Manga : codes et scénarios entre fiction et réalité
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Le manga sportif est probablement le genre le plus répandu et le plus populaire parmi les shōnen manga. Les sports abordés sont multiples et se classent principalement en deux catégories : les sports d'équipe et les sports pratiqués en solitaire.

Les sports d'équipe (baseball, football, basket et volley), abondamment pratiqués dans les clubs scolaires, font partie intégrante de la vie quotidienne au Japon. Il n'est dès lors pas étonnant de les retrouver massivement dans la bande dessinée. De plus, ces séries mettent en avant des valeurs importantes aux yeux des Japonais : l'esprit d'équipe, l'union qui fait la force, l'endurance, l'abnégation... Citons Captain Tsubasa ou encore Rookies de Masanori Morita.

Il en va un peu de même pour les séries traitant des sports pratiqués en solitaire, comme la boxe (Ashita no Joe est un grand classique), l'athlétisme ou les sports traditionnels (judō, kyudō, kendō). Là aussi, le lecteur retrouve des valeurs héritées du Bushidō, appliquées à un héros qui cherche sans cesse à être le meilleur et à se dépasser.

Cette idéologie remporte un énorme succès auprès des lecteurs masculins qui souhaitent s'identifier au personnage principal. Notons d'ailleurs qu'à l'inverse de la bande dessinée américaine, il n'y a pas de super-héros parfait au Japon. Le sportif, malgré son courage, connaîtra l'échec et le doute, se rapprochant ainsi beaucoup plus de son public.

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Le dernier thème abordé est celui de la science-fiction. Genre brillamment modelé par Osamu Tezuka avec Tetsuwan Atomu, la science-fiction reste un univers où l'imaginaire du dessinateur peut faire des merveilles. Robots géants pilotés par de vaillants combattants de la paix et de la justice, le genre est devenu un classique notamment grâce au succès rencontré par les œuvres de Gō Nagai. L'avatar moderne de cette production, le genre « mecha », insiste lui sur la haute technologie qui fait encore aujourd'hui la fierté du Japon (voir la série des Gundam ou les œuvres de Masamune Shirow).

 

De l'action et du réalisme

Une large place est accordée dans ces manga aux scènes d'action : combats et matchs peuvent s'étirer sur plusieurs dizaines de pages, véritablement chorégraphiés grâce au savant découpage des vignettes et à la construction de la page. Le tramage et les bruitages sont envahissants, contribuant à rendre le mouvement et le dynamisme de ces épisodes. Entre ces « climax », l'auteur consacrera généralement quelques feuillets à l'évocation d'intrigues secondaires permettant de développer un peu plus la psychologie des personnages.

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À gauche : couverture d'un magazine sportif reprenant un héros populaire des manga pour garçons :
«Captain Tsubasa» de Yôichi Takahashi. À droite : page montrant le découpage dynamique
des manga pour jeunes adolescents masculins et leur goût pour l'univers futuriste : «Appleseed» de Masamune Shirow

 

Au point de vue du dessin, le graphisme tend généralement vers un certain réalisme, tempéré par la stylisation des traits du visage, l'intérêt des auteurs et des lecteurs se portant essentiellement sur le rendu des scènes d'action. Cette tendance au vérisme n'empêche cependant pas quelques aberrations visuelles, des petits « trucs » employés par l'auteur pour donner plus d'intensité dramatique à certains moments cruciaux. Ceci est particulièrement remarquable dans les manga de sport où les ballons affectent parfois des formes étrangement oblongues et où les sportifs peuvent effectuer des bonds prodigieux à l'encontre des règles de la pesanteur.

Les couleurs des jaquettes et illustrations promotionnelles sont toujours des coloris primaires, qui tranchent assez les uns avec les autres, exactement comme pour les yōnen manga.

Les shōjo manga

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Apparus eux aussi vers 1920, les shōjo manga sont au départ exclusivement dessinés par des hommes. Ces premières séries présentent un style assez similaire à celui des shōnen manga et le répertoire se limite à des récits humoristiques mettant en scène des personnages féminins. C'est donc à un homme, le maître Osamu Tezuka lui-même, que le shōjo manga doit son premier grand succès avec Ribbon no kishi (« Princesse Saphir »). Vers 1960, les femmes prendront enfin le relais puis finiront par s'imposer largement. Aujourd'hui, le shōjo manga est avant tout une bande dessinée créée par les femmes pour les femmes. Dans certains cas, elles vont oser aborder ces thèmes de manière plus crue et s'orienter alors vers un lectorat un peu plus âgé ; ce sont les josei manga.

Intrigues amoureuses

À l'origine, les histoires développées dans les bandes dessinées pour filles étaient relativement simples : une relation amoureuse contrariée se terminant soit par un « happy end » soit par un drame émouvant. Progressivement, le genre shōjo va devenir de plus en plus sophistiqué. Les thèmes varient et les lectrices peuvent dès lors choisir parmi une vaste gamme de manga de sport, de fresques historiques (La rose de Versailles de Riyoko Ikeda), d'aventures de science-fiction (Sailormoon de Naoko Takeuchi) etc. L'humour n'est pas absent de cette production mais le trait commun à toutes ces séries est d'étudier les sentiments amoureux des protagonistes.

yaoi

Vers 1970 apparaissent les premiers manga féminins dont les héros sont majoritairement des hommes. Dans ces œuvres sont abordées des histoires d'amours homosexuelles, selon les canons graphiques usuels du shōjo. Ce style va rencontrer un vif succès auprès des lectrices, qui y voient une interprétation moderne de l'amour courtois du Moyen-Âge. À l'heure actuelle, il s'agit d'un genre à part : le manga yaoi.

Vu le vieillissement progressif du lectorat, les années 1980 seront marquées par le développement de bandes dessinées destinées à un public adulte. Les thèmes abordés sont beaucoup plus contemporains et les intrigues se déroulent généralement au Japon, dans des familles comme les autres.

 

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