L'obésité chez nos animaux de compagnie

Des apports énergétiques excessifs

LENA450

La généralisation de l'alimentation sèche (croquettes) très concentrée en énergie et distribuée sans regard des besoins joue une grande part dans l'augmentation de la fréquence de l'obésité. À volume égal, les croquettes contiennent environ 5 fois plus d'énergie que les aliments naturellement consommés ou que les aliments humides (aliments en boîte). À partir du moment où l'on est conscient de ce fait, il est logique d'instaurer des mesures de prévention, à savoir un rationnement journalier individuel. Ces mesures ultra simples permettent de prévenir efficacement la prise de poids tandis qu'inversement, l'alimentation à volonté mène sûrement (et pas nécessairement lentement) l'animal à présenter de l'obésité dès la fin de la croissance.  Dans la pratique de l'alimentation ad libitum, on nourrit une gamelle et non un animal, et les apports sont dès lors totalement déconnectés des besoins.

La caractérisation initiale des propriétaires d'animaux obèses et de leurs dérives nutritionnelles a été réalisée dans une étude publiée en 1998 par une équipe multidisciplinaire allemande associant vétérinaire nutritionniste et sociologues. Les aspects sociologiques étaient caricaturaux : en comparaison à des propriétaires d'animaux de poids normal, les propriétaires d'animaux obèses étaient eux-mêmes obèses, la plupart sans emploi (sous-entendu : ils passaient leur journée à gaver leur animal), ignorants de la notion d' équilibre alimentaire ou de zoonose ; ils achetaient des friandises pour animaux plusieurs fois par semaine ; ils considéraient que les notions de  travail ou d'exercice n'étaient pas importantes et ils traduisaient toute demande de l'animal comme une demande de nourriture !  Nous nous sommes intéressés aux mêmes critères mais le portrait des propriétaires de chiens obèses est sensiblement plus nuancé : les chiens obèses sont présents dans tous les milieux ; seul l'âge du propriétaire reste statistiquement plus élevé, ce qui était prévisible vu que l'incidence de l'obésité canine augmente avec l'âge. Néanmoins, le point commun entre les études liégeoise et allemande, que l'on peut mettre également en perspective avec la clinique reste que le fait de nourrir et voir manger son animal de compagnie  – constatation similaire chez des amateurs de poissons, de lézards ou de serpents – procure à son propriétaire une grande satisfaction traduite par des phrases comme «  il aime manger, il est gourmand, il mange comme moi, quand il me regarde, je craque... » et pourtant, on n'a jamais vu un chien se lever la nuit pour vider un frigo...  Il nous faut conclure que chez ces propriétaires, la nourriture constitue un moyen de communication privilégié, voire parfois unique avec son animal.

Enfin, un grand nombre de chiens et de chats deviennent obèses, tout simplement, par manque de soins et d'attention. Leur excès pondéral progresse d'année en année, dans l'indifférence totale. Les visites régulières chez le vétérinaire, la pesée annuelle n'y changent rien ; le fait est constaté mais n'entraîne aucune réaction de la part des maîtres.

En conclusion, les carnivores de compagnie sont plus nombreux à être obèses aujourd'hui qu'hier parce qu'ils sont moins actifs et qu'ils sont nourris en excès par rapport à des besoins faibles. Cette situation découle dans la plupart des cas d'une certaine méconnaissance des besoins de ces espèces, en termes d'activité et bien sûr, d'alimentation. Les causes de l'obésité sont donc largement connues, depuis plusieurs années, et pour un animal particulier, elles peuvent être mises en évidence dans le cadre d'une consultation vétérinaire. En outre, un animal devient obèse parce qu'aucune mesure de prévention n'a jamais été instaurée ou que la prévention a échoué, le premier cas de figure étant le plus fréquent. Au cours de la vie des animaux de compagnie, il existe des moments clés pour la prévention de l'obésité : la fin de la croissance, la stérilisation et le vieillissement qui s'accompagne parfois d'une diminution de la mobilité. La visite annuelle, à l'occasion des vaccins, doit inclure une pesée et une mise au point sur l'alimentation.

 

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