Il faut sauver Saint Nicolas
saint nicolas

... parce que c'est un mythe qui parle à l'inconscient

On ne raconte plus guère l'histoire des trois enfants découpés en morceaux par un boucher et mis au saloir, pour être mangés plus tard. C'est dommage. C'est pourtant un vieux mythe de l'humanité, une vieille histoire qui a été habillée par la religion, mais qui est bien plus ancienne. Elle parle d'enfants dépecés par des adultes malveillants et d'anthropophagie. Et saint Nicolas les sauve. C'est très rassurant.

De même, dans la tradition, quand le père Fouettard veut punir l'enfant qui n'a pas été tout le temps sage, saint Nicolas s'interpose, il le protège. C'est aussi très rassurant : l'enfant a besoin qu'on reconnaisse qu'il ne peut pas être sage tout le temps.  

Il faudrait raconter de nouveau cette histoire et  reprendre les chansons et comptines, qu'on considère aujourd'hui comme des vieilleries. Ces histoires apportent pourtant à l'enfant des connaissances, sur lui-même et sur la société, adaptées à son âge.  Elles sont d'une grande richesse humaine.

 

... parce que la société de consommation est violente

Aujourd'hui,  la violence est entrée dans la famille, les parents doivent acheter des objets que les enfants doivent avoir pour être normaux socialement. Les adolescents sont particulièrement sensibles à ces valeurs commerciales. Dès lors, les parents se mettent quelquefois dans des situations financières extrêmement difficiles pour répondre à des exigences purement commerciales de leurs enfants.

Autrefois, la maison était complètement fermée le soir. Aujourd'hui, ce n'est plus jamais le cas, à cause du téléphone, de la télévision et d'internet, l'espace parental s'est extrêmement réduit. L'autorité qui était portée par les parents est désormais le fait des médias et des valeurs commerciales, qui ont remplacé les valeurs relationnelles. C'est très difficile d'y résister. Les familles précarisées n'ont pas toujours la distance nécessaire. Les adultes se sentant eux-mêmes rejetés, marginalisés, ne souhaitent rien autant que d'intégrer leurs enfants. Pour cela, ils sont souvent prêts à des dépenses extrêmement déraisonnables. L'enfant n'est pas roi pour autant : sa réalité est niée, au contraire. Il est seulement consommateur de biens. Et les médias font croire aux parents qu'ils sont de bons parents parce qu'ils ont acheté les biens en question. 

 

Il faut donc sauver Saint Nicolas !

De tout cela, il faut sauver saint Nicolas : de la rationnalisation, du besoin de performance, des exigences de la consommation ! Dans l'intérêt des enfants.

 

Claudine Purnelle
Novembre 2009

 

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Jean-Marie Gauthier est pédopsychiatre. Il enseigne la psychologie de l'enfant et de l'adolescent, ainsi que la psychologie clinique à L'ULg. Il a publié en 2008 De la guerre des boutons à Harry Potter.

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