Champs électromagnétiques et santé publique

Ces trente dernières années, des équipes de recherche internationales ont travaillé sur la question. Et rien ! Ou plutôt, si ! Aujourd'hui, la preuve scientifique – entendue comme la convergence de recherches menées par plusieurs laboratoires indépendants et aboutissant à la même conclusion – n'est pas établie. De plus, ne pouvant pas établir de lien causal  à 0,4 microtesla, les scientifiques ont reproduit ces expériences à 100, à 500 et même à 10.000 microtesla. Sans résultats probants ! Cela n'empêche toutefois pas de trouver des publications qui indiquent avoir identifié un lien entre ces champs et la santé, et ce, au détriment de dizaines d'autres recherches qui démontrent son contraire. La plupart du temps, des effets rencontrés sous champs très élevés ne sont d'ailleurs pas pathogènes et restent réversibles.

L'OMS et les organes spécialisés rendent bien entendu régulièrement, au regard des progrès scientifiques et de la littérature scientifique, de nouvelles conclusions. Mais, pour l'heure, ils ne peuvent toujours pas établir la preuve scientifique d'un risque sur la santé publique et c'est ce qu'ils expriment dans leurs différentes publications.  Le nœud de la polémique porte sur le fait que, pour le moment, personne ne peut affirmer qu'il n'y a rien, puisque les épidémiologistes ont observé quelque chose. Toutefois, il reste impossible, dans le même temps, d'affirmer qu'il y a une relation établie, puisque personne ne peut la prouver. Il y a donc un consensus mondial sur les rapports de l'OMS pour affirmer que, actuellement, la relation causale ne peut être démontrée.

 

Le « risque zéro » n'existe pas

nimby

La polémique ne se limite pourtant pas aux frontières des laboratoires ou aux seuls experts. Au contraire, elle s'amplifie lorsque ces résultats contradictoires, malgré le consensus actuel, sont utilisés par des groupes d'intérêt pour susciter le doute, voire la peur, au sein de la société. On tombe alors dans une polémique épouvantable que d'aucuns mettent en exergue afin de refuser l'implantation de lignes électriques à proximité de leurs habitations : c'est le principe du « Not in my back yard (ou NIMBY) ».

Des recommandations sont cependant mises en place au niveau international (ICNIRP) en prenant comme valeur de référence (ou valeur « déclenchante »)  une valeur basée sur les effets établis, à savoir 100 microtesla, autrement dit  250 fois supérieure au seuil épidémiologique. Avec ce seuil de 100 microtesla, quasi plus personne n'est soumis à ce risque, pas même les habitations situées juste en dessous des lignes à haute tension. Suite à ces recommandations, les réactions s'enchaînent et les groupes d'intérêt continuent de se mobiliser pour imposer le seuil épidémiologique de 0,4 microtesla.

Classification du risque

Pour faire simple, les risques liés à la santé sont classifiés en différentes catégories par le Centre international de la recherche sur le Cancer (CIRC), dépendant de l'OMS. Les « champs magnétiques basse fréquence » n'échappent pas à la classification et sont rangés dans la catégorie 2B : en tant que « possible cancérigène pour l'homme », aux côtés du café ou des pickels.

Le plus difficile consiste à expliquer aux citoyens ce qui est dit plus haut : d'une part, observation épidémiologique, oui, à un niveau faible, mais non nul et, d'autre part, absence de lien biologique prouvé entre le champ magnétique et la santé malgré trente années de recherche approfondie sur le sujet partout dans le monde.

Il est curieux par ailleurs de constater que d'autres facteurs de risque, comme le radon, malgré un effet toxique avéré, semblent totalement banalisés (et non pris en compte par les citoyens pourtant informés de ce danger chez eux dans certaines régions). Ils constituent pourtant un réel problème de santé publique.

Protection contre le risque

Le « risque zéro » n'existe pas. Il importe donc, si nous disposons de moyens nécessaires pour « nous protéger » à un coût raisonnable, de le faire. Il y a parfois des moyens très simples pour limiter la valeur du champ magnétique ambiant dans une habitation (en particulier dans la chambre des enfants). Des recherches ont également porté sur les moyens de réduction des champs en jouant sur la configuration des lignes à haute tension, ou en plaçant des écrans près de câbles souterrains ou de cabines de transformation. De simples mesures d'écartement suffisent parfois.

Le BBEMG a, par ailleurs, mené une campagne de mesure des champs magnétiques et de la qualité des installations électriques dans les habitations depuis six ans en se déplaçant chez le particulier afin de quantifier ces deux facteurs. On dépasse rarement les 0,4 microtesla. Par contre, la qualité des installations électriques est souvent douteuse. Le groupe de recherche recommande donc systématiquement de faire contrôler son installation par un organisme agréé car les déficiences rencontrées sont certainement plus à craindre que la polémique reprise dans ce document.

Risque indirect

pilone

Puisque les recherches actuelles ne font pas (encore ?) la preuve scientifique d'un risque direct lié aux champs magnétiques, de nouvelles études posent l'hypothèse que les champs ont un effet indirect : les champs magnétiques seraient des cofacteurs. Une initiation des processus pathogènes existerait préalablement et ce serait la phase de prolifération de la maladie qui serait accélérée en présence de champs magnétiques. C'est une hypothèse étudiée également dans de nombreuses recherches récentes, sans résultat pour l'heure.

Une autre étude, notamment analysée par le groupe de recherche BBEMG, porterait sur l'effet indirect des champs électromagnétiques ambiants sur l'installation électrique des immeubles, qui, à son tour, modifierait le comportement de celle-ci pour induire des conséquences sur les habitants. L'une des conclusions de cette étude met en avant le fait que l'installation électrique peut effectivement « réagir » à un champ électromagnétique. Ce sont des recherches menées actuellement sur les « courants de contact » (voir références en fin de document).





1 BBEMG : www.bbemg.ulg.ac.be

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