Images de médecins dans le monde gréco-romain

Dans la Grèce antique, les médecins sont le plus souvent symbolisés par des instruments de chirurgie, ventouses et trousses médicales.  Plus rarement, des livres s'y ajoutent, bien qu'une partie des médecins estiment la pratique bien plus importante que la science puisée dans les livres.

Des temps héroïques à Hippocrate

« Un médecin vaut beaucoup d'autres hommes », dit Idoménée, un des héros de l'Iliade d'Homère, à propos de Machaon. Ce fils d'Asclépios et son frère Podalire représentaient alors deux aspects de la médecine des temps héroïques, puisque le premier aurait été plus spécialisé en chirurgie et le second dans l'administration de médicaments. Au fil du temps, une troisième branche viendra s'adjoindre aux deux premières : la diététique, qui vise à établir ou restaurer l'équilibre entre l'alimentation et les exercices. C'est elle qui occupera désormais le premier degré dans l'échelle des soins, avant la pharmacologie, qui, à son tour, cédera la place à la chirurgie en cas d'échec.

Avec sa science, sa prudence, sa douceur et sa sagesse, Hippocrate de Cos (vers 460-370 avant notre ère) incarne parfaitement ce type de médecine, qui agit par gradation. Ses successeurs se sont-ils reconnus dans ce modèle ? Quelle image avaient-ils d'eux-mêmes ? Quel était le symbole de leur profession ? Et comment étaient-ils perçus par leurs contemporains ?

Les ventouses

Dans les plus anciennes représentations de médecins, c'est la ventouse, instrument médical archaïque fondé sur le principe de révulsion, qui symbolise le médecin. En témoignent notamment le relief du médecin de Bâle (vers 500-480 avant notre ère, Bâle, Antikenmuseum, inv. B 5 23)1, ainsi que la scène fameuse de l'officine sur l'"aryballe Peytel" (vers 480-470 avant notre ère, Paris, Musée du Louvre, inv. CA 2183)2.

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À gauche : Relief du médecin de Bâle - Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig, Inv BS 236. Photo : Andreas F. Voegelin
À droite et ci-dessous : Aryballe Peytel (vers 480-470 avant notre ère, Paris, Musée du Louvre, inv. CA 2183)
 
vase

La trousse médicale

Qu'elles soient en bronze, en corne ou en verre, les ventouses continueront à symboliser la profession médicale tout au long des périodes hellénistique et romaine. D'autres symboles, plus sophistiqués, viendront toutefois s'y ajouter : la trousse médicale ou chirurgicale et le livre. Des deux formes, cylindrique et rectangulaire, que la première peut emprunter, c'est la seconde qui sera généralement représentée, sous l'aspect, non pas d'une boîte fermée par un couvercle à glissière et divisée en petits casiers pour recevoir médicaments et ustensiles, mais bien d'un étui plat, qui s'ouvre comme un livre, et qui permet de ranger commodément des instruments de chirurgie (scalpels, bistouris, cautères, aiguilles, trépans, sondes, spatules, etc.).       

trousse

ventouses

 

 

 

Sur une base d'offrande en marbre d'époque hellénistique provenant de l'Asclépieion d'Athènes (Athènes, Musée Archéologique National, inv. 1378)3, une telle trousse de chirurgie ouverte est entourée de deux ventouses.






 
 
1 A. Hillert, Antike Ärztedarstellungen, Frankfurt am Main, 1990, pp. 70-75 (Kat. n° 3) et pl. 9 (Marburger Schriften zur Medizingeschichte, 25)
 
2 Hillert, Antike Ärztedarstellungen, pp. 214-217 et pl. 34.
3 R. Jackson, Doctors and Diseases in the Roman Empire, London, British Museum Publications, 20002 (1e éd. 1988), p. 115; N. Kaltas [- A. Tsingarida trad.], dans A. Verbanck-Piérard, Au temps d'Hippocrate. Médecine et société en Grèce antique, catal. d'expos., Mariemont, 1998, pp. 213-214.

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