Eugène Green, Le Lac de cendres

GreenAméricain d’origine mais Français d’adoption, Eugène Green est un artiste aussi pluriel que singulier : cinéaste hors pair (son nouveau long métrage, La Sapience, devrait prochainement succéder à La Religieuse portugaise (2009), sa réalisation la plus récente), il est aussi essayiste et auteur de fiction. Publié en février 2014 aux éditions Arfuyen et sous-titré « Poème », son dernier texte est une méditation sur l’Europe composée de trois parties. Dans l’esprit de La Reconstruction (2008), le premier roman de Green, qui déplorait déjà la faillite du rationalisme européen le plus étroit, une première partie en vers pleure le dessèchement des langues européennes, progressivement réduites au stérile « lac de cendres » qui donne son titre au livre. Dans la deuxième partie, intitulée « Le chant des cygnes », l’auteur nous donne à entendre les voix des grands poètes qui – de Mallarmé à Rilke, en passant par Yeats, Pessoa et García Lorca – ont, en leur temps, honoré l’Europe dans leur langue respective. La troisième et dernière partie, également en vers, est une « Prière » enjoignant au vent de se lever et d’insuffler une vie nouvelle à ce « continent exsangue ». Une lecture estivale exigeante mais nécessaire, dont les pages finales sont donc éclairées par une lueur d’espoir : c’est en retrouvant la parole que cette Europe mourante pourra, peut-être, se muer en phénix et renaître de ses cendres.

 

Marie Herbillon

Eugène Green, Le Lac de cendres : Poème, collection Cahiers d'Arfuyen , numéro 212, 2014
 

<   Précédent   I   Suivant   >
Retour à la liste Poésie

Retour aux Lectures pour l'été 2014