Le cheval, entre lois et passions

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Le milieu hippique est pour le moins complexe et très diversifié. Il se scinde en divers domaines (sport, élevage, loisirs...) qui comprennent plusieurs disciplines (jumping, dressage, complet, courses, attelage, reproduction, randonnée...) elles-mêmes subdivisées en de nombreux secteurs d'activité (palefrenier, moniteur, cavalier professionnel, gérant d'écurie, jockey, éleveur, transporteur...). En ce qui concerne les règlementations, le milieu est couvert par plusieurs compétences (agriculture, sport, environnement, secteur alimentaire...)  et niveaux de pouvoir  (européen, national, régional, communautaire)  ce qui ne facilite pas la clarté et la cohérence des différentes directives qui se chevauchent, voire se contredisent. De plus, l'abondante législation actuelle est quasiment limitée à certains secteurs, principalement liés à la sécurité alimentaire, bien que le pourcentage de chevaux destinés à l'alimentation humaine soit très faible.  Elle résulte d'une application maladroite et souvent totalement inadaptée de l'appareillage législatif concernant d'autres animaux. Bien que les règles européennes aient déjà été maintes fois réformées, la filière équine souffre encore d'un manque criant d'harmonisation des législations nationales et régionales, tant en ce qui concerne l'animal lui-même que les différentes professions autour de lui.

 

Depuis toujours, l'homme entretient avec le cheval une relation toute particulière, quelle que soit l'utilisation qu'il en fait. Avec respect, complicité, voire passion, ou simplement par intérêt, il veille au bien-être de l'animal. La valeur qu'un propriétaire attribue à la bête est avant tout d'ordre affectif, la passion rendant l'animal irremplaçable. Mais le cheval a aussi une valeur financière, relativement légère, pour un cheval de boucherie, mais infiniment plus importante pour un pur-sang olympique, puisqu'elle peut atteindre plusieurs dizaines de millions d'euros (mais l'argent est tabou dans le milieu !) . Dès lors, tout est mis en œuvre pour préserver les qualités des lignées remarquables.

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Des associations d'élevage reconnues et contrôlées par l'État belge garantissent la pureté de la race. Le registre d'élevage (ou studbook) consigne toutes les données concernant l'animal et ses géniteurs, dans un objectif de préservation et d'amélioration constante d'une race exceptionnelle. Les éleveurs sélectionnent étalons et juments avec le plus grand soin. Les transferts de sperme, d'ovules ou d'embryons sont strictement contrôlés, tant pour les aspects sanitaires que génétiques. En Allemagne et en Hollande par exemple, la sélection des juments se fait de manière très stricte. Au Royaume-Uni, plusieurs races de chevaux sont ainsi protégées.

Si les éleveurs s'attachent tant à améliorer la race et augmenter la qualité des poulains, c'est que beaucoup d'espoirs reposent sur ces animaux. En effet, il en va des résultats de l'équipe belge ! La qualité de notre élevage est telle que de grands cavaliers étrangers viennent s'établir en Belgique. Grâce à ses pur-sangs et ses cavaliers exceptionnels (les deux derniers champions du monde de jumping sont belges), la Belgique jouit d'une formidable image de marque sur le plan international et entend bien la conserver.

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Les chevaux de concours, comme les chevaux de particuliers, sont généralement très bien traités, à tous points de vue – identification, élevage, bien-être, alimentation, soins vétérinaires, médicaments, transport... –  et posent relativement peu de problèmes au législateur. Il n'en va pas de même pour les chevaux de boucherie dont les conditions d'élevage peuvent avoir une influence sur la santé humaine.

Baloubet de Rouet au Centre de médecine sportive de l'ULg (Cemespo)

Or, dans l'Union européenne, les règles en vigueur sont souvent complexes, techniques, incomplètes, divergentes d'un état membre à l'autre. Même quand il existe une réglementation européenne, l'Union laisse aux différents pays une certaine latitude dans son application et n'interdit pas de prendre des dispositions supplémentaires. Et cela ne va pas sans poser des problèmes. Par exemple, il existe une règle européenne qui exige que le toit de tout véhicule destiné au transport d'équidés soit clair. Certains états européens imposent un toit blanc. Dès lors, un camion dont le toit est jaune clair, bien qu'il respecte la législation européenne, ne pourra toutefois pas circuler sur le territoire de ces états. On voit bien combien une simple imprécision peut poser des difficultés aux éleveurs.

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