Exposition « One shot » : Un tour du monde en ballon rond...
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Depuis son ouverture en mars dernier, l'exposition « One Shot » ne cesse de faire parler d'elle. Tenue au B.P.S 22, espace de création contemporaine de la province du Hainaut (Charleroi, Belgique), elle permet la rencontre de deux mondes antonymes. L'intrigante alliance des univers du football et de l'art contemporain suscite bon nombre d'interrogations tant chez les amateurs du sport populaire que chez les passionnés de haute culture... Étonnement légitime face à ces deux mondes que tout semble opposer. Pourtant, une quarantaine d'artistes du monde entier parmi lesquels sculpteurs, peintres, photographes, dessinateurs... relèvent le défi ! Représentés dans l'exposition, ils tentent, à leur manière, de transmettre l'univers du football au travers d'œuvres étonnantes...

Hurlements, insultes, chants de supporters... dès son entrée dans l'exposition, le visiteur se retrouve plongé dans l'ambiance d'un match. Effervescence, passion, fièvre du sport... il peut commencer sa visite, qui risque d'être unique en son genre.    

Bien que le football soit reconnu comme le sport le plus populaire au monde, il n'en reste pas moins vrai qu'on l'associe souvent à des stéréotypes péjoratifs : reflet de violences parfois féroces entre supporters, mais aussi souvent témoin de comportements à caractère raciste et haineux envers le camp adverse ou les joueurs... Vécu comme une véritable socialisation de la guerre, ce sport ne pourrait, dès lors, se retrouver associé aux arts, temple des  sens, des émotions et de l'intellect.


Point de vue que Pierre-Olivier Rollin, directeur du B.P.S 22, ne partage pas : « Le football est bien plus qu'un sport, il brasse des enjeux bien plus importants. Il représente une sorte de condensé métaphorique sur le monde. Ce projet est, surtout, l'occasion d'accroître la citoyenneté critique. Les visiteurs ne viennent pas seulement pour vivre un moment d'émotion ou d'esthétique intense, mais davantage pour acquérir et nourrir un questionnement critique sur le monde contemporain. Dans les années 1970, l'objectif était de former des « CRAC », des Citoyens Responsables Actifs et Critiques... Toute notre programmation a donc été conçue selon ce principe. » 

Le projet du B.P.S 22 approche, donc, le football d'une manière particulière. Parmi les nombreuses facettes abordées, on retrouve le politique, les enjeux financiers, la culture populaire, le sexisme ou encore la religion...  « Chaque pièce peut être comprise comme une métaphore d'une problématique mondiale : l'exploitation du tiers monde, les rituels collectifs, la guerre, les territoires, le genre... » ajoute P.-O. Rollin.

Un instrument politique

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Comme l'atteste Kendell Geers avec ses Dirty Balls (2002-2006), le football et le politique entretiennent depuis longtemps des rapports étroits. Pas de ressemblance frappante entre les deux activités, mais le politique et ses aspirants profitent, bien souvent, de l'impact du football sur les masses, pour servir leurs propres causes. De nombreux hommes politiques se retrouvent dans les tribunes de matchs importants non loin des périodes d'élection. Procédé efficace pour s'attirer la sympathie de l'opinion publique.

L'œuvre de Geers se compose, donc, d'un filet de goal suspendu au plafond du B.P.S 22, dans lequel se trouvent des ballons de football recouverts de masques caricaturaux d'hommes politiques très connus comme Silvio Berlusconi, Jacques Chirac ou encore Bernard Tapie...

 


Une machine économique

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Ludique ou pas, le sport du ballon rond n'échappe pas aux principes du monde capitaliste. Sponsors, matériel sportif confectionné par des ouvriers en échange d'un salaire misérable ou encore transferts et salaires exorbitants des joueurs professionnels, les idéaux de profit se nichent dans chaque recoin du sport populaire.

En associant des enseignes de grandes marques avec un slogan percutant « Fait par des esclaves pour des gens libres », PSJM tente de témoigner du détournement des valeurs du sport, à présent régies par des enjeux financiers.

 

 


Symbole machiste

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Dans un monde où les inégalités entre hommes et femmes sont encore trop présentes, le football ne déroge pas aux préjugés machistes. Depuis sa création, cet univers se développe, bien souvent, au travers de codes sexistes.

Pour Freddy Contreras, des paires de chaussures à talons aiguilles rouges agrémentées de crampons et disposées sur des crochets de vestiaire, permettent de témoigner des liens existant entre mode et football. En effet, certains joueurs sont régulièrement sollicités pour devenir les effigies de grandes marques. De plus, les codes du monde footballistique se retrouvent chamboulés par l'arrivée de ce symbole féminin par excellence.



 

Kendell Geers, Dirty Balls, 2002-2006 - Installation (masques en latex, ballons de foot, filet), dimensions variables - Courtesy: Galleria Continua, San Gimignano (IT) / Beijing (CN) / Le Moulin (FR)  © Lydie Nesvadba

PSJM, Proyecto Asia, 2008 (detail) Installation de quatre caissons lumineux, vinyle, 45 cm (diam.) chacun.  Courtesy: Espacio Liquido Gallery, Gijon (ES). © Leslie Artamonow

Freddy Contreras,Stud XI, 1996. Mixed media (installation de 11 paires de chaussures équipées de crampons), 250 x 500 x 45 cm.
© Leslie Artamonow
 
 

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