Gagaku : Musique traditionnelle de la Cour impériale du Japon

La musique traditionnelle de la Cour impériale au Japon (gagaku) est une des formes les plus anciennes de musique encore actuellement pratiquées. L'utilisation des deux caractères qui en japonais se prononcent gagaku (en chinois : ya yue) peut être retracée jusqu'aux « Entretiens de Confucius » (Lun Yu) ou ils apparaissent avec la signification « musique élégante, raffinée1 ». L'importance accordée dans le Confucianisme à la musique traditionnelle comme un moyen d'éducation et de perfectionnement moral influencera aussi au Japon très largement les notions éthiques liées à la musique2.

Le 22 novembre à 19h, e Centre d'études japonaises de l'Université de Liège vous invite à un
concert de Gagaku  par le Kitanodai Gagaku Orchestra
dans la salle académique de l'Université, place du 20-Août, à Liège
Concert gratuit, ouvert à tous.

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La musique gagaku inclut la musique instrumentale, le chant et la danse. Elle est utilisée pour des cérémonies officielles et se distingue fortement des formes de la musique populaire. Les développements qui mènent à la création de la musique de la Cour au Japon sont multiples et fortement influencés pas les contacts avec les différentes cultures du continent asiatique.

Lors de la création de l'État japonais et l'établissement  d'une Cour impériale au 7e siècle de notre ère, le Japon entretient des relations étroites avec le continent. Probablement déjà à partir du 5e-6e siècle de notre ère des musiciens coréens introduisent la musique de la Cour de trois royaumes coréens Silla (jap. Shiragi), Paekche (jap. Kudara) et Koguryô (jap. Koma).

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D'abord sous le nom de sankangaku, ensuite connue à la Cour impériale sous le nom de komagaku, cette musique transmet également des influences de la musique de la Manchourie3  et de la musique chinoise, qui va jouer, entre le 7e et 9e siècle, un rôle important sous le nom de tôgaku, musique chinoise ou littéralement « musique de la dynastie des Tang»4. Cette musique inclut probablement aussi des influences du Royaume Rin'yu en Asie du sud-est.

Toutes ces différentes formes coexistaient séparément à la Cour impériale, chaque école gardant son style spécifique. Au début du 8e siècle, le bureau impérial de musique (gagakuryô ou utamai no tsukasa) fut créé, afin d'améliorer l'organisation de l'éducation et de la pratique musicale des différentes écoles, souvent liées à une famille particulière. Ce bureau va par la suite inclure également une section pour les chants traditionnels japonais (outa), ainsi que pour la future évolution de cette musique vocale (outadokoro).

Tous ces différents groupes participent probablement en 752 à la cérémonie d'inauguration du Grand Bouddha au Tôdaiji dans la capitale de l'époque, Heijôkyô, l'actuelle ville de Nara.

Durant l'époque Heian (794-1185) la musique gagaku va subir certaines réformes. La réorganisation du système musical et des différentes écoles va ainsi conduire à une réduction du nombre des membres des différents orchestres et à la création d'une sorte de statut de fonctionnaire pour les musiciens. Les différents styles et formes musicales, ainsi que l'utilisation des instruments sont également reformés. Néanmoins la musique gagaku est à cette époque très populaire auprès de la noblesse de la Cour, et en dehors des représentations officielles et cérémonielles, de plus en plus de concerts privés sont organisés5.


 

 
 
1 Lun yu (jap. Rongo), chapitre XVII, 18 : « The Master said, I hate to see roan killing red, I hate to see the tunes of Chêng corrupting Court music, I hate to see sharp mouths overturning kingdoms and clans. »
2 « Confucianism (although it should be regarded as philosophy and ethics rather than religion), especially through the ideals of loyalty and filial pity, became the most important moral stimulus. This applied not only to themes and texts but also to the purpose behind the creation of a work of art. In the music of the feudal period, confucianism served as an ethical principle which was observed by the members of a given school. », Kishibe : The Traditional Music of Japan, p. 13
3 Introduit au Japon sous le nom bokkaigaku.
4 La dynastie des Tang (618-907) était une des dynasties les plus cosmopolites en Chine et exerçait une importante influence culturelle sur le Japon.
5 Sur l'influence de la musique durant l'époque Heian, voir Ivan Morris : The World of the Shining Prince, pp. 188-190

 

 

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