Éclats de lune. Science

Les voyages de la  Lune. Phases et éclipses

Dominique Gering (ULB)

eclipseLe cycle lunaire, appelé lunaison, dure environ 29,5 jours. Il est évidemment à l’origine du mois. Il faut cependant remarquer que l’année, définie par le temps que met la Terre à tourner autour du Soleil, ne renferme pas un nombre entier de lunaisons. Il a donc fallu s’adapter et nos mois comptent maintenant 30 et 31 jours…Toutes les 223 lunaisons (environ 18 ans et 11 jours), période appelée le Saros, les éclipses de lune se reproduisent exactement dans les mêmes conditions. En Belgique, après l’éclipse par la pénombre du 18 octobre 2013, il nous faudra attendre le 28 septembre 2015 pour assister au magnifique spectacle d’une éclipse lunaire totale. Si la Lune, dans sa course autour de notre planète, vient à passer devant le disque solaire, nous pourrons assister à une éclipse de Soleil. Suivant que celui-ci est partiellement ou complètement masqué, on parlera d’éclipse partielle ou totale.

 Éclipse totale de soleil vue de Hao (Polynésie Française) © Denys- Wikimedia Commons
 

Exploration robotique de la Lune. Formation, structure et évolution

 compositionYaël Nazé, astrophysicienne (ULg)

Après les missions Apollo, la Lune garde encore bien des secrets, que nos robots tentent encore de percer…Toutes les missions américaines, russes, japonaises, européennes, utilisent une armada d’instruments pour étudier la Lune en détail. L’instrument de prédilection est bien sûr la caméra : de basse résolution au départ, ces caméras permettent aujourd’hui de cartographier la Lune avec une précision de l’ordre du mètre. D’autres techniques, images stéréo, altimètres, radars, lasers, mesures de radiation, de magnétisme, réflecteurs et sismomètres mesurent la Lune sous toutes ses coutures, car elle constitue un témoin-clé pour comprendre l’histoire du Système solaire. Ces études servent aussi d’autres objectifs comme l’utilisation de la Lune comme base de départ vers des destinations plus lointaines. Il y a l’eau, comme boisson pour les astronautes ou carburant pour les systèmes de propulsion ou d’énergie, mais aussi l’hélium utile pour les centrales a fusion nucléaire (le peu abondant 3He, moins de 10 kg par milliard de kg de régolithe !), et les métaux rares ou précieux dont on commence à manquer sur Terre…

Composition lunaire : bleu = riche en titane,
jaune / orange = pauvre en titane mais riche en fer et magnésium,
rouge = pauvre en titane, fer et magnésium.© NASA

 

apollo11Quelques pas sur la Lune

Pierre-Emmanuel Paulis (ESC)

21 juillet 1969, 3 h 56, heure belge. Neil Alden Armstrong, pose le pied sur la surface de la Lune. Le monde entier est rive devant son poste de radio ou de télévision en noir et blanc. Le moment est historique, inoubliable…À l’epoque, la guerre froide faisait rage entre les deux grands blocs qui

s’étaient partagé le monde après la seconde guerre mondiale. Les USA se sentaient ridiculisés par l’URSS qui effectuait ses premiers pas dans l’espace avec une aisance apparente déconcertante : le premier satellite artificiel (Spoutnik 1, le 4 octobre 1957), puis le premier être vivant (la chienne Laika, le 3 novembre 1957), le premier homme (Youri Gagarine, le 12 avril 1961)… Le programme Apollo débute en 1967. Après 2 années d’études et d’essais de plus en plus concluants, Apollo 11 se posera sur la Lune. Apres Armstrong et Aldrin, 10 autres Américains marcheront sur la Lune, de 1969 à décembre 1972, après quoi le Congrès américain décidera , pour des raisons budgétaires, d’abandonner la conquête lunaire. Le programme soviétique, de son côté,  est arrêté en 1974, après de nombreux essais infructueux.

Neil Armstrong, Apollo 11  © NASA 


jedwabExtraits lunaires d’un journal intime

Jacques Jedwab (ULB)

Pour le dixième anniversaire du premier pas de l’homme sur la Lune, le professeur Jedwab a livré, dans une carte blanche du journal Le soir, quelques extraits de son journal intime. En raison de ses travaux sur les météorites carbonées, il a été intégré par la NASA aux recherches portant sur les échantillons lunaires.

Édition du 21-22-23 juillet 1979
Reproduit avec l'aimable autorisation du journal Le soir

 

lyophiliseeLa Lune à la une. La Terre à l’aube d’une révolution

Théo Pirard (ESC)

L’entreprise Apollo a poussé à un formidable effort de recherche et développement. Des matériaux nouveaux, comme le teflon sur les structures, le papier normex et l’enveloppe mylar pour la protection thermique, le latex des couches culottes, le velcro des habits et chaussures, les verres anti-griffes, les semelles souples a coussins d’air… auraient pu voir le jour sans l’aventure spatiale. Mais, grâce a son coup de pouce qui a contribué à reduire les coûts, ils ont pu s’imposer rapidement pour notre confort quotidien. Il en est de même pour les produits Neutrogena qui ont été sélectionnés pour l’hygiène personnelle des astronautes dans l’espace. Leur nourriture lyophilisée – obtenue par évaporation sous vide – fait désormais couramment partie de l’alimentation des habitants de la Terre. Les acquis spectaculaires de l’astronautique qui fournissent de l’électricité aux systèmes spatiaux sont désormais incontournables alimenter en énergie et climatiser nos infrastructures et véhicules.  L’informatique a fait aussi un bond en avant pour s’imposer dans notre quotidien. Personne ne soupçonnait alors que les ordinateurs portables d’Apollo allaient enclencher un tsunami du virtuel sur l’ensemble de la planète.

Développement issu des missions Apollo : nourriture lyophilisee

 

Météorites lunaires. Des extraterrestres sur Terre

Étienne Lefebvre, collectionneur de météorites

La toute première pierre de l’espace identifiée comme météorite lunaire ou lunaïte fut recoltée en Antarctique le 18 janvier 1982 par une équipe de scientifiques américains participant au programme ANSMET – Antarctic Search for Meteorites. Ce programme a permis de découvrir plus de 10 000 météorites depuis sa création en 1976. Leur intérêt scientifique est plus important qu’il n’y paraît. Certes, nous possédons déjà 382 kg d’échantillons lunaires. Cependant, ces roches n’ont été récoltées qu’à 9 endroits différents (6 sites Apollo et 3 sites Luna),  qui ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la surface lunaire. En ce qui concerne les lunaïtes, on peut penser qu’elles proviennent statistiquement de toutes les régions de la Lune. Les météorites lunaires nous permettent donc de mieux connaître globalement la surface de la Lune et il est certain que, grâce aux technologies toujours plus performantes, ces petites pierres extraterrestres ne nous ont pas encore dévoilé tous leurs secrets.

Àcoraux propos de la Lune et des animaux…

Christian Michel

L’évolution animale s’est faite dans un environnement rythmé par les mouvements de la Lune, de la Terre et du Soleil. Il est donc logique de trouver une multitude d’influences de la Lune au sein de la biodiversité animale, notamment par l’importance des phases de son cycle sur la luminosité nocturne, par son rôle dans le phénomène des marées, mais aussi lors des éclipses.

Chez les coraux, la période de reproduction
est synchronisée avec la Lune.© NOAA


L’illusion de la grosse lune

André Lausberg (ULg)

grosseLuneL’interprétation du phénomène de perception de la Grosse Lune et de la voûte céleste surbaissée divise encore aujourd’hui les physiciens, les neurologues et les psychologues. Le programme d’interprétation utilisé par notre cerveau est basé sur la perception d’objets terrestres connus et ne semble pas bien adapté dans le cas des objets célestes… Les recherches en perception cognitive s’avèrent complexes. Sans doute faudra-t-il admettre longtemps encore que la vision de la Grosse Lune au ras de l’horizon demeure la plus grande illusion d’optique que nous offre la nature.