Les frères Grimm et leurs illustrateurs actuels

Albums

Il existe plusieurs types d’albums qui traitent des contes de Grimm. Il y a ceux qui simplifient les récits, ceux qui les adaptent et ceux qui reprennent le texte original.

L’intérêt de ces différents albums réside principalement dans l’illustration. Les illustrateurs des contes orientent la lecture. Certains illustrateurs choisissent de gommer les côtés dramatiques ou ténébreux, d’autres préfèrent les mettre en évidence, d’autres actualisent les récits puisque, à leurs yeux, ces histoires du passé sont encore des histoires d’aujourd’hui.

Par exemple, Hansel et Gretel par Anthony Browne plonge le lecteur dans un univers des années 50. Dans une ambiance de misère qui suit l’après-guerre, on découvre une mère égoïste uniquement soucieuse de sa beauté, une vielle femme sévère qui ne revoie en rien à l’imagerie folklorisante traditionnelle de la sorcière. Soulignons la présence de la télévision qui fait alors son apparition dans les foyers

Jorinde et Joringel, dessiné par Katrin Stangl, Passage Piétons, 2004

Synopsis :

Ce conte relate l’histoire de Jorinde qui, sous l’emprise d’une sorcière a été transformée en rossignol. Après des années de chagrin, Jorinde, son bien-aimé, parvient à déjouer le sortilège grâce à une fleur rouge aperçue en rêve. Il réussit à pénétrer dans le château maudit et rend à Joringel sa forme de jeune fille. Il en profite également pour délivrer les 7000 autres oiseaux ensorcelés.

Cette version de Jorinde et Joringel est proche de ce que l’on appelle le livre d’artiste. La narration est simplifiée pour laisser place à une stylisation du dessin.

bremenThe Musician of Bremen, Katrin Stangl, Corraini, 2009

De la même illustratrice, découvrons cette version des Musiciens de Brême en langue anglaise (existe également en italien).    

L’imagerie est apparentée à un monde plus naïf et l’utilisation de couleurs est relativement réduite. Katrin Stangl joue une fois de plus sur la stylisation de l’imagerie. The Musician of Bremen est paru chez Corraini qui est une maison d’édition italienne qui travaille en grande partie le livre d’artiste.

 

Les musiciens de Brême adaptés par des artistes indiens

Nous assistons depuis peu à un phénomène intéressant. Alors que pendant longtemps, les artistes européens ont adapté et illustré des contes venus des quatre coins du monde, nous assistons aujourd’hui à un retournement de situation, ce sont des artistes étrangers qui choisissent d’illustrer notre propre patrimoine oral.

the-old-animals-forest-bandThe Old Animals’ Forest Band

« C’est le cas de The Old Animals’Forest Band, qui vient d’être illustré par des artistes appartenant à des tribus indiennes et publié chez Tara Books. Les éditions Actes Sud, qui publient la version française, ont préféré un titre moins dynamique : Les Animaux musiciens. Ne boudons pas cependant notre plaisir pour une affaire de titre. La banalisation des titres traduits est hélas une caractéristique de l’édition française. »

Synopsis :

Dans la version allemande, des animaux âgés – un âne, un chien, un chat, un coq – sont chassés par leur maître, sous prétexte d’inutilité. Tous les quatre se proposent de gagner la ville de Brême et de former un orchestre. En cours de route, ils aperçoivent une maison où ils pourraient passer la nuit mais ce sont des voleurs qui l’occupent et font bombance. Les animaux imaginent un stratagème bruyant qui provoque la fuite des malfaiteurs. À la suite de quoi, les quatre amis s’installent là-bas. Après une vaine tentative de retour, les brigands renoncent à récupérer leur gîte.

« Sirish Rao a respecté le schéma narratif des frères Grimm, il introduit toutefois quelques variantes afin d’ « indianiser » le conte. Pouvait-il se passer d’une vache ? Non, bien sûr. Le chat s’efface donc devant une vache qui ne donne plus de lait. Il fallait aussi une fin qui fasse place aux regrets des villageois ingrats. Sirish Rao a imaginé que les paysans, ayant été réveillés par le furieux concert, se précipitent dans la forêt jusqu’à la hutte des malfrats où ils découvrent des sacs remplis d’or et de bijoux, ceux-là même qui leur avaient été volés. Comment remercier les animaux grâce auxquels ils avaient récupéré leurs biens ? Pris de remords, ils les invitent à retourner avec eux. Mais ceux-ci préfèrent créer leur propre fanfare : la fanfare des vieux animaux de la forêt.

Par delà l’adaptation du conte au contexte indien, l’album se fait remarquer par les illustrations de Durga Bai, une artiste qui appartient au groupe aborigène des Gonds, qui vivent principalement dans l’Inde centrale. Leur art est immédiatement identifiable, qu’ils représentent des arbres, des animaux ou des humains. »


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