Le ballon, c'est aussi dans la tête !

Le monde du sport utilise volontiers des récompenses extrinsèques telles que des trophées ou de l'argent afin d'accroître la motivation du participant.  Cette vue est fort simpliste !  Une récompense extrinsèque pour un sportif intrinsèquement motivé va avoir un impact négatif sur sa motivation.  Celui-ci pratique son activité sportive parce qu'il le veut et non parce qu'il est récompensé.  Dès qu'une récompense est proposée, ce sportif entre en conflit entre son besoin d'autodétermination et le fait d'être contrôlé par cette récompense.  Le sport risque de ne plus être pratiqué pour le plaisir mais pour la récompense.  Recevoir une récompense pour l'accomplissement d'une performance peut aussi représenter une information positive sur la compétence et peut ainsi augmenter la motivation intrinsèque (avec cette fois une orientation « résultat »).  Dans ce cas, le sportif s'engage dans l'activité dans le but de recevoir la récompense.  Si la récompense n'est pas obtenue, vu la réorientation des objectifs, celle-ci va être perçue comme une information négative qui va diminuer le sentiment de compétence et la motivation intrinsèque. On voit, par cet exemple, combien la motivation d'un sportif peut évoluer en fonction de sa perception de la situation. 

Une autre dimension individuelle importante au football est le stress.  On entend encore Leekens dire à son équipe, juste avant le match contre la Bulgarie, que le résultat n'est pas important, mais selon lui, c'était évidemment pour évacuer la pression... Les joueurs sont hyper-médiatisés.  Ils doivent obtenir des résultats très vite à moyen et long terme et ce, aux yeux des dirigeants, des médias et des supporters.  Pour certains clubs, une mauvaise saison peut être synonyme d'une descente de division.

Les psychologues du sport se sont longtemps intéressés aux causes et aux effets du niveau d'activation, du stress et de l'anxiété sur la compétition sportive.

En approchant ces concepts dans une perspective interactionniste ou transactionnelle, l'importance des processus cognitifs est telle que ce n'est pas tant la situation en elle-même, mais plutôt la perception de cette situation, qui engendre le stress. L'évaluation cognitive se fait en deux temps. Dans un premier temps, l'individu évalue le rapport entre la situation dans laquelle il se trouve et lui-même, ainsi que les habiletés d'affrontement adéquates dont il dispose. La situation peut alors être jugée neutre, bénigne ou positive, ou génératrice de stress. Dans un deuxième temps, l'individu évalue les conséquences de l'utilisation des stratégies d'affrontement (coping) dont il dispose. Ces stratégies d'affrontement se répartissent en deux catégories non exclusives : celles orientées vers le problème (recherche d'informations, résolution de problèmes...) et celles orientées vers l'émotion (réduction de l'impact émotionnel, du stress...).

Différentes théories tentent d'établir la relation entre niveau d'activation et performance.  La théorie du U inversé suggère qu'une augmentation de l'activation accroît la performance, mais si le niveau d'activation continue de croître, la performance chute ; performance et niveau d'activation reposent sur une relation curvilinéaire.  La théorie de la Zone Optimale de Fonctionnement insiste sur le fait qu'il est difficilement envisageable de pointer un seul niveau d'activation optimal pour tout le monde ; le niveau d'activation est donc un concept fortement individualiste.  La théorie de la catastrophe (prolongement de la théorie en U inversé) propose que, quand un sportif dépasse un seuil critique de tension, il y aura un très important déclin dans sa performance.  La récupération devient donc très difficile après cette « catastrophe ».  Enfin, la théorie du renversement postule que la relation entre le niveau d'activation et les émotions dépend de l'interprétation cognitive que le sujet donne de son niveau d'éveil. Ainsi, un haut niveau d'éveil peut être vu comme de l'excitation (positif) ou de l'anxiété (négatif), et un faible niveau d'activation comme de la relaxation (positif) ou de l'ennui (négatif).  Dans la mesure où l'activation et l'émotion varient sur un continuum, la théorie prédit que deux courbes permettent de décrire la relation entre l'éveil et le plaisir.

 

Dimensions groupales

foot

Dans cette seconde partie, nous considérerons quelques dimensions groupales pouvant influencer une équipe sportive.  Ces dimensions sont, bien entendu, essentielles quand on s'intéresse à un sport collectif.

Le sport est fait de compétition et de coopération.  Tout doit être mis en œuvre pour atteindre certains objectifs.  Très clairement, dans le contexte de la compétition, si une personne ou une équipe atteint le but, l'autre ne peut pas l'atteindre.  Au contraire, la coopération suppose que les buts des participants soient mutuellement interdépendants.  Peu de situations de la vie quotidienne sont purement coopératives ou compétitives.

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Plusieurs recherches indiquent que le travail en équipe est meilleur quand un but commun est clairement énoncé.  Le fait d'atteindre ce but commun produit une satisfaction équivalente chez tous les participants du groupe.  Ainsi, il est primordial que tous les athlètes composant l'équipe comprennent leur rôle, et luttent pour ces buts communs. 

La compétition à elle seule peut produire des effets négatifs. On a pu montrer une plus grande efficacité de la coopération sur la compétition.  La coopération permet d'augmenter la réussite et la performance. Cette conclusion doit toutefois être affinée sur base de la perception qu'ont les athlètes de la compétition (par exemple, différences culturelles), ou encore de renforcements associés à la compétition. La compétition est aussi une affaire culturelle, une affaire de société.  Certains groupes ou certaines sociétés sont, en effet, fortement orientées vers la compétition.  Mais si cet esprit de société peut être bénéfique, il peut également conduire à certains comportements négatifs tels que la violation des règles du jeu ou encore aboutir à la prise de substances dopantes (par exemple, des stéroïdes). La compétition peut aussi produire des effets positifs, notamment sur le développement de la motivation qui, en retour, pourrait conduire à une amélioration des performances.


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