Le puzzle des talatats de Karnak

Le puzzle des talatats                                                                                    

Un outil d'aide à l'assemblage des pierres est intégré au corpus des talatats. Il s'agit d'un puzzle sur écran qui permet de les placer correctement  sur la grille en respectant la technique de construction alternant une assise en boutisse et une assise en carreau. Entre elles, les assises en boutisse sont toujours alignées à la verticale. Les pierres en carreau chevauchent trois boutisses et les assisses en carreau sont décalées entre elles verticalement de la longueur d'une demi-talatat. Autrement dit, avec le puzzle nous nous assurons qu'une talatat ne peut s'assembler latéralement qu'avec une autre portant son décor sur le même côté qu'elle-même et au dessus et au dessous avec une pierre décorée sur une face différente.

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Fig. 4 : utilisation du puzzle avec grille de proportion de l'ère atoniste

L'utilisation du puzzle est fort simple, mais considérablement plus efficace avec un grand écran, voire deux écrans configurés en mode « bureau étendu ». D'un côté de l'écran, on recherche les pierres manquantes avoisinantes par des requêtes adéquates (boutisse ou carreau + unicos les plus probables) et on visualise immédiatement les résultats ; et de l'autre on teste si la pierre qui semble correspondre s'appareille aux autres déjà en place. Les photos de talatats qui s'affichent dans le puzzle ont été détourées pour pouvoir être posées bord à bord entre elles. De nombreuses options sont disponibles, telles la  fonction « zoom »,  très utile pour valider ou rejeter une pierre qui parait à priori pertinente, ou encore la possibilité d'appliquer des calques nous guidant pour respecter les grilles de proportion de l'ère atoniste. Il manque encore la possibilité de rééquilibrer le contraste et les niveaux des différentes photographies pour redonner une unité à la scène, afin de générer l'image qui sera utilisée comme texture dans les modèles 3D.

Le système sauvegarde les amorces de scènes reconstituées, et stocke dans la base les positions de chaque pierre, établit le nombre de pierres manquantes, et calcule les hauteur et largeur du mur ainsi reconstitué. Il est ainsi possible de reprendre l'assemblage plusieurs jours après son ébauche. Le travail en cours peut même être poursuivi par un autre chercheur tenté par l'ajout d'une pierre vraisemblable. Chacun peut ajouter sa pierre à l'édifice, c'est le cas de le dire, et participer à la construction collective d'une interprétation.

Ces étapes (réalisations du corpus et de l'outil « puzzle ») sont décisives pour la poursuite des études de restitution des édifices thébains d'Akhénaton.                                                                                                           

Exploitation scientifique des talatats

En raison des trop maigres structures archéologiques retrouvées in situ, il est nécessaire d'analyser le programme décoratif des édifices construits avec les talatats qui comporte des scènes ornementales représentant des temples qui étaient en fonction à l'époque. La lecture des images figurant l'espace architectural nous permet de reconstituer les constructions dont l'aspect est difficile à imaginer comme, par exemple, la fenêtre d'apparition, représentée dans plusieurs scènes sur les talatats, car même si l'art pharaonique est plus conceptuel que visuel, les images bidimensionnelles visant à représenter une réalité en trois dimensions sont cependant porteuses de riches informations. À Amarna, la confrontation de la réalité archéologique et de l'iconographie relevée dans les tombes indique que l'on peut puiser de nombreuses informations dans le dessin architectural 

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Fig. 5 : Assemblage A0011, R. Vergnieux, Recherches sur les monuments thébains d'Amenhotep IV à l'aide d'outils informatiques. Méthodes et résultats, Genève, 1999, fasc. 2 pl. III

Ce tracé architectural de la fenêtre d'apparition représenté sur un mur du Teny-Menou de Karnak a été obtenu à partir d'un assemblage de talatats publié par Robert Vergnieux. Il nous livre des informations précieuses sur l'organisation du secteur des édifices représentés. Nous pouvons restituer une succession de salles d'ablution desservies pas un corridor donnant sur un podium-terrasse accessible par une volée d'escaliers. Vient ensuite une fenêtre d'apparition dont l'architecture est détaillée et qui est accessible par une porte de type à claustra. La fenêtre d'apparition est précédée d'une galerie couverte.  Mais cet assemblage nous informe également sur le mur même sur lequel était gravée cette scène : elle provient d'un mur extérieur situé sur la gauche de l'axe central comme en témoigne le boudin d'angle qui la borde sur la droite, ainsi que l'orientation du roi sur les reliefs. La scène totale mesure plus de 9,50 mètres de long ce qui limite les possibilités de placement. Ainsi, nous avons une idée plus précise du décor de l'édifice et de sa répartition sur ses murs.

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