Le Musée de sciences naturelles, la biodiversité illustrée et expliquée

Le particularisme des collections vivantes

Les collections zoologiques vivantes s'inscrivent dans la même démarche muséale, en y ajoutant une dimension récréative qui va susciter un intérêt encore plus important de la part du public, donc une mise en situation qui va faciliter la communication. La vision d'un animal vivant, voire son interaction avec le visiteur, va aller plus loin dans la découverte d'un être plus ou moins connu. L'approche du milieu aquatique par le biais de l'aquarium va ouvrir de véritables fenêtres vers le fond des rivières, étangs, lacs ou océans. Mis en scène, le milieu artificiel va permettre au visiteur de découvrir des milieux par définition inaccessibles, même en milieu naturel. En effet, le visiteur va franchir le miroir de la surface, qui nous isole des trois quarts de notre planète, situés dessous. Comme, en aquarium, l'animal n'est généralement pas seul, ni présenté dans un environnement dépouillé derrière d'épais barreaux, c'est à la découverte d'un véritable écosystème que le public est convié et les impressions suscitées seront renforcées. Le visiteur, intéressé ou amusé, sera encore plus proche de son sujet, et apte à entendre et à retenir le message.

Le musée vivant usera donc de ses collections vivantes comme de véritables collections muséales et dépassera le stade du simple parc animalier, qui ne garantit souvent qu'un spectacle récréatif. Chaque animal, chaque présentation deviendra un support vivant pour transmettre un message concret.

 

poisson clown
« It all started with a fish ». Bien avant que l'empire Disney ne romance – et déforme – la vie des poissons-clowns, nos visiteurs pouvaient les admirer et tout apprendre d'eux. Depuis lors, une animation « Nemo » a été créée, où nos jeunes visiteurs peuvent tout apprendre sur la vie dans les récifs coralliens. Plus de 400 groupes y ont déjà participé.

Évidemment, cette reconstitution à un coût. Par des moyens techniques appropriés, il va falloir aménager des portions d'écosystèmes artificiels qui rencontreront au mieux l'optimum vital des animaux que l'on voudra acclimater. Décors, substrat, température, oxygénation, rythmes lumineux, salinité, qualité et épuration de l'eau, nourriture... devront faire l'objet d'autant de soins. Ce n'est qu'en reconstituant les plus infimes détails du milieu où les individus auront été prélevés qu'on leur permettra de vivre dans les meilleures conditions, en respectant les principes essentiels du bien-être animal. Cette reconstitution, et la sélection des espèces vont encore ajouter à l'intérêt du visiteur. Soit parce qu'il va retrouver des animaux qu'il connaît, ou dont il a déjà entendu parler, comme les espèces des eaux douces de notre région (brochet, carpe, perche...), ou de la proche Mer du Nord (raie, daurade...), évocatrices de souvenirs d'enfance. Ou aussi parce que les noms s'associent à autant de mystères si souvent amplifiés ou déformés (requins, murènes, piranhas...) ou à des silhouettes sympathiques et médiatisées (hippocampe, poisson-clown...).

Malgré les soins apportés à la reconstitution du milieu, et aux animaux eux-mêmes, leur mort à plus ou moins long terme est inéluctable. Le musée vivant sera donc un des rares musées où il est logique de s'attendre à la disparition des pièces de collection. C'est aussi le seul musée où l'on peut s'attendre à voir les pièces de collection se manger l'une l'autre. Heureusement, si les conditions sont optimales, ces pièces peuvent aussi se reproduire entre elles pour engendrer de nouvelles générations, ce qui permet l'observation du cycle vital des pensionnaires dans sa totalité. D'autres thèmes peuvent être abordés : les habitudes de vie, les régimes alimentaires, les stratégies de reproduction, les cycles vitaux, les ressources animales et leur exploitation, la survie de notre biosphère et, partant, celle de notre propre existence, repositionnée au milieu de la Nature.

Par l'ensemble de ces démarches, on atteint donc ainsi à la réussite de notre démarche originelle : rapprocher l'homme de l'Animal, accroître et transmettre la connaissance, et sensibiliser chacun à notre destinée commune.

 

Christian Michel
Février 2011

 

icone crayon

Christian Michel enseigne l'Aquariologie, l'Écoéthologie des animaux marins et la Muséologie des Sciences naturelles à l'ULg . Il est le conservateur de l'Aquarium et du Musée de Zoologie  universitaire.

 

Dans ses tâches, Christian Michel est assisté par l'équipe mise en place par l'ASBL APAMLg (Association de Promotion de l'Aquarium et du Musée de Zoologie de l'Université de Liège) qui comprend quatre biologistes de l'Université de Liège, collaborateurs scientifiques : Sonia WANSON, Laurent BERTI, Frédéric PAQUER & Marie BOURNONVILLE. Cette équipe assure l'ensemble des fonctions muséales qui ont permis à ce fleuron de l'ULg de figurer parmi les Musées reconnus par la Communauté Française, en classe A, depuis 2009.

Voir aussi : L'Aquarium-Muséum, un musée (du) vivant

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