Exposition « One shot » : Un tour du monde en ballon rond...

Panini collector

Et pour rester dans l'ambiance foot jusqu'au bout, le catalogue de l'exposition, reprenant les photographies des œuvres présentées, a été imaginé en hommage aux albums « Panini ». Une présentation originale qui permettra au visiteur de retrouver ses souvenirs d'enfance en disposant les œuvres de l'exposition, reproduites sur vignettes autocollantes, dans son album. 

 

Arbitrage artistique

everaert

Parmi les pièces exposées, une œuvre sans titre de Patrick Everaert spécialement conçue pour l'exposition. La photographie, représentant un banc de touche, témoigne de la passivité et de la solitude ressenties par certains joueurs, n'ayant pas la chance de fouler le terrain...

Le football n'étant pas son centre d'intérêt premier, il n'aurait jamais imaginé travailler sur ce sujet. « Je n'ai pas du tout l'habitude de travailler sur commande ni sur des thèmes précis. C'était donc un exercice un peu hors norme pour moi. C'était intéressant parce que cela m'a permis d'explorer un champ que je n'aurais probablement jamais abordé si je n'y avais pas été invité ! »

« One Shot » rime avec réussite pour l'artiste qui reconnaît la difficulté de mettre en place ce genre de thématique. Loin de tomber dans l'insignifiant et l'anodin, l'exposition se veut innovante et permet, selon lui, d'amplifier certains phénomènes latents de notre société.

Que ces problématiques se reflètent dans le sport ou dans l'art importe peu à Everaert, pour qui la frontière entre culture de masse et  haute culture ne devrait pas exister. « Si l'art ne servait pas l'ensemble de la société, il serait un exercice vain. Selon moi, l'art aussi bien que le sport sont deux moyens d'expression, touchant malheureusement deux publics différents, mais ayant chacun une validité propre. »

L'intérêt de l'exposition, en plus de sa grande diversité, serait donc de rassembler des publics différents autour d'un questionnement critique sur le monde. « Chacune de mes œuvres possède des niveaux de lectures différents pour que chaque personne, quel que soit son bagage, puisse faire son propre parcours face à l'image. » Certains l'appréhenderont donc de manière purement instinctive et sensorielle, alors que d'autres l'investiront avec des outils sémiologiques, philosophiques... Pourtant, il n'existe pas de hiérarchie entre ces deux styles d'interprétation selon Everaert. «  Une œuvre d'art réussie est une image qui a beaucoup à offrir mais qui n'apporte pas toutes les réponses, de manière à ce qu'on ait envie de la réinterroger souvent... « One Shot » réussit ce défi ! »  

Autre artiste, autre point de vue. Jean-Pierre Ransonnet, auteur d'une toile intitulée Insultes, s'exprime quant à l'association football - art contemporain. « Je ne crois pas qu'on puisse transmettre le goût du football grâce à l'art. Quoique le foot, à un certain niveau, peut devenir de l'art. Mais ce sont deux mondes totalement différents avec leurs codes respectifs. Il ne faut pas, pour autant, glorifier l'art par rapport au sport. Il y a du grand sport, du grand art et du bête sport comme du bête art, mais l'un ne va pas tellement avec l'autre... »

ransonnet

Pourquoi avoir, dès lors, choisi de travailler sur ce sujet qui ne semble pas l'inspirer à première vue  ? L'affectif et les souvenirs de jeunesse occupent une place importante dans le travail de l'artiste. Le thème des Ardennes, où il est né, revient d'ailleurs régulièrement au fil de ses œuvres. Ayant joué au football dans les années 1960, friand de l'ambiance qui s'en dégageait, il commence à élaborer une série de dessins humoristiques sur le sujet. « C'était les bas trop longs, les shorts trop courts, mal lavés, les terrains, les ballons trop gros, les noms des joueurs... »

Dans cette série, il réalise Insultes en 1975. « J'ai dessiné un bête terrain au pinceau comme si c'était un graphisme et j'y ai marqué, de manière spontanée, ce que les joueurs disent et entendent sur le terrain. » Boubiet, cougnet, crotte et bien d'autres termes sont immortalisés sur sa toile dans un camaïeu de rose...

Quant au prisme des problématiques contemporaines que représenterait le football, Ransonnet s'y accorde en partie. «  On y retrouve les problèmes de violence, de racisme, d'homophobie... C'est comme dans notre société mais en pire. Jusqu'à présent, on n'a quand même pas des bagarres dans toutes les rues, des caméras partout, mais il est vrai que ces sportifs sont des bêtes à fric, ils sont le support de publicités. C'est la pub, la télévision, toutes ces choses-là qui sont derrière ».

Le football, reflet de notre société ? Sûrement en partie, mais apparemment pas toujours dans le bon sens...

          

Mary Ceriolo
Mai 2010

crayon

Mary Ceriolo est étudiante en 2e année de master information & communication, finalité spécialisée  en journalisme.

 


 

EXPO « ONE SHOT », du 6/03 au 11/07/10
BPS 22
22, Boulevard Solvay
6000 CHARLEROI
TEL : 071/27.29.71
http://bps22.hainaut.be


 

Patrick Everaert, Sans titre, 2010 -Tirage photographique unique collé sur Dibond, 115 x 147 cm - Courtesy: Meessen De Clercq, Bruxelles (BE) - Production B.P.S.22 / B.P.S.22 production
 
Jean-Pierre Ransonnet, Insultes, 1975.Ecriture sur papier (gouache), deux fois 100 x 70 cm. © DGACH Marie-France Desainte

 

 
 

 

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