Talents et industrie, les va-et-vient internationaux de l'animation belge

 

Patar & Aubier appelés en renfort sur une production française, un sculpteur belge qui inspire un court métrage luxembourgeois, des noms comme Patrice Leconte et Alexandre Astier qui viennent en Belgique… Notre plat pays a le vent en poupe au cinéma, pour des raisons aussi bien économiques que techniques. Si les médias s’emballent ces derniers temps, le phénomène n’est pourtant pas nouveau ! Retour sur quelques grands noms belges qui s’exportent plutôt bien.

HublotL’histoire est connue : Benjamin Renner, jeune réalisateur fraîchement diplômé, se voit confier la réalisation d’Ernest et Célestine alors qu’il n’a encore aucun long métrage à son actif. Le producteur, sur demande de Renner, contacte alors Patar & Aubier pour lui prêter main forte et offrir le chef-d’œuvre que l’on connaît, récompensé aux Magritte et César et en lice pour l’Oscar du meilleur film d’animation. Quelques mois plus tard, Stéphane Halleux, sculpteur namurois originaire de Hamois, découvre avec quel brio ses œuvres ont servi de personnages à Monsieur Hublot1, un court métrage luxembourgeois réalisé par Laurent Witz et Alexandre Espigares qui se retrouve également nominé aux Oscars, catégorie court métrage.

Il n’en faut pas plus pour se rendre compte de l’extraordinaire vivier de talents qui réside en Belgique. Que ce soit d’un point de vue artistique ou technique, la Belgique attire depuis plusieurs années les producteurs et réalisateurs de cinéma d’animation du monde entier. À titre indicatif, le cinéma d’animation représente en Wallonie 15% de la production audiovisuelle et génère 25% de chiffre d’affaires. C’est, en moyenne, 500 à 1000 emplois qui tirent profit de cette reconnaissance qui trouve son origine dans les années 60, et plus précisément au sein des studios Belvision.

 

Des techniciens reconnus

Astérix et Cléopatre, le chef-d'oeuvre de Miessen et lambertVivian Miessen est animateur, Claude Lambert est décorateur. Ensemble, ils collaborent sur l’ensemble des productions de Belvision comme responsables de leurs secteurs. Vivian Miessen a su se démarquer par une technique irréprochable, ses animations étant fluides et le soin apporté au dessin séduit Ray Goossens, pourtant réputé tyrannique. Claude Lambert va lui créer les plus beaux décors de l’époque dans Pinocchio dans l’espace, Astérix et Cléopâtre et Daisy Town. Si leur génie est discuté au sein du studio (Miessen se fera renvoyer un temps, tandis que Lambert partira avant la fin des productions Belvision), ce n’est pas le cas à l’étranger.

Vivian Miessen est le premier à regarder ailleurs en travaillant sur Tarzoon, la honte de la jungle de Picha, un film belge mais produit par un studio américain. Débauché par la France, Miessen collaborera également avec Dargaud et le studio Idéfix (fondé par René Goscinny pour empêcher Belvision de continuer les adaptations d’Astérix) pour Les douze travaux d’Astérix, La ballade des Dalton et Le coup du menhir. Tandis que Belvision vit ses dernières heures, Miessen continue de collaborer avec Picha sur de grosses productions, tente sa chance aux USA (un épisode des Animaniacs) et revient en France (Corto Maltese). Claude Lambert va connaître une carrière tout aussi prestigieuse : collaborateur de Picha à son tour, Lambert va surtout se retrouver sur la mythique série Il était une fois… et travaillera sur 52 épisodes au total (26 pour Il était une fois la vie et 26 pour Il était une fois l’Amérique). Leur dernière collaboration reste, à ce jour, Blanche-Neige, la suite, de Picha en 2007.



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