Du poison dans les fungi, 2e partie

La première partie de notre article consacré aux champignons a mis en évidence toute la perplexité et la méfiance des scientifiques à leur encontre. Malgré tout, cette hostilité quasi généralisée n'a pas découragé quelques observateurs courageux de décrire et de classer les espèces comestibles et non comestibles. En même temps que la curiosité scientifique, la nécessité de venir au secours des populations nécessiteuses exhorte un certain nombre de mycologues à perfectionner la description des champignons. Ces derniers, en effet, offrent à discrétion un apport nutritif non négligeable.

 

Oronge
L'amanite des Césars, dite oronge, est considérée comme l'un des champignons les plus fins qui soient. Hélas, elle ne pousse pas sous nos latitudes. Illustration du Traité des champignons comestibles (1838).

 

La classification des champignons

Nous en étions restés à la classification, pour le moins sommaire, de Dioscoride : les champignons se divisent en deux catégories, ceux qui entraînent la mort et ceux qu'on peut manger. Pendant des siècles, les scientifiques n'éprouveront pas le besoin d'approfondir le sujet. Ainsi, au 12e siècle, dans le Circa instans attribué à Mattheus, les champignons sont toujours présentés selon Dioscoride.1

À la Renaissance, cette classification vole en éclats. Un groupe d'Allemands réformés donne un fameux coup de pied dans la science botanique en révisant totalement les herbiers médiévaux. Parmi eux, Jérôme Bock (et non Bosch !) (1498-1554) fait paraître son New Kreütterbüch (nouvel herbier, 1539), dans lequel il distingue douze champignons différents. Soixante ans plus tard, en 1601, le Flamand Charles de l'Écluse franchit un cap important en décrivant plus de cent espèces. On le considère comme le fondateur de la mycologie, bien que ses champignons ne soient pas encore classés.2

Amanite tue-mouche
Aquarelle représentant les vénéneuses amanites tue-mouche dans le Fungorum in Pannoniis observatorum brevis historia (1601). En observant et en décrivant -mais sans les classer- plus de cent espèces trouvées en Hongrie, Charles de l'Écluse est probablement le pionnier le plus important de la mycologie. Ses illustrations sont exceptionnelles pour l'époque.


 
1 Hendrik C.D. de Wit, La vie racontée : une biographie de la biologie, p. 75.
2 Idem, p. 139.

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