Bernard van Orley et la Renaissance à Bruxelles

Quelques indices tendent à démontrer un certain degré d’érudition de la part de Bernard van Orley, ce qui constitue un aspect de sa personnalité qui n’avait pas encore été mis en avant jusqu’à présent. Si rien ne permet de prouver sa connaissance active du latin, son emploi de la signature à l’imparfait à au moins quatre reprises procède d’un usage humaniste en provenance d’Italie. La calligraphie soignée de ses signatures et le nombre parfois important de celles-ci (en particulier sur le Polyptyque de Job et de Lazare qui porte blason, monogrammes et signatures) indiquent une volonté d’affirmation de son propre statut, qu’on retrouve rarement dans la peinture flamande du 15e et du début du 16e siècles.

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Bernard van Orley, Polyptyque de Job et de Lazare, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts, Inv. 1822.

Un autre argument en faveur de l’érudition de l’artiste découle de l’étude iconographique des œuvres. Bernard van Orley est sollicité durant les années 1510 et le début des années 1520 pour la réalisation d’œuvres à la thématique peu usitée. C’est ainsi que Sainte Hélène devant le pape à Rome (Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts) et Charlemagne déposant les reliques de la Passion à la cathédrale d’Aix-la-Chapelle (Turin, Museo Civico) constituent les seules illustrations peintes d’épisodes peu souvent évoqués dans la littérature. Le Polyptyque de Job et de Lazare (Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts) est à notre connaissance l’unique ensemble peint flamand à associer les histoires des deux personnages bibliques.

4Bernard van Orley, Sainte Hélène devant le pape à Rome, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts, Inv. 4999.

Dans le domaine de la tapisserie, le travail de création de Van Orley va dans le même sens. L’artiste, avec ses compositions complexes des Chasses de Maximilien et de la Bataille de Pavie, devait être considéré comme un inventeur digne de confiance par une clientèle érudite (des membres de la cour, des religieux), férue de thématiques peu communes. Il est possible que ces thèmes singuliers, le plus souvent profanes et donc moins codifiés que les sujets religieux, aient offert à Van Orley un terrain propice à la mise en œuvre de nouvelles formes, introduites depuis peu dans l’art des anciens Pays-Bas.


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