Robert Merle est très connu pour La mort est mon métier. Il ne l'est pas toujours autant, et c'est dommage, pour la formidable fresque historique qu'il dresse au fil des treize (treize !) tomes que comporte la saga "Fortune de France". Les six premiers volumes nous racontent l'histoire et les faits d'armes d'un jeune chevalier, Pierre de Siorac. Ce n'est ni la toute haute aristocratie, ni la misère absolue du servage. Robert Merle joue la carte médiane, celle du narrateur gentilhomme, protestant, témoin privilégié des grands moments historiques de son temps – qu'il restitue avec une grande exactitude. Les sept volumes suivants sont consacrés à son descendant direct, Pierre-Emmanuel de Siorac. L'épopée nous emmène du règne de François Ier aux intrigues de cour du cardinal Mazarin (avec une légère baisse de régime sur les trois derniers volumes). Quelle gourmandise ! Dans un langage précieux, rehaussé de magnifiques pointes d'occitan (la langue d'Oc), Robert Merle nous propose un récit d'une incroyable vivacité, drôle, attachant, palpitant aussi. On s'y ococoule avec moult délices et longtemps crépitent, en notre remembrance, les plaisirs exquis de cette épopée littéraire.
François Thoreau
Juin 2011
