L'obésité chez nos animaux de compagnie

Une fois l'obésité installée, quelles réponses apporter ?

Récemment, deux laboratoires ont mis sur le marché des médicaments destinés à traiter le chien obèse, à savoir des molécules initialement développées pour le traitement de l'obésité humaine. Des traitements chirurgicaux ont été également été testés dans un cadre expérimental. Ces produits et techniques se sont révélés décevants, notamment en raison du manque d'implication du propriétaire à long terme.

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Le seul traitement efficient est un régime hypo-énergétique lent sous surveillance vétérinaire, avec une perte de poids initial variant de 1 à 2 % par semaine.  Au cours de la dernière décennie, des aliments thérapeutiques et des protocoles efficaces ont été développés : en conditions expérimentales, tous les chiens et chats obèses soumis à de tels protocoles perdent leur excès pondéral sans perte de masse musculaire et retrouvent un état de santé satisfaisant. Or, en pratique, les résultats sont peu probants en raison du taux élevé d'abandons du traitement.  Pour le praticien, il ne suffit pas de disposer d'outils performants, encore faut-il convaincre de leur efficacité des propriétaires assez réticents, voire même vexés. Il importe donc pour les vétérinaires de développer des compétences de communication, d'encouragement, d'empathie en plus de la mise en place d'un suivi à court, moyen et long terme. 

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Pour augmenter l'activité physique chez l'homme, tout en renforçant le lien entre l'homme et l'animal, d'aucuns ont imaginé des programmes expérimentaux d'activité, dont certains ont été ensuite pérennisés. 

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À titre d'exemple, le programme « Walk a hound, lose a pound »  a débuté en 2007 à l'université du Missouri et avait pour objectif de mesurer l'activité hebdomadaire de volontaires qui emmenaient un chien de refuge en promenade. Les participants ont reconnu avoir largement accru leur temps d'activité physique.  L'étude « OPET » pour « Owner and Pets Exercising Together »  montre des bénéfices métaboliques pour des patients humains obèses associés à leur chien dans un programme d'exercice, en comparaison à des patients ne possédant pas de chien. Ces études, certes séduisantes, sont en réalité centrées sur le lien entre sédentarité humaine et animale et proposent une forme d'utilisation de l'animal : la présence du chien encourageant le maître à faire de l'exercice.  Néanmoins, ne tombons pas dans l'angélisme ; ces études sont fortement sponsorisées par l'industrie du petfood qui les utilise aussi comme stratégie de communication.

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Des vétérinaires comportementalistes ont également développé des outils visant à lutter contre l'obésité animale, principalement en modifiant les pratiques alimentaires habituelles et en conseillant les propriétaires sur l'exercice ou le jeu.  L'intérêt principal d'une consultation avec un comportementaliste dans ce cadre est d'analyser la forme de la relation homme-animal et d'expliquer les besoins fondamentaux des animaux, souvent mal compris, mal interprétés ou ignorés. Les interventions de type comportemental sont indispensables pour obtenir des résultats à long terme.

Enfin, au terme de cette réflexion, on ne peut ignorer un autre point choquant : la notion même d'obésité animale  et le gaspillage de ressources (végétales et animales) qui est à l'origine du problème ; cet aspect éthique est cependant rarement évoqué en pratique ; il ne sera jamais utilisé comme un argument parce que bien trop culpabilisant ou inversement, sans aucune portée.  En outre, c'est un concept trop large : dans le cadre de la consultation, les propriétaires attendent qu'on leur parle de leur chien ou chat individuellement et de la relation particulière qu'ils entretiennent avec leur animal de compagnie.

Il nous faut donc conclure que l'obésité animale est une conséquence de notre mode de vie sédentaire ou de notre ignorance. Le responsable de l'obésité animale est bien l'homme, et non l'animal. Par conséquent, c'est en travaillant avec l'homme que l'on obtient des résultats probants, tant en termes de prévention que de traitement.

Marianne Diez
Février  2011

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Marianne Diez est vétérinaire nutritionniste spécialisée dans la nutrition des animaux de compagnie.  Ses principales recherches portent sur les fibres alimentaires et les prébiotiques ainsi que les désordres métaboliques associés à l'obésité chez le chien.


 
 
Bibliographie : Sur demande auprès de l’auteur

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