Haruki Murakami - Kafka sur le rivage
kafka
« Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse... cette tempête, elle est toi-même et rien d'autre.  Elle vient de l'intérieur de toi .. tu vas réellement devoir traverser cette violente tempête... elle tranchera dans ta chair comme mille lames de rasoirs affûtées. Une fois... passée, tu te demanderas comment tu as fait pour la traverser, comment tu as fait pour survivre... sois certain d'une chose :  tu ne seras plus le même » dit le garçon nommé Corbeau à Kafka Tamura, l'adolescent qui a décidé de s'enfuir de la maison de Tokyo le jour de ses quinze ans pour échapper à la terrible prédiction de son père.

Le voyage initiatique qu'entreprend Kafka Tamura vers Shikoku est comme un écho à celui qu'entreprend Nakata, vieil homme idiot à la tête vide, vers un ailleurs qu'il ne connaît pas mais vers lequel il s'oriente instinctivement.

Ces deux personnages ont un lien, mais lequel exactement ?

Oshima, le bibliothécaire hermaphrodite gay, Mademoiselle Saeki, auteure de la chanson « Kafka sur le rivage », Sakura, la jeune fille qui donne de la tendresse, Johnnie Walken qui fabrique une flûte avec des âmes de chats, le colonel Sanders qui n'est ni humain, ni Dieu ni Bouddha, Hoshino le chauffeur de poids lourd qui découvre la beauté de la musique classique, sont autant de rencontres de hasard qui vont guider et initier l'un ou l'autre héros sur leur parcours.

Dans ce récit où le réel, l'onirique et le fantastique sont intimement liés, le lecteur est décontenancé, complètement désorienté dans cet univers où le temps, l'espace n'ont plus de signification. Les métaphores sont partout présentes mais jamais complètement dévoilées.

Les grandes questions existentielles forment la trame de ce roman atypique avec lesquelles l'auteur joue prodigieusement, cruellement, effrontément, jusqu'à laisser au lecteur le doute d'avoir tout compris. Tant et si bien qu'il est désespérément tenté de le relire..... non pour vérifier qu'il ne pourra jamais tout comprendre, mais pour le plaisir de savourer à nouveau une écriture poétique, symbolique, unique en son genre.

Marie-Christine Merch
Juin 2011

Haruki MURAKAMI, Kafka sur le rivage, Éditions 10/18, Traduction Corinne Atlan, domaine étranger, France, 2007.