Poésie profonde, exaltante au sens étymologique du terme : qui nous ravit et nous élève. La mort est envol, lumière cosmique. Les deux textes en exergue nous ont avertis : les Indiens d'Amérique y chantent l'amour de la terre-mère – qu'Agnès Henrard appelle grand-mère (comme dans la mythologie balte, le sait-elle ?) et l'amour du soleil, ici grand-père (selon le sexe masculin de cet astre dans nos langues gréco-latines). Le second texte liminaire est une courte prière bouddhiste, qui chante l'amour, la joie devant la beauté du monde.
L'occasion de cet ouvrage lumineux est la mort du père : Tu es attendu. Celui qui te tient dans ses ailes sait où il te déposera. La mère assiste au grand départ : Et elle, à tes côtés, la douce amoureuse, l'éternelle fiancée, la généreuse, la toute ouverte, la plus vive de ton jardin.
En frontispice, dû à Cécile Vandresse, un beau dessin au crayon dont on ne sait s'il représente une montagne lâchant un cours d'eau comme à la section d'or ou si l'on y voit une tête renversée sur l'oreiller de l'agonie.
Ces quarante et une pages, nous les lisons et relisons, tout emplis de gratitude envers l'auteure qui, à contre-courant, reléguant après l'horizon la violente cruauté de notre monde, réhabilite au mieux la beauté. C'est cela aussi, l'engagement du poète envers ses frères humains.
Rose-Marie François
Juin 2011