Les marchés liés aux animaux de compagnie

Les familles belges et leurs animaux

reptile

En Belgique, un peu plus de la moitié des ménages possède au moins un animal de compagnie. Ce sont principalement des chats (41%) et des chiens (31%). Parmi les autres animaux, les poissons et les petits mammifères sont les plus importants tandis que les reptiles, amphibiens et arthropodes ne sont présents que dans 4% des foyers possédant des animaux. En comparant les animaux anciennement acquis par les propriétaires, ceux qu'ils possèdent actuellement et ceux qu'ils aimeraient accueillir, il ressort que les chiens sont plus recherchés que les chats comme animal futur et que les anciens propriétaires de poissons ne sont pas enclins à en reprendre. La présence d'enfants augmente aussi bien le taux de possession que le nombre d'animaux possédés. En moyenne, deux animaux sont présents dans les foyers qui en hébergent.

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Le budget mensuel moyen accordé aux animaux dans une famille est compris entre 26€ et 50€, ce qui correspond à 300€ à 600€ annuellement. Plus de la moitié de ces dépenses sont liées à l'alimentation tandis que les frais vétérinaires en représentent un cinquième. L'achat de l'animal ne représente qu'une infime partie du chiffre d'affaire du marché des animaux de compagnie, ce qui correspondait quand même à 26 millions d'euros en 2008. Deux tiers des propriétaires fréquentent régulièrement les magasins d'accessoires ou les services pour animaux et deux cinquièmes consultent le vétérinaire tous les ans pour check up et vaccins.

Les dérives

Il existe de nombreuses dérives liées au marché des animaux de compagnie et à leurs propriétaires. La plus choquante par rapport à l'évolution de la relation homme animal est le nombre d'animaux maltraités et abandonnés pour des raisons telles que les départs en vacances, les difficultés à assumer les coûts d'entretien, la fin d'une mode ou des problèmes de comportement ou de santé de l'animal. Les abandons et les maltraitances sont punis par la loi et tout propriétaire est tenu d'alimenter, de soigner et de faire vivre son animal dans un environnement qui répond aux besoins de son espèce.

La crise financière de 2009 n'a pas eu de conséquence négative sur le marché des animaux de compagnie, ce dernier continue sa croissance. Néanmoins, les propriétaires recherchent de plus en plus les produits les moins chers. Ils trouvent souvent leur bonheur sur Internet où certaines sociétés vendent à des prix défiant toute concurrence des accessoires, des aliments mais aussi et malheureusement des médicaments ou des aliments spécifiques vendus normalement par des vétérinaires ou des pharmacies et non disponibles en vente libre pour des raisons de santé. De plus, certaines cliniques vétérinaires n'hésitent pas, aux États-Unis notamment, à mettre en place des cartes de fidélité pour les soins prodigués, mêlant ainsi médecine et commerce, chose interdite par beaucoup d'ordres des médecins vétérinaires, y compris le belge.

Si certains propriétaires contrôlent leurs dépenses, d'autres paient des fortunes pour des colliers de diamants, des séjours dans des hôtels de luxe ou dans des centres de soins. Leur animal étant un membre de la famille, il semble normal qu'il profite des mêmes soins et du même budget que n'importe quel autre membre de la famille. Et pourtant, le grand public s'indigne de voir la niche du chien de Paris Hilton coûtant plus de cent mille euros, alors que certains êtres humains vivent sans toit.

Que penser de ce marché ?

Avec un marché aussi riche, il devient difficile de faire la part des choses et de distinguer l'essentiel de l'accessoire. Par exemple, certains individus s'accommodent très bien de la plus basique des alimentations discount, tandis que d'autres nécessitent des aliments de qualité sous peine de développer des pathologies. Il est donc important de faire une distinction entre l'alimentation discount (que certains animaux ne supportent pas), de qualité (qui a un prix, mais aussi un intérêt sanitaire pour l'animal) et de luxe (qui est, dans la plupart des cas, un cadeau que le maître se fait à lui-même, par animal interposé). Ces distinctions sont également valables pour tous les accessoires et services liés aux animaux de compagnie. Seule une connaissance approfondie de l'animal (son espèce, sa race mais aussi ses caractéristiques propres) permet de distinguer l'essentiel de l'accessoire.

Le lien qui unit un propriétaire à son animal peut être fort, extrême, voire fusionnel parfois. Il arrive qu'ils soient traités comme des dieux... ou comme des objets. Si la diversité des points de vue est sans doute plus accentuée aujourd'hui, elle n'est toutefois pas neuve. Pour ceux qui adhèrent à l'idée d'une hiérarchie entre les hommes et les animaux, les dépenses engagées peuvent sembler scandaleuses. Pour les autres, le problème se pose autrement : si cela peut rendre heureux un propriétaire d'acheter ce qu'il y a de mieux pour son animal, quitte à se priver d'autre chose, en quoi cela poserait-il un problème ? Le marché est donc là car il y a une demande et il va se développer de plus en plus. Il ne faut cependant pas oublier que les animaux ne sont pas des êtres humains. Ils ont des comportements et des besoins différents et tout propriétaire se doit de les connaître pour le bien-être de son compagnon.

 

Nathalie Huybens
Février 2011

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Nathalie Huybens est doctorante en sciences vétérinaires. Dans le cadre d’un master en Science de Gestion, elle s’est intéressée au marché des animaux domestiques.

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