Lectures 2014 - Poches - Romans

CarlierChristophe Carlier, L’Assassin à la pomme verte

«Quand on a commis un crime et qu’on est comme moi quelqu’un qui n’en commet pas, on avance en terre inconnue, on va de surprises en découvertes», constate l’un des narrateurs de ce roman faussement policier. Le meurtre d’un Italien volubile dans un palace parisien n’est en effet que le prétexte à la prise de parole d’un Américain et d’une Italienne venus pour affaires ainsi que d’un réceptionniste de nuit qui s’observent l’un l’autre, regardent les événements pour tenter de les expliquer et les comprendre. Une construction subtile et écriture très soignée couronnées par le Prix du Premier roman. (Pocket)

 

GaillyChristian Gailly, Dernier amour

Un homme va mourir. Pendant les 48 heures qu’il lui reste, il assiste au fiasco de la représentation publique d’un morceau musical dont il est l’auteur. Puis, rentré dans sa maison en bord de mer, il ramasse la serviette de bain qu’il croit appartenir à sa femme mais qui est la propriété d’une nageuse. Qui vient le lui réclamer. Les phrases sont lapidaires, coupantes, troublantes. Le regard aigu. Et l’émotion est là, omniprésente, en embuscade derrière les mots. Paru en 2004, Dernier amour est l’un des meilleurs livres de l’auteur de L’Incident (devenu au cinéma Les Herbes folles sous la direction d’Alain Resnais), Un soir au club (également adapté au cinéma) ou Lily et Braine, son ultime roman, mort en octobre 2013. (Minuit Double)

 

 

PancraziJean-Noël Pancrazi, La Montagne

Depuis plus de trente ans, cet écrivain dont la famille est d’origine corse signe des livres à l’écriture extrêmement ciselée, faite de longues phrases riches en émotions et sensations puissantes. Dans celui-ci, l’auteur des Quartiers d’hiver (Prix Médicis en 1990) revient sur un drame qui a imprégné son enfance en Algérie, pays où il est né en 1949 et qu’il a quitté en 1962. Un jour de juin, le frère du chauffeur habituel de la minoterie locale où son père travaille comme aide-comptable, leur propose, à lui et à ses copains, d’aller faire un tour dans la montagne, là où, à cause des «événements», il est interdit de se rendre. Il préfère rester, malgré les railleries des autres. La nuit, les enfants sont ramenés la gorge tranchée. Pancrazi raconte comment il a ensuite vécu cette guerre qui ne voulait pas dire son nom. L’école de plus en plus dangereuse, les cours de plus en plus rares. Et il revient sur le «dernier matin» avant le départ, sur ses «retrouvailles» avec l’homme qui avait conduit ses petits camarades vers la mort. Avec ce récit traversé par un flot d’images surgies du passé, l’écrivain semble vouloir enfin faire le deuil d’une douleur que le temps n’a jamais pu recouvrir. (Folio)

 

PerecGeorges Perec, Le condottière

Ecrit à la fin des années 1950 mais publié en 2013, Le Condottière est le  troisième roman de son auteur né en 1936 après Les Errants (aujourd’hui perdu) et L’Attentat de Sarajevo, refusé par Maurice Nadeau et dont le tapuscrit est conservé à l’IMEC (Institut mémoires de l’édition contemporaine). Ne parvenant pas à faire éditeur le Condottière, Perec l’oublie et finit par le croire perdu. Ce n’est qu’au début des années 1990 que son biographie, David Bellos, en retrouve des exemplaires chez deux de ses proches. Ce roman s’ouvre par un meurtre: le narrateur, Gaspard Winckler, un peintre qui, depuis plusieurs mois, réalise une copie du Condottière peint par Antonello de Messine en 1475. Pourquoi vient-il de tuer son commanditaire? C’est ce qu’il va tenter d’expliquer au fil d’incessants aller-retour entre sa situation présente – il s’est enfermé dans la cave - et son passé. On trouve déjà ici la question de l’identité présente dans l’œuvre futur de l’auteur des Choses ainsi qu’une passionnante réflexion sur le faussaire et son compagnonnage avec les morts. (Points)

 

RufinJean-Christophe Rufin, Le Grand Cœur

Né vers 1400, Jacques Cœur joue un rôle-clé dans une période particulièrement troublée de l’histoire de France, la Guerre de Cent Ans. Déshérité par sa mère à la mort de son père Charles VI le «fou» au profit du monarque anglais Henri V, Charles VII se réfugie à Bourges puis, grâce à Jeanne d’Arc, reconquiert le nord du territoire. Il emmène avec lui un négociant berruyer revenu d’Orient dont il fait son grand argentier et qui, tout en s’enrichissant, va assurer la prospérité du royaume. Jacques Cœur a profondément modifié le regard porté sur l’Orient alors réduit à l’idée de croisade. A quelques exceptions près, le pape interdisait tout commerce avec cette région. Lui passe sa vie sur les routes à une époque où elles ne sont pas sûres. Dans son palais de Bourges, il installe un hammam et sa façade Renaissance est ornée de fruits, épices, etc., venus d’Orient. Cette idée d’échanges, qui remplace celle de conquêtes, annonce la Renaissance. Il est aussi l’ami de tous les grands de l’époque. Charles VII contribue d’ailleurs à la fin du schisme de la papauté. Monté très haut, il tombera très bas, sera jeté en prison, torturé, et pourchassé après son évasion. (Folio)

 

LunoirCaroline Lunoir, La faute de goût

Le cadre de ce premier et bref roman paru en 2011 est une demeure familiale où l’héroïne, petite-fille de ses actuels occupants, vient passer quelques jours de vacances au mois d’août. La nouvelle piscine est l’attraction du moment. Chacun y barbote à son aise, et même la femme du gardien, ce qui ne va pas sans scandaliser ces bonnes gens que la narratrice observe et écoute en laissant venir les confidences et remonter les souvenirs. Beaucoup de choses se disent au cours des repas subtilement mis en scène. Avec bonheur, l’auteure capte les humeurs des uns et des autres, par un petit rien, un geste, un regard, un mot. (Babel)

 

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