Conversation avec Yves Namur, médecin, poète, éditeur et académicien

Depuis 1977, Yves Namur partage son temps entre la médecine et la poésie. Entre 12 et 14 heures par jour sont réservées aux patients. Le reste ne se compte pas en temps humain mais en temps et en espace « amour et passion ».

yves namur

Yves Namur obtient son diplôme de médecine en 1977.

C'est Le livre des sept portes qui va lui valoir, en 1992, le prix Jean Malrieu. Il rencontre à cette occasion à Marseille le poète argentin Roberto Juarroz, le lauréat étranger de la même distinction. Ce sera le point de départ d'une amitié littéraire. La bibliographie est riche d'une quarantaine de titres, dont plusieurs éditions bibliophiles... Yves Namur sera lauréat de nombreux prix littéraires parmi lesquels les prix Charles Plisnier, Robert Goffin et Louise Labé.

En 2001, il est élu à l'Académie où il occupe le siège de Georges Sion et de Jules Destrée. Liliane Wouters, dans son discours de réception, s'adressait à lui en ces termes : « Votre poésie touche les âmes dans leur région les plus secrètes, leur fait entendre ce qu'elles-mêmes ne peuvent exprimer, laisse en elles une empreinte durable et quelquefois, elle arrive même à les transformer ».

photo © Anne-Françoise Namur

Enfin, Yves Namur est aussi éditeur, à la tête des éditions du Taillis Pré qu'il anime depuis 1984.

On vous connaît comme un des rares poètes belges à éditer régulièrement en France, aux Éditions Les Lettres Vives.  Quel est votre parcours éditorial ?

J'ai commencé à publier mes premiers poèmes au début des années septante : beaucoup de petites plaquettes, par exemple à l'enseigne de l'Atelier de la soif étanche à Grivegnée ou au Fond de la ville de Jean-Claude Legros, de beaux livres imprimés sur sa presse à bras. Les livres de cette période-là sont à ranger dans mon « travail de laboratoire », plus soucieux que j'étais alors de travailler la langue que le sens ou la quête de sens (Le voyage en amont de ( ) vide en est l'exemple même). Un passage obligé que je compte rééditer sous le titre général de « Un poème avant les commencements ».

Au début des années nonante paraît Fragments de l'inachevée aux Éperonniers, et c'est pour moi une nouvelle ère qui s'ouvre, avec cette fois des livres tournés vers l'homme, son lot de questions et notre inlassable quête.

Je mesure le privilège d'être suivi par un éditeur exigeant comme Lettres Vives.Je dirais qu'il y a là, pour la poésie, une famille de « métaphysiciens », au sens même où ces auteurs sont toujours en quête du « sens ». Ce sont des livres qu'on aime toucher, regarder, dont il faut encore couper les pages. C'est un peu tout cela qui me retient chez cet éditeur... et puis je m'y sens bien, comme en famille.

Quel est, parmi les prix que vous avez reçus, celui qui vous tient le plus à coeur ?

Disons que le Prix Tristan Tzara et le Prix de la Communauté française, décernés tous deux aux  Ennuagements du coeur  ont salué un livre auquel je tiens particulièrement. Le Prix international Eugène Guillevic me fut décerné en 2008 pour l'ensemble de l'œuvre et cela honore bien sûr celui qui le reçoit... puisqu'il fut donné avant moi à des auteurs comme Bernard Noël, Meschonnic, André- Pierre de Mandiargues, Follain, Tardieu...  Mais le plus important n'est-il pas d'écrire ? Ecrire et lire l'autre, voilà à mes yeux ce qui a vraiment un sens... et un prix !

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