Paul Gérardy (1870-1933)
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Maldange (Maldingen) alors en Prusse rhénane, offre à son enfance en guise de parlers usuels le plat-deutsch et le wallon ; comme langue de culture le français.  Orphelin à 12 ans, le voici liégeois chez son oncle.  Études au collège St-Servais, au petit séminaire de St-Trond, à l'ULg.

Les Lettres le tentent.  Il lance en 92 sa revue, Floréal, pour faire suite à la défunte Wallonie de Mockel.  Inscrite dans le temps de sa jeunesse, celui de l'internationale symboliste et du cosmopolitisme, son œuvre poétique est pour les 2/3 en français (Les Chansons naïves, et Pages de joie, Liège 1892-93 ; Roseaux 1892-1894, Paris, 1898), en allemand pour le 1/3 restant, car il a tenté de se regermaniser depuis 1892 avec l'aide de son ami St. George, éditeur des Blätter für die Kunst.  Notoriété due à l' « à-peu-près lyrique » (M. Gsteiger) qui exploite le mysticisme et le symbolique et cultive des états d'âme entre désolation floue et attente d'une révélation. 

Critique artistique, il découvre un grand Bâlois, À la gloire de Böcklin, Liège  1895, et dans le Carillon d'Ostende (1905) révèle à ses compatriotes James Ensor.

Pamphlétaire, ULTOR annonce dans La Revanche de la crapule (Lg 05), « l'aurore prodigieuse » sur « la cité nouvelle de la justice, de la bonté et du travail ».  Il est aussi le préfacier exalté du socialiste Léon Troclet (96).  Au royaume de Belgique, la célébrité l'attend en 1903 avec la publication à Paris des Carnets du roi, censément écrits par Léopold II pour la gouverne de son hoir.  La justice belge tente en vain d'en arrêter la diffusion et à l'occasion de la sortie du 10e mille, G. donne Le chinois tel qu'on le parle.  Lettre ouverte aux juges de mon pays.  [...], dénonciation cinglante de la Belgique :

Le pays même n'est qu'une fiction, qu'une illusion, qu'un mensonge de la politique.  Deux races qui ne se comprennent pas  [...]; deux peuples opposés et ennemis par leurs origines, par leur langage, par leurs croyances, par leurs intérêts peuvent-ils former une nation ?   [...] Réveillez-vous, Wallons de Wallonie, endormis dans un mauvais bouge !

C'est pourtant à ses yeux « littérature journalistique, prose de rapport ».  Le grand roi Patackake (=Guillaume II), Paris 1904, ne lui rapporta rien.  Gérardy se consacra aux affaires, spécula, se fit boursier.  Réfugié à Londres en 14-18, il y publia en 17 Une cité belge sur la Tamise signée Justin Wallon, œuvre de conciliation.  Il revint au poétique avec ses Quatorze extraits du Bestiaire d'Hortensius, Bruxelles 20, sans jamais abandonner le journalisme financier.

Chartry

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