À l'occasion du 60e anniversaire de sa mort, les Collections artistiques de l'Université de Liège organisent une exposition d'œuvres de sa collection du 29 mai au 26 juin 2009. Ce professeur d'histologie et d'embyologie était en effet un grand collectionneur et grand connaisseur de gravures japonaises.
Hans de Winiwarter (1875-1949)
Le scientifique
Né à Vienne en 1875 et mort à Liège en 1949, Hans de Winiwarter figure parmi les plus grands scientifiques belges de son temps : professeur d'histologie et d'embryologie à l'Université de Liège, il a joué — tout autant que son père, Alexandre de Winiwarter — un rôle fondamental dans l'évolution des sciences médicales en Belgique et a marqué de son empreinte l'enseignement et la recherche dans le domaine de la cytogénétique.
Élève d'Édouard Van Beneden, dont il poursuivra les recherches sur la réduction méiotique du nombre de chromosomes, Winiwarter se perfectionna à l'étranger en visitant, entre 1901 et 1903, les grands laboratoires de Vienne, de Breslau, de Berlin et de Paris. À son retour, il fut nommé assistant à l'Université de Liège en chirurgie d'abord, puis en gynécologie et obstétrique (1903-1907).
Parallèlement à ses fonctions d'assistant, il continua à travailler pour Édouard Van Beneden, lequel avait attaché Hans de Winiwarter à son laboratoire de l'Institut de Zoologie dès 1893. Reprenant en 1903 ses études sur l'organogenèse de l'ovaire des mammifères, il travailla dans le laboratoire de son maître jusqu'en 1910. C'est à cette même date que Hans de Winiwarter fut proclamé docteur spécial en sciences anatomiques. Malgré un parcours exemplaire, il dut néanmoins attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour accéder à une chaire universitaire.
Ainsi, après avoir travaillé à la Clinique de la maternité de l'Université de Liège (1914-1918), il fut chargé, en 1919, des cours d'histologie et de splanchnologie à la faculté de Médecine de l'Université de Liège. Co-directeur des Archives de Biologie à partir de 1926, il est nommé professeur ordinaire en 1927 et se voit attribuer en 1928 les cours d'embryologie et d'histologie générale. La même année, il est promu chevalier de l'Ordre de Léopold et, en 1931, officier de l'Ordre de la Couronne.
Photo : Hans de Winiwarter, photographie, s.d., Collections artistiques de l'ULg, inv. 22228.Le collectionneur
Hans de Winiwarter n'a pas seulement été prédisposé, par tradition familiale, à mener une carrière universitaire. Il a dès sa naissance vécu dans un milieu propice à développer en lui un goût pour les arts, les lettres et la musique.
Impliqué dans le monde artistique liégeois, il devint l'ami intime d'Armand Rassenfosse, d'Auguste Donnay, de François Maréchal ou encore du poète et écrivain Albert de Neuville. Grand amateur de gravure, il se constitua une importante collection d'estampes de Félicien Rops et, surtout, il jeta son dévolu d'acquéreur sur la gravure japonaise de l'école ukiyo-e. À l'origine de cet intérêt pour l'art du Japon se trouvent incontestablement son éducation et son milieu social. En évoluant dans un univers intellectuel et artistique relativement progressiste et en fréquentant des artistes japonisants comme Armand Rassenfosse et Auguste Donnay, il fut en quelque sorte prédisposé à être touché par la mode du japonisme qui, en cette fin de siècle, marquait tous les domaines de la modernité en Belgique.
Autant que la recherche scientifique et l'enseignement universitaire, la constitution de la collection d'art japonais de Hans de Winiwarter ne fut pas le simple loisir secondaire d'une existence ou l'objet d'une satisfaction personnelle.
Hans de Winiwarter déguisé en japonais, photographie, vers 1900, Collection privée.
Passé le désir d'acquérir, d'identifier et de décrire, le collectionneur en vint à celui de publier le résultat de ses recherches et de porter ses objets à la connaissance du public. Ce souci avéré de prolonger ses pratiques de collectionneur par des activités de chercheur et de philologue (il lisait le japonais) fut d'ailleurs reconnu comme tel par ses contemporains. Des qualités japonistes qui lui valurent, à cet égard, d'être pressenti pour reprendre la chaire d'histoire de l'art japonais à l'Institut supérieur d'Histoire de l'art et d'Archéologie. Créée en 1906, cette chaire fut finalement confiée à Jules Bommer, alors responsable de la section d'Ethnographie, de Folklore et d'Extrême-Orient des Musées royaux d'Art et d'Histoire. Si les raisons de cette ultime décision nous échappe encore aujourd'hui, il est néanmoins intéressant de noter que, de 1906 à 1942 — époque qui correspond à la carrière universitaire du collectionneur —, l'Université de Liège fut, en comparaison des autres universités belges, l'un des principaux lieux du pays où des cours libres de langue japonaise (1906-1921) et d'art de l'Extrême-Orient (1906-1921, 1926-1942) furent donnés.
mai 2009