Outre ses décors repérés et validés par le conseiller historique, le film a par ailleurs été nourri de l'expertise de qualité fournie par plusieurs anatomistes et vétérinaires issus de l'ULg. Ces derniers ont apporté leur savoir-faire dans les séquences de dissection sur des pièces cédées par l'université. L'enjeu étant de respecter la réalité de la pratique de l'anatomie au 18e siècle. « J'ai été présent lors de deux journées de tournage en tant que conseiller, se souvient Alain Carlier, chargé de cours au département des sciences biomédicales de la faculté de médecine et chirurgien au CHU de Liège. J'ai également pratiqué certaines dissections, car Bruno Todeschini [qui campe le rôle d'Honoré Fragonard] était particulièrement stressé à ces moments-là... » Alain Botte et Guy Dessers incarnent quant à eux les prosecteurs de l'anatomiste, c'est-à-dire les personnes chargées de la préparation d'une dissection en vue d'une démonstration.

Également sollicité, Pierre Lekeux, professeur ordinaire à la faculté de médecine vétérinaire, n'a quant à lui pas participé au tournage. « J'ai rencontré une seule fois l'équipe, au tout début du projet, explique-t-il. Philippe Raxhon et Jacques Donjean sont venus me trouver et je les ai mis en contact avec Christophe Degueurce, le directeur du musée Fragonard, situé à Maisons-Alfort. Il est également le responsable de la fondation historique de l'École vétérinaire de la ville et est fort impliqué dans l'approche historique de la médecine vétérinaire. »

Porté par les maisons de production Tarantula à Liège et Point du Jour en France, en partenariat avec la RTBF et la Région wallonne, Fragonard intègre une intrigue biographique faisant appel à des scènes de fiction crédibles. La dissection bien réelle d'un chien fait écho à une leçon donnée par Fragonard à ses élèves de l'école vétérinaire. Des explications historiques complètent les scènes où l'anatomiste apparaît comme un homme solitaire, dévoué à la confection de ses écorchés.

L'histoire de l'anatomie doit beaucoup à Honoré Fragonard. Témoin privilégié du siècle des Lumières, période charnière marquée par l'exaltation des sciences, il reste l'un des grands acteurs de cette discipline dont les traditions remontent à l'antiquité. Sans intérêt par le pouvoir et les honneurs, Honoré Fragonard a longtemps été oublié. On lui doit d'avoir relevé le défi d'affronter la mentalité populaire hostile à l'évolution de la science. Son rôle de pionnier de l'exploration du corps est désormais fixé sur pellicule.

Sébastien Varveris est journaliste indépendant

Lire aussi : Honoré Fragonard, un anatomiste témoin de son temps, par Philippe Raxhon