Avis de l'institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR)
Le BfR (Bundesinstitut für Risikobewertung) a publié un avis sur le BPA le 29 juillet 2010, suite aux dernières études toxicologiques publiées (effets neurotoxiques et œstrogéniques) (Stump et al, 2009, Ryan et al, 2010). Le BfR a conclu que ces études n'apportaient pas de preuve substantielle d'un effet toxique du BPA (BfR, 2010).
Avis de Santé Canada
En 2008, Santé Canada a publié une évaluation du risque concernant la toxicité neurocomportementale du BPA. Santé Canada a conclu que les preuves étaient trop limitées.
On peut lire sur le site web de Santé Canada que : « La Direction des aliments de Santé Canada a conclu que l'exposition actuelle au BPA provenant des matériaux d'emballage des aliments ne pose pas de risque pour la santé de la population en général, y compris pour la santé des nouveau-nés et des nourrissons.
Cependant, et à cause des incertitudes soulevées par certaines études sur modèle animal ayant trait à des effets potentiels sur la santé possiblement attribuables à de faibles concentrations de BPA, le Gouvernement du Canada s'engage à prendre des mesures pour accroître la protection des nourrissons et jeunes enfants. C'est pourquoi le respect du principe général de l'ALARA (« As Low As Reasonably Achievable » ou le taux le plus faible qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre) est recommandé dans le but de poursuivre les efforts déployés afin de limiter l'exposition au BPA contenu dans les produits d'emballage alimentaire pour les nourrissons et les nouveaux nés ».
Le gouvernement canadien a donc décidé d'interdire la fabrication et la commercialisation de biberons en polycarbonates.
Avis sur le BPA du Conseil Supérieur de la Santé
Récemment, afin de répondre à une question de la Ministre de la Santé Publique, le Conseil Supérieur de la Santé a recommandé de diminuer le plus possible d'exposition au BPA des jeunes enfants (CSS, 2010).
Conclusions
Les études toxicologiques récentes concernant le BPA examinées par les différents comités d'experts scientifiques évoqués ci-dessus ont conduit à des décisions de gestion des risques différentes en fonction des pays concernés.
Cela indique qu'un certain nombre de questions sont encore à tirer au clair, concernant la toxicité du BPA :
- Quels sont les effets aux faibles doses de BPA ?
- Faut-il interdire le BPA dans tous les récipients destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires (en Belgique ? Un sénateur a déposé récemment une proposition de loi en ce sens auprès de la Commission des affaires sociales du Sénat.
- Les autres voies d'exposition que la voie orale présentent-elles un risque pour la santé (pensons à l'exposition par voie dermique via les tickets de caisse imprégnés de BPA) ?
D'autre part, l'interdiction du BPA soulève également des questions :
- Quelle alternative au BPA peut-on utiliser pour la fabrication des récipients en plastiques ?
- Les biberons en plastique « sans BPA » sont-ils sans risque pour la santé ? quelles molécules relarguent-ils dans le lait ?
(En réponse aux questions de Grégory Piet)
Mai 2011
Marie-Louise Scippo, biochimiste de formation, enseigne à la faculté de médecine vétérinaire, des matières portant sur la qualité et la sécurité des denrées alimentaires. Ses recherches portent sur les contaminants chimiques des aliments.
Grégory Piet est politologue, attaché au laboratoire «Gouvernance et Société» (SPIRAL, Département de Science politique). Ses recherches doctorales, sous la direction de Sébastien Brunet, portent sur l'étude des controverses.
Références