Agnès Henrard - Dans la beauté je marcherai
beaurté
Agnès Henrard est une poète rare. On attend ses recueils, on les espère. On n'est jamais déçu. Le dernier en date, Dans la beauté je marcherai, est aussi rare qu'intense. Le lecteur vibre à chaque page, dont le blanc, prégnant silence, est nécessaire à la respiration après le souffle puissant de chaque poème – parfois trois, parfois deux, parfois une seule ligne. « Puissant » est, sous ma plume, un mot maladroit : il y a tant de douceur, de tendresse, d'amour dans ce que seule la mise en page autorise à nommer prose.

Poésie profonde, exaltante au sens étymologique du terme : qui nous ravit et nous élève. La mort est envol, lumière cosmique. Les deux textes en exergue nous ont avertis : les Indiens d'Amérique y chantent l'amour de la terre-mère – qu'Agnès Henrard appelle grand-mère (comme dans la mythologie balte, le sait-elle ?) et l'amour du soleil, ici grand-père (selon le sexe masculin de cet astre dans nos langues gréco-latines). Le second texte liminaire est une courte prière bouddhiste, qui chante l'amour, la joie devant la beauté du monde.

L'occasion de cet ouvrage lumineux est la mort du père : Tu es attendu. Celui qui te tient dans ses ailes sait où il te déposera. La mère assiste au grand départ : Et elle, à tes côtés, la douce amoureuse, l'éternelle fiancée, la généreuse, la toute ouverte, la plus vive de ton jardin.

En frontispice, dû à Cécile Vandresse, un beau dessin au crayon dont on ne sait s'il représente une montagne lâchant un cours d'eau comme à la section d'or ou si l'on y voit une tête renversée sur l'oreiller de l'agonie.

Ces quarante et une pages, nous les lisons et relisons, tout emplis de gratitude envers l'auteure qui, à contre-courant, reléguant après l'horizon la violente cruauté de notre monde, réhabilite au mieux la beauté. C'est cela aussi, l'engagement du poète envers ses frères humains.  

Rose-Marie François
Juin 2011

Agnès Henrard, Dans la beauté je marcherai, L'Arbre à Paroles, Amay 2011.

« Précédent           I           Suivant » 

Retour à la liste Poésie 

Retour aux Lectures pour l'été 2011