Le Musée de sciences naturelles, la biodiversité illustrée et expliquée

Rôles et fonctions modernes

Le muséum va donc s'acquitter, de manière équilibrée, de l'ensemble des fonctions muséales précédemment évoquées. Ce faisant, son public peut approcher et mieux connaître la diversité animale pour laquelle il manifeste toujours un intérêt marqué. En effet, le muséum offre la possibilité d'approcher des animaux de nos régions, bien souvent difficiles à observer, ou en provenance de milieux inaccessibles. En associant cette découverte – ou redécouverte – à une diffusion d'informations scientifiques pertinentes, il contribue à combler ainsi le fossé qui nous sépare de notre environnement naturel, parfois perdu de vue ou mal interprété, et transmet ou ravive des connaissances, nouvelles ou oubliées, gage de l'élévation culturelle des populations.

 requins

En découvrant sa biologie de manière ludique et interactive, les plus petits dépasseront le message médiatique de base
et retiendront – peut-être – que le requin est bien plus un animal menacé que menaçant. 

Les grands musées nationaux sont encore le siège de fonctionnement d'équipes scientifiques, surtout dévolues à des missions d'étude de la biodiversité. En l'absence de ces prérogatives, le rôle des musées de zoologie devrait moins viser l'acquisition massive et perpétuelle de collections de plus en plus étoffées, mais plutôt aller vers leur utilisation plus efficace et plus rationnelle. À ce jour, la science a décrit environ 1 750 000 espèces, mais ce chiffre pourrait, selon certains spécialistes, être multiplié par un facteur compris entre 2 et 40 pour donner un aperçu de la biodiversité totale. Il est donc illusoire de croire à une quelconque exhaustivité dans la démarche de collecte ou de présentation. À l'intention de ses publics, le muséum tendra donc plutôt à une représentativité correcte des divers groupes, en complétant éventuellement l'exposition des spécimens par divers médias explicatifs, permettant ainsi une meilleure compréhension.

Dans la mesure où un musée didactique responsable se contentera de collections représentatives, à l'échelle de ses besoins et de son public, l'accent devra être mis sur la conservation de ce matériel. En effet, par définition, les restes animaux sont périssables et il faudra trouver un juste milieu entre les techniques les plus préservatrices et la nécessité d'avoir accès au matériel pour l'étude et la démonstration. Un animal conservé sous atmosphère protectrice dans un congélateur à très basse température se conservera très bien, et très longtemps. Mais la vue de ce congélateur ne sera guère évocatrice du mode de vie de l'animal en question, et toute étude impliquera une sortie de ces conditions optimales, préjudiciable pour le spécimen. Lorsque c'est possible, une partie de ce matériel – ou du matériel similaire, mais moins bien documenté – pourra être utilisée pour des démonstrations incluant des manipulations par le public.

Même si des études portant sur la comparaison de très nombreux spécimens ne sont pas applicables à des collections réduites, ce matériel limité n'en demeure pas moins indispensable. Chaque pièce d'un musée est associée à des informations précises sur le moment et le lieu de prélèvement, ce qui lui donne une valeur scientifique de témoin. Grâce à ces collections réparties dans les diverses institutions, désormais interconnectées, les spécialistes peuvent se livrer à des comparaisons dans le temps, grâce aux spécimens prélevés à différentes époques, ou dans l'espace, en comparant des pièces en provenance d'endroits différents. Bien évidemment, l'observation nous éclaire directement sur l'aspect et la morphologie des animaux. Mais l'observation fine et la logique déductive peuvent aussi fournir des informations utilisables dans bien d'autres domaines : morphologie fonctionnelle, écologie, zoogéographie, éthologie, autant d'éléments indispensables à la compréhension de la biodiversité et des phénomènes liés à l'évolution. Enfin, dans certains cas, les pièces sont les ultimes représentants d'espèces disparues, et sont les seuls moyens d'étude de ces témoins, jusqu'y compris par les techniques les plus modernes. Car ces échantillons contiennent encore souvent de l'ADN, utilisable lui aussi par les scientifiques, pour des analyses pragmatiques, voire pour des projets, encore fort utopistes, de reconstitution d'espèces disparues.

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