La dynamique de groupe permet de décrire la vitalité et les changements opérés dans les groupes.  Elle décrit le comportement du groupe comme on le ferait pour un seul individu. 

Ainsi, très clairement, le sport est bien un lieu où la dimension groupale peut être étudiée.  Or, la psychologie du sport a peu abordé cette question.  Quand ce thème est étudié, il aborde plutôt des questions relatives aux relations dans le groupe.  On trouve des études portant sur la nature du groupe, le développement du groupe, la relation entre les groupes, la relation entre le groupe et les individus, ou encore la relation entre le groupe et d'autres institutions plus larges.

L'examen de la composition de l'équipe est essentiel.  Parmi ses propriétés, on citera les caractéristiques physiques, les habiletés mentales et motrices, les attitudes, la motivation, la personnalité ou encore les identités sociales diverses (âge, sexe, éducation ...).

Si certains insistent sur l'importance de la quantité disponible de propriétés personnelles, d'autres accordent plus d'importance à la variabilité des propriétés individuelles.  Ne devrait-on pas parler davantage de complémentarité des propriétés entre les membres d'une équipe ?  Une équipe représente plus qu'une simple addition de talents individuels.  Pour reprendre l'expression gestaltiste : le tout est supérieur à la somme des parties.

Plusieurs études ont tenté de mettre en évidence les ressources qui influencent le plus la productivité de l'équipe sportive.  Ainsi, certains ont rapporté une corrélation positive entre le succès de l'équipe et l'orientation vers la tâche (plutôt que vers le résultat) par l'entraîneur. 

Concernant l'importance des ressources individuelles, on a pu, par exemple, rapporter une corrélation très élevée entre ressources individuelles et performance du groupe au football. Dans une étude consacrée au basket-ball, on indique le rôle du membre « fort » sur les autres individus de l'équipe tant au niveau de la motivation que de l'apprentissage.

L'hétérogénéité peut être à la base de la complémentarité.  La complémentarité des styles d'action des membres a été soulignée dans certains sports,  il ne serait nullement surprenant que cela soit également le cas au football.

La cohésion du groupe est un autre facteur essentiel pour la bonne performance de l'équipe.  À quelques semaines du coup d'envoi du Mondial, l'ancien joueur Milla n'hésite pas à dire que la force du Cameroun est la cohésion des joueurs.  On a pu montrer une plus forte cohésion dans les groupes où les membres ont un même background social, ou encore dans les groupes composés de membres masculins. Par ailleurs, une expérience partagée par l'équipe accroît la cohésion du groupe.  Ainsi, les échecs et les réussites antérieurs favorisent la cohésion.  Commentant la performance de ses joueurs, l'entraîneur Benitez souligne que ce qui a fait la différence au sein de l'équipe de Liverpool, c'est la passion et la cohésion collective, et ce, après quatre défaites consécutives l'automne dernier.

La cohésion n'est pas nécessairement la cause directe d'une meilleure performance, cette dernière peut se placer plutôt au niveau de l'effort réalisé par les différents membres pour atteindre les buts de l'équipe. 

Aussi, une forte cohésion au sein de l'équipe semble avoir un impact sur l'état psychologique général des membres et amène plus de satisfaction individuelle par rapport à la compétition. Une coupe du Monde tient une place importante dans une carrière ; la cohésion est indispensable à ce stade de compétition.  Beaucoup d'entraîneurs se posent sans doute cette question à cette période de l'année ; le 11 juin est en vue !

Marc Lejeune
Mai 2010

Marc Lejeune est docteur en psychologie de Stirling (Écosse) et a mené une carrière scientifique à l'ULg où ses recherches portaient principalement sur la psychologie du sport. Il est chroniqueur indépendant.