Le ballon, c'est aussi dans la tête !
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Peu d'ouvrages ont abordé la question de la psychologie dans les sports collectifs comme le football.  Les raisons en sont multiples mais la principale cause tient sans doute dans la difficulté qu'il y a à appréhender la dimension psychologique dans les groupes.  Ainsi,  la compétition et la coopération, la dynamique de groupe et l'équipe sportive, la cohésion mais aussi les différentes dimensions individuelles sont autant d'éléments qui pouvent affecter la performance sportive.  La personnalité de l'athlète,  sa motivation, ainsi que de son niveau d'activation entrent forcément en ligne de compte.  Les diverses dimensions – individuelles et collectives – sont intimement liées.  Il est extrêmement difficile de les dissocier les unes des autres ; un découpage de la réalité ne peut qu'être arbitraire. 

La psychologie du sport connaît, depuis quelques dizaines d'années, un développement certain en Europe même si elle reste très peu représentée en Belgique francophone tant dans les centres universitaires que sur le terrain.  Elle peut  se définir de manière globale comme l'étude du comportement dans le cadre d'une activité physique et sportive.  Elle s'intéresse aux changements comportementaux survenant dans ces contextes et qui pouvent affecter le sportif dans le contexte footballistique.
 

Dimensions psychologiques individuelles

Quand les psychologues parlent de personnalité, ils s'intéressent aux différences individuelles.  De manière très schématique, la personnalité est considérée à la fois comme stable et dynamique.  Il est bien difficile de comprendre à quelles dimensions un entraîneur renvoie quand il signale que le joueur brésilien Ederson a manqué de personnalité lors d'un match, ou qu'un journaliste sportif mentionne le manque de personnalité de l'équipe anderlechtoise !  De quoi parle-t-on quand on évoque la « classe et la personnalité » de Jovanovic ou de Pocognoli ?  Le terme est utilisé de manière tellement imprécise...

La personnalité ne pourra jamais prédire le succès d'un athlète même s'il semble qu'un bon contrôle émotionnel, un bon niveau d'extraversion, un amour propre élevé, une détermination ou encore une fermeté mentale sont des gages de succès au football.  Van Buyten ne dit-il pas que son respect des gens lui a joué des tours, jusque dans ses prestations ?

Si la mesure de la personnalité s'avère utile dans la pratique professionnelle, on rappellera toutefois que la personnalité – ou du moins certaines de ses composantes – fluctue avant et pendant la compétition, mais également durant toute la saison sportive.  De plus, si des mesures de la personnalité peuvent être effectuées en milieu sportif, un inventaire de personnalité ne devrait pas être utilisé pour la sélection d'une équipe, ce qui semble pourtant être parfois le cas, à côté d'autres mesures, notamment à Amsterdam pour la sélection de jeunes au club de l'Ajax.

En milieu sportif, il est aussi essentiel de comprendre les différences individuelles par rapport aux orientations motivationnelles (primes de participation, perception des compétences, auto-détermination...) et de discerner les indicateurs des niveaux de motivation intrinsèque et les différents buts poursuivis (soit orientés vers la tâche, soit orientés vers le résultat). Au football, rien ne peut plus affecter la performance que la motivation.  Trop faible, elle conduit à de piètres performances, trop haute, elle peut amener le joueur à prendre trop de risques !

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Robert Davies, Série Epiphany, Série Epiphany, 1998-2003, C-print sur aluminium / C-print on aluminium, 74 x 91 cm © Leslie Artamonow - © Robert Davies www.robertdavies.uk.com

 

 

Plusieurs théories de la motivation coexistent dans lesquelles on distingue habituellement la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l'amotivation.

Dans ce contexte, la motivation intrinsèque est associée à la pratique d'un sport, pour le plaisir et par intérêt pour l'activité elle-même ; c'est sans doute elle qui devrait être prioritairement valorisée chez les athlètes.  Elle concerne le plaisir et la satisfaction que l'on ressent lors de nouveaux apprentissages (techniques, tactiques...) ou lorsqu'on est en train d'accomplir quelque chose ou encore lorsqu'on essaie de relever un défi difficile.  On parle aussi de motivation intrinsèque quand on entreprend une activité dans le but de ressentir des sensations stimulantes ou que l'on fait une activité par simple plaisir.  À l'entraînement, Leekens a dit à son équipe que l'amusement que les internationaux doivent ressentir quand ils se retrouvent en groupe est primordial...

Au contraire, la motivation extrinsèque est associée à une activité pour en retirer quelque chose de plaisant ou pour éviter quelque chose de déplaisant.  Ici, l'individu s'identifie aux conséquences et aux comportements.  Le comportement est valorisé, jugé important par l'individu et provient de son propre choix ou non.  C'est le cas notamment lorsque le comportement est déterminé par des sources externes comme des récompenses ou des pressions.  Gagner le match ou éviter l'échec sont les deux facteurs fondamentaux au football, avec une action plus forte pour le premier.  Dans ce sport, la motivation extrinsèque peut aussi être améliorée tout simplement par l'arrivée d'un nouveau sélectionneur – serait-ce l'effet Leekens (encore lui) sur les Diables Rouges en mai dernier ? – ou encore l'arrivée d'un joueur dans l'équipe – quel sera l'impact de la venue de Villa, brillant butteur durant la Liga cette saison, au FC Barcelone ?

Enfin, on parle aussi d'amotivation pour renvoyer à l'absence de motivation.  L'individu devient amotivé ; il ne perçoit plus de relations entre ses actions et les résultats obtenus.

 

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