. Légendaire paraît en 1995 à Bruxelles, aux Éditions Les Éperonniers. Il est à l'origine, avec d'autres poètes, en 1998 de la revue littéraire Le Fram. L'oeuvre de Serge Delaive balance entre poésie et fiction romanesque. Elle est parcourue par des thèmes récurrents, le voyage, le suicide du père, ou encore les questionnements sur le temps ou le quotidien. On a souligné l'écriture originale de Delaive, travaillée mais sans ornement, parfois âpre et amère. En 2009, c'est la consécration avec le roman Argentine qui reçoit le prestigieux prix Rossel. On y retrouve encore une fois Lunus, entre 2000 et 2020, entre l'Amérique du Sud et l'Europe. Chaque personnage emprunte sa voie personnelle dans une quête incessante, celle du père, de la liberté, de l'anarchie. Ils disparaissent, se recherchent et le récit est un véritable puzzle à reconstituer, mettant le lecteur face à l'inattendu qui peut se glisser au milieu des phénomènes les mieux ordonnés. Par ailleurs passionné de photographie, il réalise des expositions à Liège et à Paris. Avec Paul Gauguin, une étrange attraction, son dernier essai, il propose une réflexion sur la création artistique à partir de l'ultime tableau de Paul Gauguin. Dans ce texte, entre biographie et confession, il poursuit sa démarche de connaissance de soi, à travers le monde et les mots.
Le roman
Dans Café Europa, on retrouve Lunus, héros d'un récit de voyage autant qu'initiatique. On le suit aux quatre coins de la planète, à des époques diverses de sa vie, dans un univers où les repères géographiques font défaut. Par le biais de la mémoire, fidèle ou réinventée, ce récit à tiroirs nous plonge d'emblée dans les arcanes de la création artistique, son angoisse et ses impuissants allers et retours. Il faut accepter de se plier à la sinuosité de l'écriture de Café Europa, due à la volonté d'être universel, c'est-à-dire sujet au vertige. Via une réflexion sur le temps et ses soubresauts dans un récit élaboré entre prose et poésie, Serge Delaive déploie un roman à mille voix qui se joue des certitudes, brouille les cartes et tente par la fiction ce que la réalité accomplit si mal : embrasser tout à la fois la conscience et l'intuition... Delaive parvient ici à mêler tout ce à quoi il aspire, entre autres l'harmonie et la fraternité absolue. Café Europa, roman antilinéaire, nous permet de fouler le sol flou de songes grandioses et tristes. Un véritable projet philosophique sous-tend ce roman touffu aux entrées multiples, qui nous fait rêver autant que réfléchir.