1941-2011 : 70 ans de Théâtre Universitaire à Liège

L'ère François DUYCKAERTS, 1958-1962

François Duyckaerts
duyckaerts

On l'a vu, les autorités académiques attribuaient de l'importance à l'existence du TULg, et ce sont donc elles (à travers le Recteur M. Dubuisson et le Doyen F. Desonay) qui désignèrent un successeur à Jean Hubaux, en la personne de François Duyckaerts (1920-2006).

Pour éminent philosophe et psychologue écouté qu'il fût , le Professeur Duyckaerts n'était pas versé dans le théâtre comme l'était son prédécesseur. Pour assurer la vie du Cercle, il dut donc faire appel, contre rétribution, à un metteur en scène extérieur au sérail, Jean Daulnoye (alias Jean-Marie Collard), un jeune professionnel fréquentant l'Étuve, comme tant d'autres à l'époque. Sous sa direction, le TULg présenta successivement : La Répétition ou l'Amour puni de J. Anouilh (1958), Le Malade imaginaire de Molière (1959), Intermezzo de Giraudoux et Un Caprice de Musset (1961), Le Misanthrope de Molière (1962). C'est évident : ce choix de pièces assez conventionnel, privilégiant de grands textes français, s'écartait résolument du répertoire passé, qui visitait ou revisitait des œuvres plus anciennes et/ou plus rares. En corollaire, la méthode de travail, elle aussi, changeait, tendant plus à l'imitation du théâtre professionnel (allant jusqu'à jouer au Théâtre du Gymnase), là où, autrefois, l'accent était mis sur la création qui se voulait originale à tous égards. Comme c'est encore le cas aujourd'hui, au demeurant...

Ceci ne fut pas sans conséquences sur la composition de la troupe dont certains piliers (F. Duysinx, Jeanne Wathelet, e.a.) se détachèrent un moment pour divergences de vues.

En revanche, les bonnes relations qu'avait gardées le Professeur avec l'Afrique, où il avait enseigné naguère, permirent au TULg sa première tournée intercontinentale qu'il réalisa en 1961, en allant présenter son Intermezzo et son Caprice au Katanga (Élisabethville, Jadotville et Kolwezi). Un beau coup, ma foi !

Longue de 5 ans, cette présidence de Duyckaerts peut être vue (à son corps défendant et sans offense) comme une sorte de parenthèse dans l'histoire du Théâtre universitaire. Pour l'histoire du théâtre tout court, il n'est pas inintéressant de remarquer que c'est cette période (fin des années 50, début des années 60) qui vécut (engendra ?) une dissidence de taille : un groupe d'étudiants de l'ULg allait faire du théâtre sous le nom de la « Communauté des Escoliers de Liège » qui comptait dans ses rangs des Robert Louis, Roger Dehaybe et autres Henri Pirotte. Ce sont eux qui participèrent alors comme troupe d'étudiants liégeois aux « Semaines d'Erlangen » en Allemagne, mais aussi, plus tard, aux débuts du Festival Mondial de Nancy de Jack Lang. Ces « Escoliers » devinrent bientôt le « Théâtre de la Communauté » (Seraing), un théâtre professionnel résolument engagé dans la lutte sociale, que l'on peut considérer aujourd'hui comme le ferment de tout le Théâtre-action en Communauté française de Belgique.

En 1962, François Duyckaerts, surchargé d'activités professionnelles, démissionnait de la présidence. Il conseilla au Recteur Dubuisson de l'attribuer à un des pionniers du TULg, François Duysinx. Celui-ci, qui enseignait le grec à l'Athénée de Stavelot, venait d'être nommé Maître de conférences en Musicologie à l'ULg . Une aubaine donc pour les autorités académiques qui tenaient manifestement à poursuivre une tradition désormais établie : confier la barre du Théâtre universitaire de l'Université de Liège à un membre du corps enseignant. Ce n'est pas fréquent dans le paysage du théâtre universitaire international et cela peut expliquer, en partie, la longévité et la constance de celui de Liège.

Page : précédente 1 2 3 4 5 suivante