Des femmes, des contes et des frères
Les trois petits hommes de la forêt

TroisNainsCela va même jusqu'à l'extrême et l'irréversible : la belle-mère de Blanche-Neige la fait tuer par un chasseur avant de régler elle-même sa disparition en plusieurs essais (étouffement, empoisonnements) ; dans Les trois petits hommes de la forêt, la belle-mère envoie sa belle-fille vêtue d'une robe en papier chercher des fraises dans la forêt enneigée et gelée en plein hiver espérant qu'elle en mourra, cela ayant échoué la jeune mère est tuée par sa belle-mère et sa fille qui la jettent par la fenêtre dans le fleuve ; dans Frérot et sœurette, la marâtre et sa fille veulent tuer Sœurette en l'enfermant dans une salle de bain surchauffée ; la femme du père de Hansel et Gretel manigance l'abandon des enfants dans la forêt ; le roi dans La gardeuse d'oies près de la fontaine chasse sa fille cadette dans une forêt sauvage avec un sac de sel attaché sur son dos ; dans Le conte du genévrier la belle-mère tue le petit garçon en lui coupant la tête ave le couvercle d'un coffre qu'elle rabat violemment ;  dans Les douze frères, le roi veut tuer ses douze fils pour favoriser l'héritage de sa fille cadette ; dans Les six frères cygnes, la belle-mère se débarrasse des enfants de son mari en les transformant en cygnes ; la vieille cuisinière de la famille veut cuire Dénichet ; dans L'eau de Vie, le roi veut faire fusiller son fils cadet ; dans La noire et la blanche épousée, en passant sur un pont sa belle-mère et sa fille poussent la belle jeune fille immaculée par la fenêtre du carrosse pour qu'elle tombe dans la rivière ; chaque année une jeune fille vierge est sacrifiée au dragon dans Les deux frères.

Le conte du genévrier

genevrierEt l'anthropophagie est courante, la belle-mère de Blanche-Neige croit manger les poumons et le foie de Blanche-Neige ; la vieille Suzon veut faire cuire Dénichet ; la sorcière de Hansel et Gretel mange les enfants qu'elle attire avec sa maison en pain d'épices et gâteaux ; dans Fernand Loyal et Fernand Déloyal, le cheval blanc explique que les géants de la mer mangent les imprudents ; dans Le conte du genévrier, la belle-mère cuit le fils et le sert en plat à son père qui le mange entièrement ; les meurtriers dans le Fiancé voleur mangent des jeunes filles ; dans Les six frères cygnes la reine mère accuse la jeune reine d'avoir dévoré ses bébés ; n'ayant rien d'autre à manger, le géant dans Le corbeau veut dévorer l'homme qui arrive. Les enfants peuvent même avoir moins d'intérêt affectif qu'un ami fidèle : dans Le fidèle Jean, le roi sacrifie ses enfants pour rendre vie humaine à son fidèle serviteur.

Marâtre et père indifférent

Les enfants sont d'autant plus exposés que nombre d'hommes, par lâcheté, par faiblesse, par crainte, par amour, ou pour préserver leur propre tranquillité familiale, laissent leur épouse maltraiter leurs enfants, et par le fait d'accepter, deviennent complices de la violence sur leurs enfants : le père de Cendrillon laisse sa seconde femme et ses filles humilier et asservir sa propre fille ; le père de Hansel et Gretel participe activement à l'abandon de ses enfants, organisé par sa femme, en forêt et construit même un leurre paternel ; dans Le roi de la Montagne d'or, le père abandonne son fils au fleuve vu la promesse faite au petit homme noir pour redevenir riche ; dans Les six frères cygnes, le père des sept enfants orphelins a éloigné ses enfants dans un château isolé en forêt par peur de mauvais traitements venant de sa deuxième femme. Quand ce n'est pas par lâcheté pour leur propre salut qu'il sacrifie leur enfant ainsi dans La jeune fille sans mains.

Aucun parent ne se prive ou ne se sacrifie jamais pour leurs enfants, au contraire.

Les mère/belle-mère maltraitent ou rejettent les enfants de leur conjoint pour éviter de partager la nourriture, les biens, le mari ou pour installer confortablement leurs propres filles au détriment des enfants légitimes du mari, Hansel et Gretel sont abandonnés pour ne pas partager les dernières vivres, Frérot et soeurette sont maltraités et appauvris par leur belle-mère qui donne tout à sa fille ; Cendrillon est appauvrie et asservie en faveur de ses demi-sœurs ; dans Le conte du genévrier, le petit garçon de son mari est maltraité puis tué par sa belle-mère parce qu'il est de trop dans la famille ; dans Les trois petits hommes de la forêt la belle-mère maltraite puis tue sa belle-fille pour donner la place de reine à sa fille ; dans La noire et la blanche épousée leur belle-mère finit par éliminer ses beaux-enfants en tuant l'une qu'elle remplace par sa propre fille comme épouse du roi et en faisant jeter l'autre dans une fosse aux serpents.

Maison familiale, lieu de tous les dangers

tourLes murs de la maison, au lieu d'être protecteurs, cachent l'horreur ou sont menaces et prison :  menaçants pour Blanche-Neige qui doit s'en éloigner pour survivre ; prison pour Cendrillon qui y est humiliée ; menace pour le cadet dans La boule de cristal qui doit fuir pour être sauvé ; prison pour Deuxyeux, dans Unœil, Deuxyeux et Troisyeux, qui y est maltraitée ; prison pour la belle jeune fille immaculée de La noire et la blanche épousée ; lieu de souffrance pour la belle jeune fille travailleuse dans Dame Holle ; prison pour Méline et sa femme de chambre emmurées ensemble dans Demoiselle Méline la princesse ; prison pour Raiponce qui y est enfermée seule ; danger pour Dénichet ; danger pour le cadet dans L'eau de vie ; danger funeste pour Les douze frères ; funestes pour Les sept corbeaux ; funestes pour Les six frères cygnes ; menace dangereuse pour Hansel et Gretel ; lieu d'enfermement pour La Belle au Bois Dormant ; funestes pour le petit garçon du Conte du genévrier ; lieu de perdition pour la fiancée du Fiancé voleur ; lieu de désamour pour Le jeune géant ; espace funeste pour Le Petit Chaperon rouge ; funestes pour le petit garçon dans Les trois cheveux d'or du diable ; dangereux pour la belle jeune fille Des trois petits hommes de la forêt ; dangereux pour Peau-de-mille-bêtes qui doit les fuir pour éviter son père incestueux ; humiliants pour le cadet dans L'oie d'or ; lieu de souffrance violente pour La jeune fille aux mains coupées.

Dénichet, Blanche-Neige, Les douze frères, Frérot et sœurette, Peau-de-mille-bêtes et La jeune fille sans mains fuient ces murs hostiles pour survivre. Les hommes et le mariage sont un autre type de fuite : la jeune Deuxyeux répond au prince qui lui demande ce qu'elle veut en remerciement de la branche aux feuilles d'argent et aux fruits d'or qu'elle lui a coupée, de l'emmener avec lui pour échapper enfin aux maltraitances et privations subies dans sa maison. Raiponce introduit dans sa prison le prince qui humanise son espace grâce à l'amour. Dans Les trois petits hommes de la forêt, la belle jeune fille en train de rouir le fil dans le lac gelé accepte la proposition du roi de l'emmener avec lui pour ne plus se trouver en face de sa mère et de sa sœur qui la maltraitent. 


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