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1941-2011 : 70 ans de Théâtre Universitaire à Liège

20 May 2011
1941-2011 : 70 ans de Théâtre Universitaire à Liège

Préhistoire

La naissance officielle du Théâtre Universitaire Liégeois est datée d'avril 1941. Cela ne signifie pas que les étudiants liégeois ne montaient pas sur les planches auparavant, car, comme le théâtre est né avec la civilisation, ainsi le théâtre à l'université a vu le jour avec les plus anciennes universités dans toute l'Europe, de Paris à Coimbra ou Vilnius. L'ULg, pour plus récente qu'elle soit, n'échappe pas à la règle.

Ici, il s'agissait, dans les premiers temps, de spectacles proposés par des étudiants sous forme de « revues » ou « cabarets » que produisaient occasionnellement, e.a., des étudiants en Droit ou en Sciences appliquées, mais aussi la Fédération des Étudiants Libéraux Universitaires de Liège ou l'Union des Étudiants Catholiques Liégeois. On peut citer aussi la création, en 1925, des « Compagnons de Saint Lambert », un groupe d'étudiants catholiques présidé par Henri de Mévergnies, Professeur à l'ULg, et animé par Paul Fasbender, un prêtre dominicain.

C'est dans les années 1930 que fit sa percée le théâtre stricto sensu, sous la forme de représentations théâtrales : mises en scène de textes d'auteurs dramatiques. Ces manifestations furent d'abord le fait du Cercle de Philosophie et Lettres, mais aussi, par émulation (contagion ?), du Cercle des Romanistes, des Classiques et des Germanistes (le « Debating », dont il sera question plus loin).

Période bien active au demeurant, à en juger par une belle liste de pièces représentées entre 1932 et 1940 : Les Fourberies de Nérine (Théodore de Banville), La Dame de bronze et le monsieur de cristal (Henri Duvernois), Pylade (Legendre), Le Procès de Catilina (Jules Labarbe), Le Roi ne s'amuse pas (Joseph Duysenx), des extraits d'Horace, d'Antoine et Cléopâtre (Shakespeare), de Cinna (Corneille) et du Songe d'Auguste (Musset). Mais on trouve aussi, dans des archives très éparses, les noms de Tchékov, Gide, Supervielle ou Shaw...

Les chevilles ouvrières de ces spectacles étaient alors, pour la plupart, des étudiants dont beaucoup devinrent par la suite des personnalités reconnues : citons, en vrac, les Jeanne Wathelet, René Hainaux, Alexis Curvers, Fanny Thibout, François Duysinx, Marcel Hicter, Jules Labarbe... Ils étaient souvent aussi animés par de distingués Professeurs comme Jean et Rita Lejeune, Maurice Delbouille (Romane) ou Jean Hubaux (Classique).

On ne peut pas terminer ce chapitre « Préhistoire » sans rappeler que ces préoccupations théâtrales à l'université existaient aussi chez nos voisins de Paris, où se distinguaient le « Groupe de Théâtre Antique de la Sorbonne » (GTA), avec Roland Barthes, et les « Théophiliens », avec Gustave Cohen (lui-même éminent Docteur de l'ULg). Des échanges eurent même lieu (1935-1936) entre les deux Universités : les « Théophiliens » de Cohen vinrent présenter à Liège, en 1935, au Trianon, Le Miracle de Théophile (Rutebeuf) et Le Jeu de Robin et Marion, tandis que, en 1936, les étudiants de Jean Hubaux emmenaient à la Sorbonne des petites pièces anonymes du Moyen Âge : une Nativité, Le Fabliau de la Veuve et La Farce du garçon et de l'aveugle.

Cette « excursion » parisienne présageait bien des grandes tournées internationales que vivrait le futur TULg  à partir des années 70 : 39 pays visités à ce jour sur quatre continents. Y eut-il une relation de cause à effet entre le début de la guerre et le grand succès que rencontra en 1940 la création de L'Histoire du soldat d'Igor Stravinski par René Hainaux, alors étudiant, à la suggestion du Professeur Maurice Delbouille ? On peut en tout cas considérer que cette production clôt la préhistoire de ce qui allait devenir le Théâtre Universitaire Liégeois, plus familièrement le TULg, en 1941.

L'ère Jean HUBAUX : 1941-1957

Le succès public certain de ces aventures théâtrales et l'enthousiasme des participants ne pouvaient que porter à persévérer, et les circonstances historiques que vivait Liège en cette fin 1940 semblent même avoir contribué à stimuler cette envie.

Jean Hubaux (1894-1959) lui-même écrivait que, en décembre 1940, quelques étudiants viennent frapper à sa porte en déclarant : « Monsieur Hubaux, depuis qu'on est rentrés de France, on s'ennuie. Les Allemands font tout ce qu'ils peuvent pour nous embêter. Secouons-nous ! Montrons-leur que nous avons encore quelque chose dans le ventre ! ». 1 Et ainsi se constitua, sous la houlette de Hubaux, une troupe d'une trentaine d'étudiants provenant de Philologie classique, de Romane ou d'Histoire, qui mirent en chantier Les Bacchantes d'Euripide. Le mot chantier n'est pas trop fort puisque tout fut entrepris par la troupe elle-même : de la traduction du texte grec à la musique originale « à l'antique » (François Duysinx) et la chorégraphie des chœurs (Fanny Thibout). Après trois mois de travail intense, le spectacle fut créé le 25 avril 1941, dans la Salle académique de l'ULg, devant un parterre émaillé de quelques uniformes vert-de-gris. Ces occupants allemands comprirent-ils vraiment toutes les répliques adressées par le chœur à Penthée, tyran de Thèbes, comme celle-ci, par exemple : « La force triomphe, mais c'est pour peu de temps. Notre cause est pure, les dieux châtieront l'homme brutal qui nous opprime. Ils nous donneront une belle victoire » ; ou d'autres tout aussi cinglantes qui ne pouvaient qu'évoquer un parallèle avec la situation du peuple liégeois sous la botte nazie. Le fait devient cocasse quand on sait que, quelques mois auparavant, la Kommandantur avait interdit au Cercle des Germanistes, le Debating Club, de jouer une pièce de Charles Morgan (1894-1958), The Flashing Stream, au simple prétexte que l'auteur était britannique... Les voies de la Censure sont impénétrables.

Les Bacchantes 1941 avec Hubaux
Les Bacchantes avec Jean Hubaux

En tout cas, les Bacchantes hantèrent encore quatre fois la Salle académique, les 26 et 30 avril et les 1er et 7 mai.

Tout cela fut à l'origine de la création d'un très officiel « Cercle interfacultaire de Théâtre de l'Université de Liège », dont la présidence fut confiée par les autorités académiques au latiniste distingué, le Professeur J. Hubaux, et que l'on appela rapidement, pour faire court, le « Théâtre Universitaire Liégeois », concernant donc désormais toutes les Facultés et Sections de la Maison. C'est ainsi un tout nouveau TULg qui allait présenter ses Bacchantes en 1942, toujours en pleine guerre donc, à Verviers, salle Palace, les 28 février, 1er et 6 mars, et organiser une reprise à la Salle académique de l'ULg les 7 et 12 mars.

Au lendemain de la guerre, en 1946, les Bacchantes seraient encore de sortie au Conservatoire de Liège, mais aussi au Palais des Beaux Arts de Bruxelles, à la Sorbonne à Paris et au Théâtre de Verdure de Flémalle. Bref, elles connurent donc 15 représentations, et cela en des temps bien difficiles : ce n'est pas leur manquer de respect que de dire de ces Bacchantes qu'elles avaient la peau dure ! Ce seront d'ailleurs encore elles qui allaient servir à fêter, en 2001, le soixantième anniversaire du TURLg, dans une mise en scène toute nouvelle et plus moderne.

Les Bacchantes 2001 2
Les Bacchantes en 2001

La Tempête de Shakespeare fut ensuite à l'affiche, toujours en pleine guerre (1943), et présentée dans la salle de l'Émulation. Dans sa distribution, on relève des noms comme Michel Toussaint, futur Ministre de l'Éducation, ou Lise Thiry, la célèbre virologue, tous deux alors étudiants à l'ULg.

Et c'est avec un à-propos certain que, dès la Libération, en 1944, Hubaux choisissait de travailler à une comédie cette fois, au titre bien évocateur : La Paix d'Aristophane, dont la première eut lieu le 4 mars 1948, à l'Émulation toujours, salle qui allait rester un bon moment la salle de prédilection du TULg. La pièce connut aussi les joies de la tournée en étant présentée en 1948 et 1949 à Charleroi, Paris et Saint-Étienne.

À partir de ce moment, il serait vite fastidieux de citer toutes les productions par le menu. Notons d'abord que le répertoire va se diversifier, et citons en vrac : La Machine à calculer d'Elmer Rice (1949, dans une mise en scène de Jean Hubaux, avec, notamment, les jeunes René Godefroid, Georges Konen et Henri Mordant, deux futures gloires de la RTB(F), et reprise en 1955, dans une mise en scène de G. Konen), Jules César de Shakespeare (1950), L'Admirable Crichton de J.M. Barrie (1952), Les Euménides d'Eschyle (1954, en hommage à J. Hubaux, mise en scène de Fanny Thibout et François Duysinx), La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Giraudoux (1955, mise en scène de Georges Konen), Macbeth de Shakespeare (mise en scène de J. Hubaux).

Notons aussi, et c'est tout aussi important, que des collaborations s'installent régulièrement avec des théâtres professionnels : l'Étuve, d'abord, ce théâtre liégeois apparu au début des années 50 (Jean Schlag, Jean Mottard, Madeleine Rey...), où on joue du « contemporain », mais aussi jusqu'au Théatre National (les Huysmans), ou au Théâtre du Parc qui, à Bruxelles, portent désormais un nouvel intérêt et un nouveau regard sur les classiques grecs et Shakespeare. Le fait n'est d'ailleurs pas propre à Liège : à Paris aussi, le Théâtre antique de la Sorbonne eut une influence attestée sur le répertoire du théâtre professionnel ; de même qu'en Allemagne, le premier Festival international de Théâtre Universitaire d'Erlangen, créé en 1946-47, bouscula - et de façon durable - les habitudes des théâtres et du public allemands. (voir aussi article Du TU à L'AITU)

Mais ceci montre bien que le TULg avait atteint, d'emblée, un niveau de qualité égal à celui de ses grands voisins. C'est sans doute en reconnaissance de cela qu'en 1948, Henri Frédéricq, Recteur de l'époque, devenait le Président d'honneur du Cercle. Bientôt, hélas, en 1957, la santé du père fondateur, Jean Hubaux, chancelait, le contraignant à abandonner ses activités. Il décèdera en 1959. Il avait mis le TULg sur des rails solides.


 

1 in Bulletin de l'Association des Amis de l'Université de Liège, t. XXI (jan-juin 1949), p.3

L'ère François DUYCKAERTS, 1958-1962

François Duyckaerts
duyckaerts

On l'a vu, les autorités académiques attribuaient de l'importance à l'existence du TULg, et ce sont donc elles (à travers le Recteur M. Dubuisson et le Doyen F. Desonay) qui désignèrent un successeur à Jean Hubaux, en la personne de François Duyckaerts (1920-2006).

Pour éminent philosophe et psychologue écouté qu'il fût , le Professeur Duyckaerts n'était pas versé dans le théâtre comme l'était son prédécesseur. Pour assurer la vie du Cercle, il dut donc faire appel, contre rétribution, à un metteur en scène extérieur au sérail, Jean Daulnoye (alias Jean-Marie Collard), un jeune professionnel fréquentant l'Étuve, comme tant d'autres à l'époque. Sous sa direction, le TULg présenta successivement : La Répétition ou l'Amour puni de J. Anouilh (1958), Le Malade imaginaire de Molière (1959), Intermezzo de Giraudoux et Un Caprice de Musset (1961), Le Misanthrope de Molière (1962). C'est évident : ce choix de pièces assez conventionnel, privilégiant de grands textes français, s'écartait résolument du répertoire passé, qui visitait ou revisitait des œuvres plus anciennes et/ou plus rares. En corollaire, la méthode de travail, elle aussi, changeait, tendant plus à l'imitation du théâtre professionnel (allant jusqu'à jouer au Théâtre du Gymnase), là où, autrefois, l'accent était mis sur la création qui se voulait originale à tous égards. Comme c'est encore le cas aujourd'hui, au demeurant...

Ceci ne fut pas sans conséquences sur la composition de la troupe dont certains piliers (F. Duysinx, Jeanne Wathelet, e.a.) se détachèrent un moment pour divergences de vues.

En revanche, les bonnes relations qu'avait gardées le Professeur avec l'Afrique, où il avait enseigné naguère, permirent au TULg sa première tournée intercontinentale qu'il réalisa en 1961, en allant présenter son Intermezzo et son Caprice au Katanga (Élisabethville, Jadotville et Kolwezi). Un beau coup, ma foi !

Longue de 5 ans, cette présidence de Duyckaerts peut être vue (à son corps défendant et sans offense) comme une sorte de parenthèse dans l'histoire du Théâtre universitaire. Pour l'histoire du théâtre tout court, il n'est pas inintéressant de remarquer que c'est cette période (fin des années 50, début des années 60) qui vécut (engendra ?) une dissidence de taille : un groupe d'étudiants de l'ULg allait faire du théâtre sous le nom de la « Communauté des Escoliers de Liège » qui comptait dans ses rangs des Robert Louis, Roger Dehaybe et autres Henri Pirotte. Ce sont eux qui participèrent alors comme troupe d'étudiants liégeois aux « Semaines d'Erlangen » en Allemagne, mais aussi, plus tard, aux débuts du Festival Mondial de Nancy de Jack Lang. Ces « Escoliers » devinrent bientôt le « Théâtre de la Communauté » (Seraing), un théâtre professionnel résolument engagé dans la lutte sociale, que l'on peut considérer aujourd'hui comme le ferment de tout le Théâtre-action en Communauté française de Belgique.

En 1962, François Duyckaerts, surchargé d'activités professionnelles, démissionnait de la présidence. Il conseilla au Recteur Dubuisson de l'attribuer à un des pionniers du TULg, François Duysinx. Celui-ci, qui enseignait le grec à l'Athénée de Stavelot, venait d'être nommé Maître de conférences en Musicologie à l'ULg . Une aubaine donc pour les autorités académiques qui tenaient manifestement à poursuivre une tradition désormais établie : confier la barre du Théâtre universitaire de l'Université de Liège à un membre du corps enseignant. Ce n'est pas fréquent dans le paysage du théâtre universitaire international et cela peut expliquer, en partie, la longévité et la constance de celui de Liège.

L'ère François DUYSINX, 1963-1982

Le Dyscolos 009 avec François Duysinx
Le Dyscolos avec François Duysinx

Comme pour bien signifier la transition, la mise en scène du spectacle de 1963 fut confiée au même Jean Daulnoye, mais il s'agissait cette fois d'une adaptation par François Duysinx du Dyscolos ou Père Grognon de Ménandre, avec des interventions musicales originales de l'adaptateur et des chorégraphies de Fanny Thibout. Avec cette comédie d'un auteur du 4e siècle avant Jules César, on ne peut nier que le classique effectuait sa rentrée en fanfare. Le Moyen Âge n'allait pas tarder non plus à rentrer en lice avec une adaptation par Jeanne Wathelet-Willems de La Condamnation de Banquet de Nicolas de la Chesnaye. Ainsi se reconstituait, en force, une solide équipe de base qui renouait avec la tradition tulgienne des origines. Ce noyau, Duysinx le renforca aussi de sa propre famille avec, à la confection - très soigneuse - des costumes, son épouse, Dame « Gudule », et, à la composition musicale, aux instruments, voire à la mise en scène, l'un ou l'autre de ses fils, Robert et Marc.

Nous ne détaillerons pas ici le répertoire de la quarantaine de pièces - souvent des créations mondiales, toujours des pièces rares - créées sous la présidence Duysinx.2 Notons seulement que le classique (Médée, Prométhée enchaîné...) ou le médiéval (La Farce de Maître Mimin, Le Monde et Abus, Le Lazare, L'Empereur et la fille violée, La Farce du meunier, Vices-Vertus...) n'en furent jamais absents. Toutefois, le théâtre contemporain allait prendre le dessus, d'une part, et d'autre part, ces années allaient voir une belle diversification de genres et de styles.

Par exemple, on expérimente un concept de spectacles courts, montés en parallèle avec une œuvre plus importante, et destinés à répondre à des demandes d'animations particulières. Citons, en 1964-65, L'Intruse de Maeterlinck (mise en scène de François Duysinx), Les Fourberies de Nérine de Théodore de Banville (mise en scène de Robert Duysinx) et Les Solliciteurs de Mathieu Falla (mise en scène de l'auteur)... 

Ces courtes pièces à la distribution réduite et au décor minimaliste facilitaient les déplacements, ce qui permit à ces équipes « légères » d'écumer plus d'une quarantaine de localités différentes en Belgique, de La Panne à Wegnez, de Welkenraedt à Mont-sur-Marchienne en passant par Pepinster, Brustem, La Reid, etc., le plus souvent dans des salles ou des lieux improbables, voire en plein air... Aujourd'hui, c'est près d'une centaine de communes belges qui ont, un jour au moins, reçu la visite du TU(R)Lg.

Des spectacles de marionnettes (L'Intruse en 1964 , Prométhée enchaîné en 1966) furent aussi réalisés avec la collaboration de Claude Vandeloise, étudiant en maths à l'ULg, fondateur de la compagnie Bergamasque (à l'ex- « Lion s'envoile » en Roture), où on retrouve aussi les noms d'autres tulgiens comme Christian Crahay ou Alain-Guy Jacob.

Le wallon ne fut pas non plus oublié. En hommage à son père Joseph Duysenx, auteur dialectal bien connu des Liégeois pour ses opérettes, ses opéras bouffe ou ses cabarets, François Duysinx mit en scène Vîx sot et Amoûrs di Prince et un cabaret, qui tourneront, de 1972 à 1979, une trentaine de fois dans toute la Wallonie, de Trois-Pont à Retinne, de Gouvy à Winanplanche, Plainevaux ou Chevron. Ça bougeait chez les Duysinx !

Ce grand dynamisme ne pouvait que stimuler des plus jeunes à s'impliquer de plus en plus dans le processus de création. Certains s'exprimèrent dans l'écriture d'œuvres dramatiques confiées au TULg, par exemple Mathieu Falla (Les Solliciteurs en 1964, L'Intrus en 1966, Médée en 1966, La Rose et le chardon en 1979), Louis-Alexis Dubois (Un Chagrin d'amour, L'Otage), Jacques van de Weerdt (L'Usine bleue est fermée), Yvette Lecomte (Il était une fois des enfants placés, casés, cassés en 1977), Jean-Claude Bologne (adaptation de Vices-Vertus en 1980)...

D'autres se lancent dans la mise en scène, comme Michel Demblon, Vivienne Martin, Albert Dardenne, Christian et Simone Capelle, Georges Koussantas, Marcos Portnoy (réfugié du Chili de Pinochet), Max Parfondry et Alain-Guy Jacob. Ces deux derniers, après leur passage au TULg, ont fait une brillante carrière de pédagogues au Conservatoire de Liège, comme Chargés de cours de René Hainaux, un autre grand ancien du Théâtre Universitaire Liégeois.

Ce foisonnement d'activités  demandait évidemment de plus en plus de moyens. En dépit du bon soutien que prodiguait l'Alma Mater sur le plan moral, son aide financière restait un peu maigre eu égard au développement du TULg : il fallait trouver d'autres sources de financement, notamment du côté de l'État. C'est ainsi que le TULg, alors Association de fait, se constitua en Association sans but lucratif (asbl) dont les statuts parurent au Moniteur belge le 6 mai 1971. Le premier Conseil d'administration se composait de François Duysinx, Jeanne Wathelet-Willems, Max Parfondry, Alain-Guy Jacob (un bel équilibre entre l'ancien et le nouveau), mais aussi de Marcelle Régibeau, épouse Hentjens, secrétaire générale du Service des étudiants, ce qui montrait bien l'intérêt que portait l'Université au fonctionnement de son Théâtre (aujourd'hui, c'est le Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres qui siège au Conseil d'administration). Le siège de l'asbl était alors fixé à... Stavelot.

Ce nouveau statut permit d'obtenir de nouveaux subsides récurrents qui aidèrent notamment à acquérir du matériel technique (son, lumière, pendrillons...) devenu indispensable pour assurer une bonne qualité aux représentations de plus en plus itinérantes.

Les deux décennies de cette « époque Duysinx » furent aussi marquées par un événement lié à la vie même de l'Université : le déménagement au Sart Tilman, et l'installation sur le domaine universitaire, au bâtiment B8, du Foyer culturel du Sart Tilman au début des années 70. Créé pour dynamiser le campus et offrir un espace culturel aux communes avoisinantes (Angleur, Tilff, Ougrée), doté d'une remarquable salle de théâtre (dont les plans scénographiques sont de Jacques Deck), cet outil allait se révéler bien utile au TULg aussi. La salle n'était même pas encore terminée, sans scène ni sièges, que Michel Demblon, issu de l'IAD et premier gestionnaire du lieu, y mettait en scène La Nuit des visiteurs de Peter Weiss, en 1971, suivi de La Famille Tot d'Istvan Orkeni, mis en scène par Max Parfondry, et, dans la foulée, Wie dem Herrn Mockinpott das Leiden ausgetrieben wird de Peter Weiss, mis en scène par Robert Germay, y fut aussi présenté par le Théâtre des Germanistes Liégeois en 1973. La gestion du Foyer culturel fut bientôt reprise par Yvette Lecomte - une autre tulgienne -, et le « Foyer Cul » accueillit ainsi encore bien des représentations du TULg (et du TLG des Germanistes) jusqu'à la fin des années 80, où la faillite de Canal Emploi, la télé locale de l'époque qui y était associée, causa sa disparition. La salle, gérée alors par le TULg lui-même, continua pourtant de bien servir les troupes universitaires jusqu'à aujourd'hui. Rajeunie en 2010, elle porte désormais le nom d' « Exèdre Dick Annegarn », régie par la Faculté des Sciences.

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Autre effet du déménagement dans les bois du Sart Tilman, l'Institut Walthère Spring du quai Roosevelt, en plein centre ville donc, était déserté par les chimistes, libérant ainsi des locaux délabrés, certes, mais aussi vastes et donc propices à des répétitions du théâtre. Dès 1980, sous l'impulsion de Robert Germay et du Théâtre des Germanistes, le TULg s'installait donc avec armes et bagages à « la Chimie ». Il n'est pas interdit de penser que ce « squattage » des lieux a aidé à leur préservation jusqu'à la rénovation du A4 en 1997, où le théâtre pouvait - enfin - non seulement y exploiter une belle nouvelle salle, mais aussi y installer ses bureaux et son administration.

C'est précisément en 1980 que des étudiants, peu attirés par le spectacle médiéval Vices-Vertus (Jean-Claude Bologne) mis en chantier cette année-là à l'occasion du Millénaire de la Principauté de Liège, et désireux de travailler plutôt sur une pièce contemporaine, s'adressèrent à Robert Germay pour monter ensemble une pièce. Avec l'accord de Duysinx, Germay accepta et créa aux Chiroux Berthe de Michel Tremblay et Le Bouc de Rainer Werner Fassbinder, avec une quinzaine d'étudiants. L'année suivante, en 1981, il allait assurer la mise en scène d'Indians d'Arthur Kopitt (avec un François Duysinx en Buffalo Bill plus vrai que nature). En 1983, à la demande conjointe du Recteur E.-H. Betz et de François Duysinx lui-même, Robert Germay devenait le 4e Président du Théâtre universitaire.

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Indians

La retraite officielle de Duysinx ne signifiait pas, loin de là, sa retraite théâtrale, puisqu'il continuera à jouer régulièrement au TULg jusqu'à et y compris l'année de sa mort, en 2003, un mois avant son 90e anniversaire. On n'oubliera pas les rôles remarquables qu'il presta dans Le Gardien de Harold Pinter (1984) ou Sadi Hozètes d'Albert Maquet en wallon (1993), sans oublier Velleÿtar de Witkiewicz (1983), Fiesta chez Abdellah du  Grips Theater (1998) ou Adormir et Gazoline, un de ses propres opus (2001)...

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Adormir et Gazoline avec François Duysinx

 
 
2 Voir la liste des pièces en annexe

L'ère Robert GERMAY, 1983-2007...

Pour aborder ce chapitre de la 4e présidence, il faut faire un retour en arrière et examiner l'histoire du Théâtre des Germanistes Liégeois. Comme évoqué plus haut, la Section de Philologie germanique, elle non plus, ne rechignait pas, depuis les années 1930, à exploiter les vertus pédagogiques bien connues du théâtre, en l'occurrence dans l'apprentissage des langues et des littératures dont elle assurait l'enseignement. Une douzaine de pièces connurent ainsi la scène, entre 1933 et 1949, en langues originales, à savoir l'allemand, l'anglais et le néerlandais, par des étudiants guidés respectivement par les Professeurs A.-L. Corin (1889-1968), Victor Bohet (1887-1948) et René Verdeyen (1883-1949).3

Le théâtre donnait aux étudiants germanistes l'occasion d'étudier des auteurs et leurs œuvres, d'une manière certes moins académique, mais tout aussi sérieuse et plus ludique, tout en pratiquant leur langue d'origine. Les années 60 ne furent pas en reste, avec des spectacles en anglais proposés sous la direction du fils Corin, Fernand (The Baikie Charivari de James Bridie en 1963, e.a.).

Quant à l'allemand, ce sont des étudiants qui sollicitèrent spontanément leur professeur de Littérature, Armand Nivelle, qui les encadra pour présenter Woyzeck de Büchner, en 1962, au Foyer des Étudiants, place du Vertbois. Parmi la bonne vingtaine d'étudiants constituant la distribution, on comptait Robert Germay, qui se retrouva, en 1963, assistant-bibliothécaire de la Section. Il prit alors  rapidement la direction de l' « opération théâtre », montant successivement Kennen Sie die Milchstrasse ? (Karl Wittlinger, 1965), Bierdemann und die Brandstifter (Max Frisch, 1968), Romulus der Grosse (Friedrich Dürrenmatt, 1971). D'épisodique qu'il était depuis l'origine, le théâtre pratiqué dans la famille Germaniste devint ainsi plus assuré et régulier : le Theater der Lütticher Germanisten (TLG) était né et prêt à devenir une véritable troupe – et Association de fait – avec son Mockinpott de Peter Weiss, donné, en 1973, dans un Sart Tilman brut de décoffrage et mis en scène par Robert Germay (1940- ?). Ce spectacle déclencha sur bien des points une profonde évolution : fidélisation d'un noyau dur de comédiens, première intégration de techniciens son et lumière attitrés, premiers subsides de la Communauté germanophone, d'abord, française ensuite, de la Cosocu de l'ULg, première affiche professionnelle (Erwin Kirsch), première collaboration avec les télévision et radio scolaires nationales (RTB) dans le cadre des émissions d'apprentissage de l'allemand, première reprise du spectacle sur deux saisons aux Chiroux, après le Sart Tilman...

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Mockinpott avec R. Germay et R. Grosch

Sur le plan de l'évolution de la pratique et de l'esthétique théâtrales aussi, Mockinpott marqua un grand tournant tant par le choix d'un texte « détonnant » par son caractère peu, voire anti-littéraire , que par une mise en scène accentuant le caractère visuel du spectacle.

En reconnaissance de la grande qualité esthétique et du caractère novateur de cette production, la Communauté germanophone en subsidia la diffusion - y compris en matinées scolaires - dans les villes de la région : Saint-Vith, Eupen, La Calamine... Le Goethe Institut de Bruxelles la mit également à son programme, et une décentralisation en Allemagne (Remscheid), première d'une longue série future, lançait la « carrière » internationale du TLG. Suivraient bientôt l'Autriche, la Pologne, etc. Le beau succès ne se démentira pas pour la quinzaine de spectacles - en allemand mais aussi en anglais et en français - que la troupe présentera par la suite. On sait aussi de source sûre que la perspective de pouvoir « entrer au TLG » amena plus d'un ou d'une germanophone à s'inscrire à l'Université de Liège plutôt que, comme le voulait une vieille tradition, à Louvain. L'exemple le plus fameux fut celui de Marcel Cremer qui, à la fin de ses études à l'ULg, après 6 années de Théâtre des Germanistes,   retourna fonder à Saint-Vith le théâtre Agora, qui figure aujourd'hui parmi les théâtres qui comptent dans le milieu professionnel belge et étranger.

Une des forces des productions du TLG, outre la qualité de jeu, résidait dans la justesse de l'analyse dramaturgique qui présidait à toute mise en scène, et dans laquelle excellait alors Éveline Orban-Michiels qui officiait aussi comme rigoureuse trésorière de la troupe. Le dernier spectacle produit sous le label « Théâtre des Germanistes Liégeois » sera Der Turm de Peter Weiss, mis en scène par Alain Chevalier en 1998. Depuis lors, le TLG a complètement fusionné avec le TU(R)Lg, seule « appellation contrôlée » utilisée aujourd'hui, quel que soit le répertoire.

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Rosencrantz et Guildenstern sont morts

En reprenant la présidence du TULg en 1983, le directeur/metteur en scène du Théâtre des Germanistes, Robert Germay, ramenait le siège social de l'asbl de Stavelot à l'ULg, mais, surtout, il amenait dans ses bagages un long carnet d'adresses étrangères et une solide expérience de décentralisations internationales dont il allait faire bénéficier le Théâtre universitaire proprement dit. Des tournées mémorables emmenèrent régulièrement, dans un même autocar, les troupes du « TULg/TLG united » présenter ensemble un spectacle de chaque troupe tantôt à Nantes (Indians et Die Versicherung), à Wroclaw (Érasme et Rosencrantz et Guildenstern sont morts), à Vilnius (Passion et Le Projecteur réparé), voire même trois pièces ensemble à Zagreb (Lovely Rita, Le Projecteur réparé, Passion). Ce sont sans doute aussi ces nombreuses prestations dans tant de pays ni francophones ni germanophones qui montrèrent la grande capacité des mises en scène liégeoises à franchir allègrement la fameuse barrière de la langue. 


 

3 Il convient de citer aussi les pièces qui constituent la "Préhistoire" du Théâtre des Germanistes :
- 1933-34 :
The Twelve-pound Look (Sir James.Matthew Barrie);
Riders to the Sea (John Millington Synge);
Augustus Does His Bit (George Bernard Shaw)
- 1934-35 :
Maria Magdalena (Friedrich Hebbel);
Das Spiel vom deutschen Bettelmann (Ernst Wiechert)
- 1936-37 : Dolle Hans (Jan Fabricius)
- 1937-38 :  The Admirable Crichton (Sir James Matthew Barrie)
- 1938-39 : Die Kommstunde (Leo Weismantel)
- 1940 :
Het daghet in het Westen (Nico van Suchtelen);
Vóór het diner (Josine Adriana Simons-Mees) 
- 1941 :
The Flashing Stream (Charles Morgan) : travaillé par les étudiants, mais représentation interdite par la Kommandantur (on peut s'en étonner encore aujourd'hui quand on sait que la pièce fut pourtant créée en allemand (Der leuchtende Strom) à Brême en 1940)
- 1946 : Die häusliche Frau (Hermann Baler)
- 1947-48 : The Admirable Crichton (Sir James Matthew Barrie)
- 1949 : Iphigenie (Johann Wolfgang von Goethe)
- 1963 : The Baikie Charivari (James Bridie)
- 1963 : Der Todt Mann (Hans Sachs)
 

L'autre résultat de cette nouvelle politique internationale fut la création, dès 1983, des Rencontres Internationales de Théâtre Universitaire.  On peut parler d'une entreprise durable puisque 2011 vient d'en connaître la 28e édition. À travers ses RITUs, le TULg connut rapidement un développement exponentiel de ses contacts étrangers et, donc, de ses tournées au long cours, qui, à ce jour, l'ont emmené dans 39 pays sur 4 continents, littéralement aux quatre coins du monde : du Vénézuela à la Russie, du Bénin au Danemark, du Canada à la Jordanie..., tandis que les quatre coins du monde se retrouvaient à Liège, lors d'un RITU ou l'autre. Plus de 50 pays des cinq continents sont passés par Liège en 28 éditions des Rencontres ! La notoriété du TULg sur le plan international lui vaut régulièrement le soutien financier du WBI (Wallonie-Bruxelles International, ex CGRI, ex RCI) pour ses déplacements à l'étranger.

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Robert Germay remet les marionnettes de Tchantchès et Nanesse à une troupe du Burkina Faso, lors de RITU 25

Une autre conséquence directe de l'existence et de la réputation mondiale de RITU fut la création, à Liège, en 1994, de l'Association Internationale du Théâtre à l'Université (AITU - http://www.aitu-iuta.org). Réunis en un congrès organisé à Liège par le TULg, une trentaine de pays des cinq continents décidaient de fonder cette nouvelle Association pour marquer la spécificité du théâtre à l'université, entre le théâtre professionnel (IIT : Institut International du Théâtre) et le théâtre amateur (AITA : Association Internationale du Théâtre Amateur). Robert Germay en fut élu président et le TULg en devint le siège officiel. Germay cédait la présidence en 2008 à son collègue québécois Jean-Marc Larrue, héritant ainsi du titre de Président fondateur. Le siège de cette ai(nternationale)sbl de droit belge reste statutairement fixé à Liège. L'AITU prépare actuellement son 9e congrès mondial (biennal) qui se tiendra à Minsk en 2012, preuve de la belle vitalité de l'Association, reconnue par l'UNESCO, et qui touche aujourd'hui plus d'une soixantaine de pays.

Titulaire d'un doctorat sur Bertolt Brecht et ses suites, Robert Germay fut, dès l'origine en 1972, impliqué dans la nouvelle « 8e section », où on commençait à dispenser des cours de théâtre dont il assura une partie dès la fin des années 70. Cette appartenance au corps académique de l'Université lui permit d'agir efficacement sur le développement interne des activités et de l'administration du TULg qui, de facto, se rapprochait du Département des Arts et Sciences de la communication, mais aussi du Conservatoire royal où Germay fut Chargé de cours d'Art dramatique de 1977 à 1983, avec pour collègues e.a. les anciens tulgiens Max Parfondry et A.-G. Jacob. Sous le rectorat d'Arthur Bodson, la direction du TULg devint même partie intégrante de sa charge de cours à l'ULg, ce qui démontre bien l'importance grandissante que prenait le théâtre au sein de l'Alma mater.

Cette position « stratégique » de son président permit au TULg d'obtenir des locaux épars (place Cockerill et place du 20-Août), dévolus à des tâches administratives de plus en plus lourdes, mais aussi l'aide d'étudiants moniteurs, un renfort venu à point nommé pour seconder l'équipe des bénévoles surchargés et remplacer les objecteurs de conscience et autres « dérogations de pointage » qui commençaient à faire défaut. Si le fonctionnement général repose encore aujourd'hui majoritairement sur le bénévolat, une augmentation substantielle des subsides accordés par l'ULg d'abord, mais aussi par la Communauté française, la Région wallonne, la Province et la Ville de Liège, a permis une très nécessaire professionnalisation de l'administration du Théâtre, grâce à l'engagement contractuel de personnel administratif et technique. Le statut académique de son Président aida aussi, sans aucun doute, à décider la Faculté de Philosophie et Lettres à réserver au Théâtre un bel espace vital dans le bâtiment rénové pour les Sciences historiques, le A4, communément appelé par nous « la Chimie ».

Cette nouvelle implantation groupée constitua, en 1997, une sorte de nouvelle naissance, à tout le moins une nouvelle mutation pour le TULg. Lui qui, jusque là, jouait plus souvent à l'étranger qu'à Liège, allait pouvoir organiser des saisons complètes (jusqu'à 6 ou 7 spectacles en série par an), au centre de la Cité ardente, dans une salle confortable. Après bientôt 15 ans de vie au sein du A4, la preuve est faite que le public a suivi. Et, nonobstant, les tournées tous azimuts aussi...

L'instauration de ces « saisons » dignes de théâtres établis et, par voie de conséquence, l'élargissement du répertoire annuel, permit aussi à plus de turlgiens recrutés dans le sérail de s'essayer à la mise en scène (les Pierre Wathelet, Jean-Marc Lelaboureur, Alain Chevalier, Dominique Donnay, David Homburg, Christelle Burton, Marine Theunissen, Patrick Antoine, Olivier Moreau, Brice Ramakers, Hugo Vandeplas, Andrey Myasnikov...) et aussi d'accueillir dans des productions les plus diverses la bonne centaine de membres actifs qui constituent le TURLg aujourd'hui.

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Quand je serai grand(e)

Mieux encore, cette nouvelle infrastructure allait permettre l'organisation d'ateliers hebdomadaires et de stages de vacances pour toutes les tranches d'âge à partir de 6 ans. Aujourd'hui, une quinzaine d'animateurs/trices, certains issus du TURLg, et tous  formés professionnellement au théâtre et/ou à l'animation sont engagés contractuellement par l'asbl. Ils assurent, bon an, mal an, quelque 110 ateliers et stages, tant au quai Roosevelt qu'au Sart Tilman et dans différentes écoles de la région liégeoise (Grivegnée, Liège, Crisnée, Anthisnes, Embourg...). On peut affirmer que, depuis 1997, près de 4000 enfants, ados ou adultes ont participé à ces activités théâtrales dont la réputation n'est plus à faire dans toute la région.

En 2002, par la grâce de Sa Majesté Le Roi, le TULg prenait un air royal. Comme toute asbl sérieuse qui se respecte, il aurait pu y prétendre depuis son cinquantième anniversaire en 1991, mais on s'est longtemps (10 ans) interrogé sur la place que pouvait prendre ce R dans « TULg ». TRULg n'étant pas du meilleur effet, et TU étant un concept couramment utilisé dans le paysage international du T(héâtre) U(niversitaire), la troisième position dans le sigle finit par s'imposer. Après quelques exercices de prononciation, jamais superflus pour un comédien, on finit par s'habituer à TURLg. Et pour réellement couronner le tout, 5 ans plus tard (quand-même !), le 13/07/07, une belle enseigne flambant neuve vint donner pignon sur quai Roosevelt au quartier général de ce bon vieux Théâtre Universitaire Royal de Liège. Peu d'autres TU à travers le monde peuvent s'enorgueillir d'une telle visibilité : merci, ô Mère Nourricière !

En 2006, l'heure officielle de la retraite académique sonnait pour Robert Germay. Il avait pu, en fin de carrière, avec persévérance et pugnacité, garantir la succession en obtenant du Recteur Bernard Rentier et des autorités académiques la création d'un tout nouveau très officiel poste de Directeur du TURLg, à confier à un « attaché », membre du personnel administratif de l'ULg.

À la demande du Président et des intéressés, ce sont Alain Chevalier (philologue classique) et Dominique Donnay (historienne), tous deux entrés au théâtre au début des années 80, qui occupent, chacun à mi-temps, cette nouvelle fonction depuis juillet 2007. Ayant par la même occasion repris une partie des cours de Germay, à savoir les Ateliers-théâtre destinés aux étudiants de « Commu », les voilà de surcroît, Maîtres de conférences. Tout est pour le mieux. Robert Germay reste président de l'asbl et continue à veiller au volet international des activités tentaculaires du TURLg : tournées, direction artistique de RITU, relations avec l'AITU... Changement dans la continuité, en fait ! Les bilans de ces dernières années prouvent que le triumvirat fonctionne très bien, merci, et que le Théâtre Universitaire Royal de Liège garde le cap.

Proficiat, ad multos annos !

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On imagine bien l'abondance de matière. On ne pouvait l'inscrire dans le cadre étroit de cette publication que par un survol à haute altitude, mettant en relief les « charnières » essentielles, et se voulant à la fois panoramique et analytique. L'angle d'approche choisi est celui, conventionnel, de la chronologie : c'est peut-être le plus frustrant ; mais quand on doit aller à l'essentiel et au plus pressé... Combien de détails importants, de péripéties ou de noms de personnes pourtant inoubliables ne sont-ils pas ainsi passés à la trappe ?

Car, comme toute histoire, celle du Théâtre Universitaire Liégeois pourrait s'écrire de bien d'autres points de vue : en partant de l'histoire des locaux et bâtiments, de la succession des Recteurs et des autorités académiques, des fluctuations des subsides et du coût de la vie, de l'examen de la provenance et de la situation sociale des membres... ou du public, de l'évolution de la société et des mœurs, de l'évolution de l'Université et des études, des différentes personnalités des responsables (présidents, metteurs en scène, voire comptables...), des choix de répertoire... Il reste du travail !

Si ces quelques pages ont l'heur de pousser quelqu'un à s'y mettre à son tour, l'effort n'aura peut-être pas été vain. Inch Dionysos !

Concluons avec Christian Pratoussy : « Le théâtre universitaire ne se résume peut-être pas à la réunion d'un article, d'un nom commun et d'un adjectif. Il se pourrait fort bien que le tout soit différent de la somme des parties »4.

Robert Germay
Mai 2011

crayongris

Retraité comme chargé de cours de théâtre à l'ULg, Robert A. Germay reste Président du TURLg et Président fondateur de l'AITU (Association Internationale du Théâtre à l'Université) .


 

4 Pratoussy, Christian,  Théâtre et Université : Les effets d'une rencontre. Étude sur les conditions de l'enseignement du théâtre à l'université, thèse de doctorat en Sciences de l'Éducation », t. I, Lyon, Université Lumière-Lyon 2, 1997

 
 
Aide bibliographique
Il existe peu de choses sur le TULg et/ou le TLG. Le site du TURLG est bien achalandé. Voir, e.a., les bilans sous l'onglet « L'asbl ». On peut aussi consulter le blog  qui est une sorte de chronique de l'actualité du théâtre. Voir aussi, pour l'historique, la rubrique « Dans le rétroviseur » dans ce blog.
  • Bulletin de l'Association des Amis de l'Université de Liège, t. X (jan-juin 1938), pp. 113 à 116, Liège, ULg, 1938
  • Hubaux, Jean, Le Théâtre Universitaire de Liège, in Bulletin de l'Association des Amis de l'Université de Liège, t. XXI (jan-juin 1949), p.3, Liège, ULg, 1949
  • Demoulin, Robert, Liber memorialis, L'Université de Liège de 1936 à 1966, t. II, Liège, 1966
  • Duysinx, François ; Wathelet-Willems Jeanne, Le Théâtre Universitaire Liégeois, in La Vie wallonne, t. 54, Liège, Vie Wallonne, 1980
  •  Germay, Robert, Théâtre allemand en philologie germanique in Bulletin de l'Université de Liège, mars 1975, n°5
  • Germay, Robert, Le Théâtre des Germanistes Liégeois in 1890-1990, cent ans de Philologie germanique, Département de Langues et Littératures germaniques, Liège, 1990, pp. 22-25
  • Voir aussi  les Actes des différents congrès de l'AITU sur le site  www.aitu-iuta.org, sous l'onglet "Publications"
  • Sur le TU en général :
  • Théâtre/Public, hors série n°5, Théâtre universitaire : quel enjeu ? Dossier présenté par la FNTU, Gennevilliers, Théâtre de Gennevilliers, 1984
  • Pratoussy, Christian, Théâtre et université : Les effets d'une rencontre - Étude sur les conditions de l'enseignement du théâtre à l'université, Thèse de Doctorat en Sciences de l'Éducation, 2 vols. Lyon, Université Lumière - Lyon 2, 1997
  • Boos, David, Le Théâtre Universitaire à l'Université de Liège, le TULg (1941-1999), Mémoire de Licence, Département d'Histoire contemporaine, ULg, 1998/99


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