Le Musée de sciences naturelles, la biodiversité illustrée et expliquée

Une collection de spécimens animaux, morts ou vivants, conservée dans un musée, peut-elle encore signifier quelque chose pour le public de 2011 ? Quelle est la valeur intellectuelle de ce patrimoine, quelles sont ses fonctions auprès des divers visiteurs ?

En ce début de 3e millénaire, dans nos civilisations occidentales, l'époque, paradoxale à plus d'un titre, complique encore la relation entre l'homme et le milieu vivant dont il est pourtant issu, dont il fait partie intégrante.

D'une part, les progrès de la technologie permettent à tout qui le souhaite d'avoir un accès privilégié à une quantité d'informations de plus en plus complètes et de plus en plus variées. Que ce soit sur l'Internet, en regardant les chaînes spécialisées ou la « télévision à la demande », ou par les médias traditionnels, l'exploration des milieux naturels les plus divers et leurs faunes respectives nous sont révélés et proposés de manière continue, au rythme des découvertes. Parallèlement, les connaissances scientifiques augmentent, et sont plus riches et plus profondes qu'elles ne l'ont jamais été.

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D'autre part, dans le même temps, notre population s'est concentrée en milieu urbain, ou a urbanisé le milieu rural. Notre mode de vie s'est modifié et la plupart d'entre nous a tourné le dos à ce milieu naturel qui a été, tantôt surprotégé, et donc encore éloigné de nous, ou, pire encore, oublié, négligé, sacrifié. Quand il n'a pas tout simplement été qualifié d'hostile et dangereux. En effet, l'approche médiatique de la biodiversité est bien trop souvent teintée de sensationnalisme. Elle ne nous montre généralement que les aspects les plus inquiétants, ce qui nous amène à craindre le danger animal dans nos forêts, nos océans, quand il ne se niche pas tout bonnement, microscopique, au fond de nos armoires ou de nos lits. À côté de ces images réelles, mais pas nécessairement bien comprises, d'autres prouesses technologiques enrichissent notre vision du monde animal d'images virtuelles, parfois explicatives, mais relevant bien souvent de la fiction ou de l'imaginaire. Ces différentes informations, réelles ou virtuelles, se mêlent aux idées reçues ou facilement transmises pour encore mieux nous égarer. Enfin, certains abusent également du fondement de la démarche scientifique – la confrontation entre hypothèses contradictoires – pour stigmatiser l'imprécision de nos connaissances et nous maintenir à distance de la bonne perception de notre environnement. À côté de cela, souvent les seuls vestiges de l'Éden, subsistent quelques espèces domestiques, le plus souvent aseptisées et humanisées, auxquelles on reprochera même parfois d'avoir conservé des comportements naturels.

Nos connaissances, paradoxalement de mieux en mieux appréhendées et maîtrisées, ne sont pas toujours bien comprises, pas toujours bien diffusées par les médias populaires. Elles sont souvent diluées, mal utilisées. Trop rarement, l'esprit critique s'y ajoute à bon escient. La communication scientifique est galvaudée, chacun se croyant compétent pour traiter de telle ou telle matière. En définitive, les progrès de la science se révèlent peu utiles pour aider à mieux comprendre et donc à mieux respecter.

Cette peur de l'inconnu et cette méconnaissance élargissent encore le fossé qui sépare l'homme de mère Nature. Enfin, même si nous disposons de plus en plus de loisirs et de moyens de les combler, l'intérêt ou le retour vers la nature ne restent la préoccupation que d'une minorité de passionnés, le plus grand nombre s'engouffrant dans les centres d'intérêt artificiels offerts par notre société de consommation.

La mission primordiale du naturaliste – dans ce cas, du zoologiste – va donc consister à resserrer les liens. L'étude minutieuse du monde animal en accroît la connaissance. La transmission correcte de ce savoir permet d'expliquer simplement la vie qui nous entoure ; elle facilite la compréhension des messages associés, notamment la nécessité de la préservation de ce patrimoine dont nous faisons partie.

Dans la mesure où, même s'il le voulait, chacun n'a pas directement accès à la nature dans tous ses recoins, le Musée de sciences naturelles – communément appelé muséum – va constituer un outil privilégié dans la diffusion des connaissances.

 

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